05/05/2021

Le 5 mai 1821


Vue de Longwood, offerte par Marchand à Napoléon Ier, le 1er janvier 1820 
par Louis-Joseph-Narcisse 

“De minuit à une heure, toujours le hoquet, mais plus fort. De une heure à trois heures, a bu plus souvent. Il a d’abord souleva sa main, a tourné ensuite la tête pour ne plus boire. A trois heures, hoquet assez fort ; gémissement qui paraissait sortir de loin.

De trois heures à quatre heures et demie, quelques hoquets, pliantes sourdes, après des gémissements, il baille ; a l’apparence de beaucoup souffrir ; a dit quelques mots qu’on n’a pu entendre, et “ qui recule” ; ou certainement “ à la tête de l’armée”.




Lit de Napoléon installé dans le salon, où il mourut.


De quatre heures et demie à cinq heures, grande faiblesse, plaintes. Le docteur le fait un peu élever sur son oreiller. L’Empereur n’ouvre plus les yeux. Il paraît plus faible que la veille. Ce n’est plus qu’un cadavre. Son gilet couvert de crachats rougeâtres qui n’ont pas la force d’aller plus loin. On ouvre les rideaux, les fenêtres du billard.

Toute la nuit, moins des hoquets que des gémissements plus ou moins profonds, quelques fois assez forts pour réveiller ceux qui sommeillent dans la chambre : le général Montholon, le Grand Maréchal, Vignali, Ali. 




Général de Montholon (1783-1853)


De cinq heures du matin à six heures, la respiration a été plus facile, ce qu’on a attribué à la position plus élevée du haut du corps. 






Le  docteur Antommarchi (1780-1838)


A six heures, le docteur (Antommarchi) avec son doigt a frappé le ventre de l’empereur qui a résonné comme un tambour ; il paraissait enflé et déjà sans vie. le docteur a averti que le dernier moment approchait. On a averti le Grand Maréchal et Madame Bertrand.




Général-comte Bertrand ( 1773-1844)

 



Fanny comtesse Bertrand, née Dillon (1785-1836)


De six heures à six heures un quart, hoquets, des gémissements pénibles. De six heures à six heures et demie, grande tranquillité, respiration facile. Dans cette demie-heure, la tête un peu tournée du côté gauche, les yeux ouverts fixés sur le gilet du comte Bertrand, mais du fait de la position, plutôt que par intérêt; l’Empereur ne paraît rien voir, un voile sur les yeux.

A six heures et demie, il a placé sa tête droit, fixant le pied du lit, les yeux ouverts, fixes et voilés. Jusque’à huit heures, un peu de sommeil tranquille, quelques fois des soupirs de quart d’heure en quart d’heure.

A huit heures quelques gémissements, ou plutôt quelques sons sourds, qui paraissaient se former  dans le bas-ventre et siffler en traversant le gosier. ils semblent appartenir plutôt à un instrument qu’être un gémissement. Une larme est sortie de l’œil gauche, du côté de l’oreille. Bertrand l’a essuyée. Arnott s’est étonné que l’Empereur retint la vie si longtemps.

Jusqu’à dix heures et demie onze heures, généralement calme ; respiration douce ; parfaite immobilité de tout le corps ; quelques mouvements seulement dans la prunelle ; mais rares ; les yeux fixes voilés se sont fermés jusqu’aux trois quarts. De demie-heure en demie- heure, quelques soupirs ou sons. Une deuxième larme à la même place ; la main droite sur la couverture du lit ; al main gauche sous la fesse. Depuis six heures du matin, très calme, immobile.

Seize personnes présentes, dont douze Français, Madame Bertrand avec deux femmes, Ali, Noverraz, Napoléon Bertrand, à sept heures ; à sept heures et demie, il s’est trouvé mal.

De onze heures à midi, Arnott a placé deux sinapismes aux pieds, et Antommarchi deux vésicatoires, un sur la poitrine, le second au mollet. L’Empereur a poussé quelques soupirs. Plusieurs fois le docteur est allé chercher le pouls au col. 





Dr Archibald Arnott (1772-1855)


A deux heures et demie, le docteur Arnott a fait placer une bouteille remplie d’eau bouillante sur  l’estomac.




Jean-Abram Noverraz (1790-1849)


A cinq heures quarante neuf minutes, l’Empereur a rendu son dernier soupir. Les trois dernières minutes, il a rendu trois soupirs…

Au moment de la crise, léger mouvement dans les prunelles ; mouvement régulier de la bouche et du menton au front ; même régularité que dans une pendule. La nuit, l'Empereur avait prononcé le nom de son fils avant celui de : à la tête de l'armée. La veille, il avait demandé deux fois : "Comment s'appelle mon fils." Marchand avait répondu : "Napoléon." »

 






Louis, comte Marchand (1791-1876) 

Premier Valet de Chambre de l'Empereur


Tiré des “Cahiers de Sainte-Hélène” par le général-comte Bertrand, Grand Maréchal du Palais. 




Autour du lit mortuaire 


Au moment de la mort de Napoléon, parmi les seize personnes présentes, étaient le Maréchal du Palais et la comtesse Bertrand, leurs enfants Napoléon, Hortense, Henri et Arthur Bertrand, âgés respectivement  de 12, 11, 10 et 4 ans, le général-marquis de Montholon, les docteurs Antommarchi et Arnott, Louis-Joseph Marchand, Premier valet de Chambre de l’Empereur, comte de l’Empire, Jean-Abram Noverraz, valet, courrier et confident de l’Empereur, Louis-Etienne Saint-Denis le “Mamelouk Ali”, les abbés Vignoli et Buonavita. Certains d’entre eux étaient à Sainte-Hélène depuis le 15 octobre 1815.

La comtesse Bertrand arrêta la pendule. L’Empereur n’était plus mais Napoléon entrait dans la légende. 



Le transfert du cercueil de la Belle-Poule au transporteur La Normandie 

le 6 décembre 1840

 



L'arrivée aux Invalides le 15 décembre 1840 

devant une foule de plus d’un million de personne


Ciel glacé ! soleil pur ! Oh ! brille dans l’histoire !

Du funèbre triomphe, impérial flambeau !

Que le peuple à jamais te garde en sa mémoire

Jour beau comme la gloire,

Froid comme le tombeau

Victor Hugo

30/04/2021

Les Wendel, un dynastie d'acier et d'argent - Troisième partie, des deux côtés de la frontière.

A sa mort, Charles II de Wendel laisse une veuve, Jeanne-Marthe de Guitaut et trois enfants, Paul François Henri I de Wendel, né le 24 mars 1844, Adrien Charles Joseph Robert, né le 9 mai 1847, et Marie Louise Caroline, née le 19 octobre 1851.La veuve de Charles II se remarie avec le comte O’Donell. Elle mourra en 1908.Robert épouse le 8 juillet 1869 Marie Antoinette, Elisabeth, Carmen, Consuelo Manuel, fille du comte de  Gramedo.  

Robert de Wendel en 1870

Henri I de Wendel épouse le 4 juillet 1872 Berthe de Corbeau de Vaulserre, d’une ancienne famille noble du Dauphiné. 

Henri de Wendel par Carolus Duran



Berthe de Vaulserre et ses trois enfants François, Maurice et Humbert

Marie Louise Caroline épouse le 30 janvier 1872, Pierre Austin marquis de Montaigu qui fera une belle carrière politique.

Caroline de Wendel



               Pierre de Montaigu

Les deux garçons, bien que jeunes, ont déjà travaillé avec leur père. Henri I est ingénieur des mines. 

Il ya aussi la branche issue de Théodore de Gargan, soit quatre enfants, une fille  Marie-Joséphine de Gargan, mariée au baron Jean-François de l’Espée, et trois garçons François-Marie, Charles-Joseph et Marie-Paul de Gargan. 

Théodore l’aîné, né le 11 avril 1827, élève de Polytechnique et des Mines. A la mort de son père, en 1853, il partage la gérance des forges d’Hayange  avec son oncle Charles II de Wendel. A la mort de ce dernier, seul à la tête de l’empire industriel, il provoque la constitution de la société des héritiers de François de Wendel, dont la veuve Joséphine de Dicourt, est encore en vie, sous la raison sociale de “MM. les Petits-Fils de François de Wendel et  Cie”.

Baron François Marie Théodore de Gargan (1827-1889) 

Son frère Charles-Joseph de Gargan, né le 20 mars 1831, a fait des études de droit et ne s’intéresse pas aux affaires métallurgiques de la famille. Il s’occupa de ses terres. Devenu luxembourgeois en 1877, il échappa ainsi au choix imposé aux Wendel par le vainqueur en 1871, soit allemand, soit français. Il a toutefois fondé “Les Chemins de fer secondaires, luxembourgeois.

Et il y a les Curel. Victor François de Wendel (1807-1850), frère de Charles II, qui vient de mourir, a eu cinq enfants de son mariage, dont Marie Joséphine Charlotte de Wendel (1832-1915). Cette dernière a épousé en 1853 Albert vicomte de Curel (1827-1908) officier de cavalarie. Le couple a eu un fils François (1854-1928). Il fut ingénieur des Arts et Manufactures, romancier et dramaturge, enfin membre de l'Académie Française. 

François de Curel 

Leur second enfant fut Albert Marie de Curel (1857-1936), officier de cavalerie. La troisième fut Marie Octavie (1859-1912) épouse du comte Edouard de Moustier, avocat à la cour d'appel de Paris, membre du Conseil Général de la Seine et Marne. Et le dernier fut Paul de Curel (1860-1932). La descendance Curel est toujours bien présente avec plus de cent membres.

Il y a enfin, la descendance d’Anne Caroline de Wendel, une autre soeur de Charles II, qui a épousé le baron Jean Baptiste de Coëtlosquet. Morte en 1837, elle avait laissé un garçon, Joseph Charles Maurice de Coëtlosquet (1836-1904). Il n’y a pas de descendance.

Joséphine de Wendel, à l’âge de 86 ans, est l’instigatrice de ce montage entre ses petits-enfants. 

Acte de décès de Joséphine de Wendel-Dicourt

Les petits-fils et les petites-filles de François de Wendel sont donc : Henri I et Robert de Wendel, leur soeur la marquise de Montaigu, Théodore, Charles et Paul de Gargan et leur soeur la baronne de l’Espée, et enfin le vicomte Maurice de Coëtlosquet. Soit neuf personnes en tout. 

L’actif représente près de 30 millions de francs en 1870.

La première règle régissant “Les Petits-fils de François de Wendel” est que les biens hérités restent en indivision entre les neuf. La deuxième est que l’on ne peut détenir des parts de la société que si l’on descend d’un des neuf. Ces parts ne sont pas transmissibles entre époux. Cette règle est encore d’actualité. 

La branche des Coëtlosquet s’éteint, sans descendance en 1911. Il y a donc trois branches : Wendel, Gargan et Curel.

Aujourd’hui encore dans les réunions de leurs descendants pour prendre des décisions relatives à la gestion de l’entreprise familiale, chacun arbore un ruban d’une couleur différente, fort utile quand on est près de mille et que l’on ne se voit pas tous les jours. Rouge pour la branche d’origine Wendel, jaune pour la branche d’origine Gargan et bleu pour les Curel. 

Joséphine avait écrit à ses descendants pour “exprimer un encore une fois de plus, à tous, la confiance qu’elle ressent que ni de son vivant, ni après sa mort la paix de la famille ne sera pas troublée…et que l’idée d’avoir assuré la bonne harmonie entre ses petits-enfants sera la consolation de ses dernières années.” Encore aujourd’hui, cette paix est rarement troublée.

1871 ayant vu la constitution de l’Empire allemand et l’occupation de l’Alsace et d’une partie de la Lorraine est l’année du déchirement pour les Wendel.

Le Traité de Francfort, signé le 10 mai 1871, met fin à la guerre franco-prussienne et place les Forges de Wendel en territoire allemand. Pire encore, pour pouvoir conserver leurs usines, les Wendel doivent opter pour la nouvelle nationalité allemande. Profitant de la situation, un groupe de banques allemandes font une proposition d’achat de leur empire industriel. Mais Henri I et Robert de Wendel, Théodore de Gargan refusent : “ Pouvons-nous d’ailleurs nous résoudre à voir passer en des mains étrangères toutes ces propriétés qui depuis si longtemps appartiennent à notre famille ?” Devenir allemands, rester français, garder le patrimoine, tels sont les termes de la problématique. 


Carte des usines Wendel en Lorraine annexée

Hayange, Moyeuvres, Stiring-Wendel sont en territoire allemand. Henri I de Wendel pour pouvoir continuer à gérer les biens de la famille opte pour la nationalité allemande. Il est le  seul. Son geste n’a rien à voir avec une idée de collaboration avec ceux qu’ils considèrent comme l’ennemi. Leur céder l’entreprise aurait été un acte de trahison bien plus grand. Théodore de Gargan et Robert de Wendel, restés français, peuvent venir à Hayange, mais pas trop souvent et pas trop longtemps. Le nouveau gouvernement impérial sait leur rappeler que leur présence, en tant que français, n’est que tolérée. 

L’aciérie avec le château d’Hayange au premier plan

S’ils veulent résider en Lorraine annexée, ils doivent devenir allemands. Le prince de Hohenlohe, ambassadeur d’Allemagne à Paris est clair : “On refuse l’autorisation de séjourner en Alsace-Lorraine à tous ceux qui, ayant opté pour la nationalité française, n’ont pas atteint l’âge auxquels ils sont exempts du service militaire…” Henri I de Wendel sera de 1881 à 1890 député au Reichstag, siégeant en qualité de protestataire. Il tente de se battre pour permettre à la Lorraine de redevenir française. C’était une cause largement perdue d’avance. 

Bulletin de vote en faveur d’Henri de Wendel

Mais les affaires étant ce qu’elles sont, les Wendel  savent faire avec la nouvelle situation. Non seulement ils s’agrandissent par de nouveaux achats de forges et de mines, mais ils se modernisent. Ils achètent des brevets à prix d’or et en sont largement récompensés.

Rien ne les empêche de s’agrandir du côté français. Il leur suffit de créer une nouvelle société, le 13 février 1880, “Wendel et Cie”. 

Joeuf, à deux pas d’Hayange, mais en France, est leur nouvelle forge. Une nouvelle ville voit le jour. Les ouvriers sont présents au nouveau rendez-vous, Lorrains annexés qui traversent facilement la frontière, mais aussi de nouveaux venus italiens. Le choix de Joeuf est un heureux hasard, car tout près à Briey existe un gisement de fer, plus accessible et plus riche en minerai qu’à Hayange. Nul le savait. A cette nouvelle aventure s’associent les ennemis et concurrents d’hier, les Schneider, du Creusot, mais aussi les vieux complices comme les Banques Seillière et Demachy.


L’usine de Jœuf en France

Le développement des affaires est tel que “Les Petits-Fils de François de Wendel” devient la quatrième entreprise sidérurgique d’Allemagne. Il siègeront au Comité des Forges allemand en 1904. Mais Robert de Wendel, resté français, siègera dès 1898 au Comité des Forges français, grâce à Joeuf, ses mines et ses entreprises annexes. Extension en Allemagne extension en France, extension en Hollande, c’est l’âge d’or. 20000 ouvriers travaillent de part et d’autre de la frontière pour produire en 1900 671 000 tonnes de fonte et 476 000 tonnes d’acier. En 1914, ces productions auront doublé. 

François I de Wendel, le grand-père, avait été économe, Charles II de Wendel et Théodore de Gargan avaient su conserver une certaine discrétion dans leur façon de vivre. Il n’en fut pas de même pour Henri I et Robert de Wendel. Aux alliances prestigieuses, La Rochefoucauld, Maillé, Radziwill - on n’est plus dans la noblesse lorraine mais dans les grands noms de France et de l’étranger - il faut ajouter des vies de châtelains.
C’est la grande période d’achat et de construction de demeures extravagantes, hôtels particuliers et châteaux. Charles II avait commencé avec l’hôtel de la rue de Clichy, mais qui restait dans ce que l’on attendait d’un industriel très riche. 

Château d’Hayange au XIXe

Le château d’Hayange, de la charmante demeure du XVIIIe, siècle était devenu une énorme bâtisse, bien trop marquée par le style de la fin du XIXe et adossée à l’usine.

Château vu de l’aciérie, avec les bureaux à gauche de la photo

Hayange en Lorraine annexée

Henri I ajoute au patrimoine en 1897, le château de Vaugien, dans la région  parisienne,  à St Rémy-les-Chevreuses, élégante demeure du XVIIIe, qui échappe à toute transformation et  n’est pas sans rappeler le Petit Trianon. 

Château de Vaugien en vallée de Chevreuse

Robert de Wendel, époux de Consuelo, suit les idées de grandeur de sa femme avec le château de l’Orfrasière, en Touraine, avec 1200 hectares de terre. D’une ravissante demeure, ils font un énorme pastiche dans le genre château de la Loire, à coût de 6 millions de francs. Ils ajoutent à leur résidence un bel hôtel particulier à Paris.


Château de l’Orfraisière

Et ajoutons Guy de Wendel (1878-1955) fils aîné de Robert,  qui achète et fait agrandir le château de Tournebride, près d’Hayange. 

Château de Tournebride

Ledit Hayange, étant en territoire allemand, l’oncle Henri se doit d’avoir quelque chose en territoire français et fait construire le château de la Brouchetière, toujours proche du château familial. 


Château de la Brouchetière

Les Gargan ne sont pas en reste avec le château de Bétange, à Florange, et le château de Preisch, à la frontière du Luxembourg.

Château de Bétange

Château de Preisch

Caroline de Montaigu suit l’exemple de ses frères. Elle achète le château de la Bretesche, en Loire-Atlantique, 

Château de la Bretesche

et un hôtel particulier de 3000 m2, l’ancien hôtel de Vogüe, 18 rue de Martignac, une des plus exclusives de Paris, construit en 1882,

Hôtel de Vogüe - Montaigu

et une villa à La Baule. Ces résidences existent toujours, avec des destinations différentes, hôtel, golf et administration publique.

La Villa Caroline à La Baule

En 1910, Maurice de Wendel achètera l’hôtel de Sourdeval-Demachy, d’une superficie de 2750 m2, au 28 avenue de New-York.

Hôtel de Sourdeval-Demachy

Le grand salon fut décoré par José-Maria Sert en 1922. Il est actuellement exposé au Musée Carnavalet.

Décoration de José-Maria Sert 

Malgré trois siècles d’ancienneté de noblesse reconnue, malgré de belles alliances aristocratiques, les Wendel au début du XXème siècle affichent des goûts de parvenus dans leurs choix architecturaux..

Le grand bouleversement approche. Le 28 juin 1914, un archiduc est assassiné à Sarajevo, le 2 août 1914, l’Europe est en feu. Elle sera bientôt à sang. Mais les guerres n’ont-elle pas fait jusque là la fortune des Wendel ?

L'attentat de Sarajevo




01/04/2021

Les Wendel une dynastie d’acier et d’argent - Deuxième partie vers le pactole


François de Wendel d'Hayange (1778-1825)

1802, après la mort de Madame d’Hayange s’amorce une renaissance spectaculaire. Ce fut au troisième fils d’Ignace et de Marguerite, François I Charles de Wendel, que revint cette tâche, une fois de plus aidé par les guerres européennes, jusqu’en 1815.

L’amnistie proclamée en 1802 par le Premier Consul permit aux Emigrés de rentrer en France. On ne sait pas grand chose des deux aînés, Charles-Antoine né à Metz le 23 mars 1774 et décédé à Strasbourg le 8 novembre 1832, et Antoine Louis, né à Metz le 3 janvier 1776, mort en 1828. Charles-Antoine fut capitaine dans le Régiment de Rohan, dans l’armée des Emigrés et Antoine-Louis fut lieutenant dans le même régiment. Ils moururent sans postérité.

François I est né le 19 février 1778 à Charleville. Comme son père, il entame très tôt, à douze ans, une carrière militaire. Mais ce sera dans la marine, comme élève-officier. Il navigue jusqu’en 1792, sur la corvette “La Badine”. 

Corvette “La Badine”

Mais à quinze ans, en 1793, il décide d’émigrer et s’engage, comme ses frères aînés, dans l’Armée des Princes, dans le régiment de Rohan. Contrairement à son père qui ne prit jamais les armes contre la France, en 1795, il s’engage dans l’armée autrichienne. 1796, 1798, 1801 sont des années de campagnes où il fut blessé à deux reprises. La paix revenue, il décide de profiter de l’amnistie et se rend en Lorraine où il ne peut que contempler le désastre. Les forges et le château d’Hayange, qui ne sont plus à lui, menacent ruine. Il n’a pas d’argent et cherche conseil auprès du notaire de sa famille. Celui-ci lui apprend que l’acquéreur des biens Wendel, un certain Granthill, n’a pas pu payer les 16 millions demandés par la République française. Failli, il est dépossédé et la République remet les biens en vente. C’est la bonne nouvelle qu’apprend le notaire à l’impécunieux François. Il lui demande de s’en porter acquéreur et pour l’aider à financer demande le concours de Florentin Seillière ( 1744-1825), banquier à Nancy depuis 1795. 

Florentin, baron Seillière

Les Wendel et leur sérieux en affaires ne lui sont pas inconnus. En 1789, il avait pris à bail la forge royale de Ruelle, qui était dirigée par Ignace de Wendel. Nous retrouverons les Seillière dans l’histoire des Wendel.

Le jour de l’adjudication, le 27 juin 1803, un certain Charles Aubertin emporte l’ensemble pour 222 000 livres. En réalité les acquéreurs sont François I et Charles de Wendel, et leurs cousins Alexandre de Baltazar et Pierre Jacob de la Cottière. François I assurera la direction de l’affaire.

Il obtient un étalement du paiement en cinq échéances. Ne pouvant assurer la première il écrit au consul Bonaparte, en lui rappelant le nom de son père, “un ancien officier d’artillerie qui a sans doute eu l’avantage d’être connu de vous.” Il s’adresse également à Monge (1746-1818) le mathématicien, farouche républicain mais proche du consul Bonaparte qui cette année-là le nomme vice-président du Sénat. Monge, à l’époque ministre de la Marine, n’avait-il pas félicité son père, Ignace, dix ans plus tôt, pour sa promptitude à exécuter les commandes ! Il obtient donc les délais demandés et dès lors remboursera le prix de vente avec ponctualité, jusqu’à l’extinction de la dette en 1808.



Hayange début XIXe - Le château et l’usine

François I de Wendel se lance alors dans une politique d’investissement successifs, grâce aux bénéfices réalisés. Comme son père il sait que le charbon de terre est l’avenir de la sidérurgie, mais il doit faire avec le charbon de bois. Il achète donc des forêts à Ranguevaux, un moulin près d’Hayange et son droit d’eau. En 1807, il fit construire une platinerie, toujours près d’Hayange. En 1811, ce sont les forges de Moyeuvre. “Hayange et Moyeuvre sont susceptibles du plus grand, du plus immense développement et tout annonce qu’on réussira”. Le banquier Seillière le suit toujours dans ses investissements. Il achète une nouvelle forges cette fois-ci près de Trèves, en Rhénanie, à 80 kms d’Hayange. 

En 1807, il est nommé maire d’Hayange puis en 1808, conseiller général de la Moselle. Sans jouir de la faveur impériale, il n’entretient pas moins d’excellentes relations avec l’Administration et, comme ce fut le cas pour ses ancêtres, les guerres impériales l’enrichissent. 



Joséphine de Fischer de Dicourt

Entre-temps, le 6 février 1804, à Metz, il a épousé Joséphine de Fischer de Dicourt (1784-1872). Son père, Pierre Alexandre (1755-1826), seigneur de Dicourt et Boncourt, a été président du bureau des finances de Metz (1780) et commandant en second de la Garde Nationale de Metz (1790), chef de bataillon d'infanterie au 12éme de Ligne, puis lieutenant-colonel et un des premiers membres de la Légion d’Honneur en 1804. Sa mère Anne de La Chèze est l’arrière-petite-fille de Jean Martin de Wendel. Ils sont donc cousins.

Château de Boncourt appartenant aux Fischer de Dicourt

Leur train de vie sera modeste durant les premières années car tous leurs revenus passent dans les investissements.

Ancien émigré, François I de Wendel, travaillant avec et pour l’Empire français, est resté dans son coeur fidèle aux Bourbons. Le 15 avril 1814, il obtient du général Hugo (1773-1828), père de Victor, la reddition de Thionville devant les armées alliées. Pour l’en remercier, le 25 septembre 1814, le duc de Berry se rend en personne à Hayange. Et en janvier 1815, il est fait chevalier de Saint-Louis. Les aspirations légitimistes de François I de Wendel sont satisfaites et ce ne sont pas les Cent-Jours qui viennent le contrarier. 

Le duc de Berry ( 1778-1820)

Intervient alors un épisode assez surprenant, François I de Wendel, rentré en France en 1803 et propriétaire depuis cette date de ses forges, marié en France, y occupant des fonctions officielles, est déclaré être resté sous les drapeaux autrichiens jusqu’en 1809. Pour quelle raison, cette tricherie ? Probablement pour montrer son attachement indéfectible à la cause des Bourbons, n’ayant jamais pris les armes contre eux, même si ces boulets canardaient leurs alliés . Il sera fait maréchal de camp de la garde nationale. 

Ses deux frères feront aussi état de services auprès des princes et jamais auprès de Bonaparte.

Toujours fidèle au roi, il sera élu député de la Moselle dans la “Chambre Introuvable” mais il ne sera jamais du côté des Ultras, suivant ainsi Louis XVIII. Favorable au protectionisme,  avec des droits de douane élevés, servant ainsi ses intérêts industriels, il demande toutefois à la Chambre d’appliquer des droits minorés en faveur des départements lorrains, où il a ses entreprises. En fait, il a besoin de la houille étrangère mais ne veut pas en payer le prix augmenté de droits de douane élevés. 

En 1818, la Sarre est détachée de la France, or c’est là que se trouve la houille, dont les mines ont été relevées par un ingénieur français, Théodore de Gargan, qui sera bientôt lui aussi de la famille. 

François I de Wendel va chez ses concurrents au Pays de Galles pour apprendre à moderniser ses usines. Il va au  charbon, au propre comme au figuré.

Encore des investissements, usine de Moulin Neuf, usine de Jamailles, maîtrise de la combustion au coke, introduit le puddlage.  Il est difficile d’entrer ici dans la définition et la présentation des techniques de la métallurgie. Ce procédé qui consiste  à chauffer la fonte à très haute température permet la fabrication en grande quantité de fer, aux caractéristiques supérieures à celles de la fonte.

Toute l’énergie de François I de Wendel tend à l’amélioration des techniques, à l’abaissement des coûts en augmentant la production. Il n’invente rien. Il apprend et applique. 

Nouvel honneur le 24 novembre 1818, le duc d’Angoulême, héritier du trône en second, vient à Hayange “ Monseigneur a voulu voir le travail des forges dans ses détails et a porté principalement son intérêt sur tout ce qui a rapport au service de l’artillerie” ( Le Moniteur)

Le duc d’Angoulême (1775-1844)

Secrétaire de la Chambre des Députés depuis 1819, membre du Conseil général des Manufactures de France, la pairie est en vue. C’est du moins ce que lui laisse entendre le président du Conseil, Elie Decazes, le favori du roi. L’assassinat du duc de Berry met fin aux espoirs de François de Wendel. Accusé de laxisme, Decazes est contraint à démissionner. Le duc de Richelieu son successeur n’a pas les mêmes intentions envers François de Wendel. A défaut de pairie, il sera officier de la Légion d’Honneur. Piètre compensation ! Cependant, il reste fidèle au roi et à son gouvernement, toujours dans une optique conservatrice modérée. “Vous connaissez, Messieurs, l’état prospère dont nous jouissons; c’est à le perpétuer que tendront nos élus…Vive le Roi.!” ( discours prononcé lors des élections de 1822)

En sa qualité de président du Conseil général de la Moselle, il crée une école normale d’instituteurs et obtient la création de l’Ecole des Mines à  Nancy.

En 1821, ses frères contestent la cession de leurs parts à bas prix. Une crise économique se profile. Il n’y a plus de guerres, origines de la fortune. Mais  dans une déclaration optimiste et réaliste,  alors qu’il est de nature pessimiste, François I de Wendel dit : “Pendant plusieurs années encore, le débit des fontes est certain : il se forme d’immenses entreprises, des canaux, des pompes à feu, des chemins de fer, l’éclairage au gaz, des constructions en fer, des conduites d’eau…” Il annonce les progrès imminents de l’économie au XIXe siècle. 

Le 11 mars 1825, François I de Wendel meurt à Metz. 


Acte de décès de François de Wendel

Il a 47 ans. Il n’a pas obtenu la pairie qu’il désirait mais son bilan est immense. 2000 ouvriers produisent 9000 tonnes de fonte, une entreprise avec 7 250 000 francs de capitaux permanents, un bénéfice annuel de 11,3%. 

La forêt de Forbach  (Cadastre Napoléonien)

En 1825, il a acheté les forêts de Forbach, un investissement de 360 000 Francs pour 1250 hectares. Cette forêt appartenait à la descendance du duc Christian IV des Deux-Pont-Birkenfeld (1722-1775), et de son épouse morganatique, Marianne Camasse (1734-1807), oncle et tante de Maximilien Ier Joseph, premier roi de Bavière. François I de Wendel ne le saura jamais mais cette forêt représente un immense gisement de houille. Sa mort ne met pas fin à l’expansion de la famille de Wendel. 

Il y eut une Madame d’Hayange au XVIIIe siècle, il y aura une autre Madame d’Hayange au XIXe siècle. Joséphine, l’épouse qui a tout partagé avec lui, reprend le flambeau. Elle a 41 ans. Elle est veuve, a quatre enfants et une entreprise en plein développement.

Marguerite Joséphine , l’aînée née le 20 décembre 1804, a 21 ans. Puis vient Victor François, né le 24 février 1807. Alexis Charles, le troisième, est né le 13 décembre 1809. Et enfin, Anne Caroline est née le 6 avril 1812. 

Wendel par mariage et Wendel par le sang, elle est une femme de tête. Sa première décision est de constituer une indivision entre elle et ses enfants, afin d’éviter le risque de dispersion du patrimoine, permis par les nouvelles lois. Trois des enfants sont mineurs, une est majeure, Marguerite Joséphine. Il convient de la marier au plus vite selon les besoins de l’entreprise. Un homme est là, Théodore de Gargan. 


Théodore de Gargan (1791-1853)

Le 22 mai 1826, un peu plus d’un an après la mort de François I de Wendel, Marguerite Joséphine devient baronne Théodore de Sagan du Chastel. Théodore de Gargan, ingénieur des mines, avait découvert le trésor de la houille en Sarre. Non seulement il est digne d’entrer dans la famille mais d’en prendre la co-direction. Veuf en premières noces d’Eugénie-Marie de Beauffort, dont il a trois enfants morts en bas âge, il a 13 ans de plus que Joséphine. Il est d’une très ancienne noblesse de l’Artois, dont une branche s’est installée en Lorraine par le mariage de Théodore François de Gargan avec Suzanne Hue de Saint-Rémy, qui lui apporte les seigneuries d’Inglange, d’Hastoff et de la Petite Hettange. L’époux de Joséphine de Wendel est leur petit-fils, l’aîné de sa branche. Il possède le château d’Inglange. C’est un bon mariage. Il ancre les Wendel une fois de plus dans la noblesse lorraine et il apporte une grande compétence aux affaires de famille. Il confirmera que les bois de Forbach ont en sous-sol une mine de charbon immense, qui apportera aux Wendel d’énormes ressources. 

La primogéniture aurait voulu que ce soit Victor qui devienne le chef des forges mais cela l’intéresse peu. Son mariage avec Pauline de Rozières, en 1831, fera de lui un riche propriétaire foncier mais sa postérité se retrouvera dans l’empire familial. 

Anne Caroline devient en 1835 baronne Jean Baptiste du Coetlosquet. Sa postérité s’éteindra sans descendance. 

Charles II de Wendel

Charles II de Wendel est le dernier à se marier. Il épouse le 29 mai 1843 Jeanne-Marie de Peychpeyrou de Comminges, fille du comte de Guitaut. Il a 34 ans. 

A 19 ans, il avait été reçu à Polytechnique. Puis il partit pour l’Angleterre ou pendant quatre ans il se forma aux nouvelles techniques de ce pays très en avance dans le domaine de la métallurgie. Son retour à Hayange en 1834 lui permet de prendre la direction des forges avec son beau-frère. 

Le XIXe siècle est le siècle des inventions et les Wendel vont savoir en profiter. Des milliers de voies de chemins de fer sont à construire, en même temps que des locomotives et des wagons, des ponts, des bâtiments d’exposition. De son vivant Charles de  Wendel voit la production de charbon passer de six millions de tonnes par an à quatorze millions en 1860. La production d’acier grâce à plusieurs inventions successives devient primordiale. Les Wendel se doivent d’être à la tête du progrès. Tout ceci est facilité par la fameuse forêt de Forbach et son sous-sol. En 1846, avec Théodore de Gargan, il y fonde le village de Stiring-Wendel, du nom d’un petit hameau de la forêt. 

Eglise St François à Stiring-Wendel

A Stiring il fera bâtir quatre hauts-fourneaux produisant chacun 3300 tonnes de fonte. Trois mille cinq cents personnes y vivent dans des logements construits par les forges. Chaque famille travaillant pour les Wendel y dispose d’une maison à étage avec un jardin. Ecoles et dispensaires sont construits et leur accès est gratuit. Sans parler de l’église au centre de la petite ville ! 

Il lui faut assurer ses arrières en se portant acquéreur de houillères près de Liège. 


Stiring-Wendel ville modèle du paternalisme social

Avec la mise en place de l’empire industriel, se met aussi en place le modèle social des Wendel. Il sera qualifié de paternaliste mais bénéficiera à des générations qui ont travaillé et vécu aux alentours des forges, à Stiring, Hayange et autres lieux. Le principe est simple : logement, instruction, soins gratuits, le tout doté d’une retraite accordée à ceux qui ont passé leur vie à travailler dans les usines Wendel. Charles II de Wendel est un patron à l’écoute de ses employés. Il est accessible à tous. Dans un rapport quasi-féodal, il assure travail et protection, les employés lui assurent fidélité et engagement. Ce modèle social devra attendre la fin du XIXe siècle, voire le milieu du XXe pour devenir le modèle de référence qui sera promulgué par les lois de la République. 

Charles II de Wendel, comme son père, n’oublie pas la politique. Il sera élu conseiller général de la Moselle en 1848, puis député à l’Assemblée nationale en 1849. Il sera membre du corps législatif jusqu’en 1866. Il sera fait chevalier de la légion d’Honneur. 

En 1857, l’empereur Napoléon II lui fait l’honneur de s’arrêter à Stiring et lui confère le statut administratif de commune. Mais Charles II n’est pas bonapartiste, il est resté légitimiste, allant présenter ses devoirs au comte de Chambord en exil. L’empereur le sait et ils n’auront entre eux que des rapports de courtoisie et de bonne entente sur les affaires. Au Corps législatif, il intervient peu et s’il le fait, c’est dans un esprit critique. Il fera quatre législature entre le 13 mai 1849 et le 19 février 1867, sous le groupe “Droite” d’abord puis “Majorité dynastique”.

Un empire comme celui des Wendel, une société en pleine mutation économique ne peuvent pas être sans à-coups, voire sans crise. Le libéralisme des échanges avec le Royaume-Uni constitue un danger pour l’industrie métallurgique française. Mais les Forges de Wendel sont solides et peuvent résister à bien des attaques et notamment à la concurrence des nouveaux venus, les Schneider, au Creusot.

Le Creusot, créé par Ignace de Wendel, son grand-père, est désormais le fief économique du concurrent. En 1836, au moment où Charles II prend en mains les affaires familiales, Joseph Eugène Schneider (1805-1875) se voit mis en selle par la banque Seillière, celle même quai avait aidé François I de Wendel en 1803.  La banque  a acheté les forges de Bazeilles dans les Ardennes, elle y nomme Eugène Schneider comme gérant. Le 27 décembre 1836, après avoir trouvé le montage financier, François-Alexandre Seillière, Louis Boigues, propriétaire de forges à Fourchambault dans la Nièvre et les frères Adolphe et Eugène Schneider, se portent acquéreurs de tous les établissements du Creusot. 

Joseph Eugène Schneider (1805-1875)

Adolphe et Eugène Schneider deviennent les cogérants de la nouvelle société : “Schneider frères et Cie" société en commandite par actions, passée sous le nom de “Schneider et Cie” au décès d'Adolphe en 1845. Ils développent une entreprise spécialisée dans trois secteurs : la sidérurgie avec les fonderies et forges ; les constructions mécaniques : rails de chemins de fer, locomotives à vapeur, ponts et charpentes, armement, ainsi que la construction navale ;  les mines de charbon. Autrement dit, ils empiètent sur le territoire et les possibilités de développement de Charles II de Wendel. Et à la différence  de ce dernier, ils sont proches du pouvoir impérial et grâce à des participations bancaires comme la Société Générale, la Compagnie de Chemins de Fer Paris-Lyon Méditerranée, ont une activité beaucoup large, dépassant la métallurgie.

En 1867, Charles II quitte le Corps législatif lorsqu’Eugène Schneider en devient président, et ce jusqu’en 1870, à la chute de l’Empire mais Charles de Wendel ne verra pas la fin du régime. Il meurt le 15 avril 1870 en son hôtel de la rue de Clichy à Paris, au numéro 10, symbole de sa puissance. Le bâtiment fut édifié entre 1864 et 1867. Charles II de Wendel en profita peu.

Hôtel de Wendel, 10 rue de Clichy

L’architecte en est Sidoine Maurice Storez (1804-1881)  qui avait concouru pour le projet d'aménagement des Halles centrales de Paris en 1853, l’Opéra de Paris en 1860. Cet hôtel de 36 pièces sur 4 200 m2 est d’inspiration Louis XVI mais caractérisé par une certaine austérité, de ce bon ton propre à une famille bourgeoise, certes anoblie, et richissime. 

Hôtel de Wendel - escalier d'honneur

Le monogramme W orne le fronton du porche de la façade côté rue. La façade est percée de 7 fenêtres, l’élévation comprend rez-de-chaussée, entresol et trois étages. Habité par la famille de Mitry jusqu’en 1982, vendu en 1985 par la famille à une compagnie d’assurance, en 2011, l’hôtel de Wendel est transformé en école élémentaire de onze classes.

Hôtel de Wendel - un salon

La mère  de Charles II de Wendel, Joséphine de Fischer de Dicourt, la deuxième Madame d’Hayange, qui avait cessé de garder un oeil sur l’entreprise, qu’elle avait su transmettre à sa famille, lui survivra de deux ans. Elle est morte le 13 mars 1872 à Metz, à l’âge de 88 ans. Elle va mettre en place le cadre dans lequel la famille évoluera, et ce jusqu’à nos jours.

Les Forges de Wendel ont, sous la direction de Charles II, prit une autre dimension. En 1828 elles produisent 4200 tonnes de fer, 5000 en 1837, 18900 tonnes en 1850 et 112500 en 1869, à la veille de sa mort. D’autres chiffres parlent aussi. De 1500 ouvriers on est passé à 10000, en comptant les mines. 

1870, mort de Charles de II Wendel, fin de l’Empire français et occupation du pays par les armées prussiennes. L’empire Wendel consolidé ne pourra pas toutefois ne pas être affecté par la partition de la Lorraine, annexée avec l’Alsace par le nouvel empire allemand.

Buste de Charles de Wendel, 

par Anatole Marquet de Vasselot (1873), devant la mairie de Stiring-Wendel.