18/03/2020

Les mariages Bourbons-Habsbourg du milieu à la fin du XIXe siècle

I° - Henri d’Artois, prince de Bourbon, Petit-fils de France / Marie-Thérèse de Habsbourg-Lorraine, archiduchesse d’Autriche, princesse d’Este-Modène

Henri d’Artois, fils du duc de Berry et de la princesse Marie-Caroline de Bourbon-Siciles.

La duchesse de Berry présente le duc de Bordeaux 
par Charles Nicolas Lafond
Henri Charles Ferdinand Marie Dieudonné d’Artois, “l’Enfant du Miracle”, est né au Palais des Tuileries le 29 septembre 1820. 
“Acte de Naissance de Très haut et Puissant prince Henry Charles Ferdinand Marie Dieudonné D’Artois, Duc de Bordeaux, Petit fils de France, né ce jourdhui à deux heures trente cinq minutes du matin, au palais des Tuileries, à Paris ; fils de très haut et très puissant prince feu Charles Ferdinand D’Artois, Duc de Berry, fils de France, décédé à Paris le quatorze février dernier, et de très haute et très puissante princesse Caroline Ferdinande Louise Princesse des Deux Siciles, Duchesse de Berry, sa veuve, demeurant audit palais des Tuileries, Pavillon de Marsan....
En présence de très haut, très puissant et très excellent prince, Louis par la grâce de Dieu, roi de France et de Navarre ; de très haute et très puissante Princesse Marie Thérèse Charlotte de France, Madame, Duchesse D’Angoulême ; de Très haut et très puissant Prince Louis Antoine D’Artois, Duc d’Angoulême, fils de France ; de Très haut et puissant prince Louis Philippe d’Orléans, Duc d’Orléans, premier prince du Sang ; de très haute et puissante Princesse Son Altesse Royale Marie Amélie, Princesse des deux Siciles, Duchesse d’Orléans, première princesse du Sang ; de très haute et puissante Princesse Louise Marie Adélaïde de Bourbon, Duchesse d’Orléans, première princesse du Sang, douairière ; de très haut et puissant prince Louis Henry Joseph de Bourbon, duc de Bourbon, Prince du Sang ; de très haute et puissante princesse Louise Marie Thérèse Bathilde d’Orléans, Duchesse de Bourbon, Princesse du Sang ; et de très haute et puissante princesse Eugene Adélaïde Louise d’Orléans, Mademoiselle d’Orléans, Princesse du Sang....
En présence pareillement des témoins désignés par le Roi à l’effet du présent acte, savoir...
Sur la déclaration de très haut et très puissant prince Charles Philippe de France, Comte d’Artois, Monsieur, frère du roi, aïeul paternel du Prince nouveau-né, curateur au ventre nommé par ordonnance de S.M., du 22 juin dernier.
La duchesse de Berry et son fils 
par Gérard
Fils de Charles Ferdinand d’Artois, lui-même le second fils de Charles X, et de Marie Caroline de Bourbon des Deux-Siciles, il vit le jour sept mois et demi après la mort de son père. Il porte non pas le nom de Bourbon mais celui d’Artois, comme son père, mais sera tout d’abord connu comme le duc de Bordeaux puis comme comte de Chambord. Ses grands-parents paternels sont le roi Charles X et Marie-Thérèse de Savoie, princesse royale de Sardaigne, et ses grands-parents maternels, François Ier roi des Deux-Siciles et l’archiduchesse Clémentine d’Autriche. Sa sœur est la princesse Louise d’Artois, née le 21 septembre 1819 et qui épousera Charles III de Bourbon, duc de Parme, de Plaisance et de Guastalla. 
Du côté de son grand-père paternel Charles X, il n’aura pas de cousins germains, du côté de sa grand-mère paternelle Marie-Thérèse de Savoie, non plus. 
Par le premier mariage de son grand-père maternel, François Ier de Bourbon des Deux-Siciles avec l’archiduchesse Clémentine, il eut, comme cousin germain l’Infant François d’Assise, roi consort d’Espagne époux d’Isabelle II, fils de Louise des Deux-Siciles et de l’Infant François de Paule.
Par le second mariage de François Ier de Bourbon des Deux-Siciles avec l’Infante Marie-Isabelle de Bourbon d’Espagne, le roi François II des Deux-Siciles, la princesse Marie-Pia des Deux-Siciles qui épousa le neveu de Chambord, le duc Robert Ier de Parme, la reine Isabelle II d’Espagne et sa sœur l’Infante Louise, duchesse de Montpensier, filles de la princesse Marie- Christine princesse des Deux-Siciles et de Ferdinand VII, sont ses cousins germains. 
Du côté de sa grand-mère maternelle, l’archiduchesse Clémentine d’Autriche, membre d’une fratrie de quinze, il eut un grand nombre de cousins issus de germains, dans les Maisons d’Autriche, de Toscane, de Teschen et autres maisons souveraines ou princières. L’empereur d’Autriche, Ferdinand Ier, était le cousin germain de sa mère, comme l’archiduc François-Charles, époux de Sophie de Bavière, parents de François-Joseph. L’impératrice des Français, Marie-Louise, était également la cousine germaine de la duchesse de Berry, et par elle le comte de Chambord était cousin au deuxième degré du Roi de Rome.
La liste de ses cousins est plus longue.

Le duc d’Angoulême en 1827
Il y a bien sûr dans son entourage familial immédiat, le duc et la duchesse d’Angoulême. Louis Antoine d’Artois (1775-1844), Dauphin de France, est son oncle. Marie-Thérèse Charlotte de Bourbon, princesse royale de France, est la fille de Louis XVI et Marie-Antoinette. Elle épouse son cousin germain le 10 juin 1799. Leur union fut stérile. Elle est donc la cousine au second degré du jeune Henri d’Artois. 

La duchesse d’Angoulême en 1827

La duchesse d’Orléans, Marie-Amélie, princesse royale des Deux-Siciles, est sa grand-tante par son côté Bourbon-Sicile mais aussi sa cousine par son côté Habsbourg. La grand-mère d’Henri, l’archiduchesse Clémentine, est à la fois la nièce et la belle-sœur de la duchesse d’Orléans.
Louis-Philippe, duc d’Orléans, n’est en revanche qu’un lointain cousin du comte de Chambord, leur premier ancêtre commun étant Louis XIV par Françoise-Marie de Bourbon, Mademoiselle de Blois, épouse du Régent. Leur parenté agnatique remonte à Louis XIII.
Les princes d’Orléans, fils de Louis-Philippe et de Marie-Amélie, dont il sera parlé plus loin, sont les cousins germains de sa mère, la duchesse de Berry. Le comte de Paris et lui sont donc cousins issus de germains.
Le comte de Chambord vers 1840 
par Adeodata Malatesta.
On retrouve dans sa parenté tous ceux dont il a été parlé ci-dessus.
Le comte d’Artois, son père, avait eu deux enfants reconnus de sa liaison avec Eugénie-Virginie Oreille, dont Ferdinand, né également posthume, qui eut une descendance. Il fut également marié à Amy Brown (1783-1876) avec laquelle il eut deux enfants : Charlotte de Bourbon (1808-1886), comtesse d’Issoudun, mariée au prince de Faucigny-Lusinge, et Louise de Bourbon (1809-1891), comtesse de Vierzon, mariée au baron Charles de Charette de La Contrie. Elles eurent une descendance. Le mariage avec Amy Brown fut dissous pour défaut de consentement du comte de Provence alors chef de famille, ce qui permit son mariage avec Marie-Caroline de Bourbon. Le comte de Chambord eut donc des neveux et nièces légitimes par sa sœur Louise et ses demi-sœurs Charlotte et Louise, et des neveux et nièces illégitimes par les autres.

Il ne nous semble pas utile de nous étendre sur les positions et les choix politiques faits par le comte de Chambord.

Chef de la Maison de Bourbon, il fit lui aussi un mariage autrichien.
L'archiduchesse Marie-Thérèse d'Autriche-Este 
par Adeodato Malatesta 
Le 16 novembre 1846, il épousait Marie-Thérèse de Habsbourg-Lorraine, archiduchesse d’Autriche, princesse de Modène, fille de François IV de Habsbourg-Lorraine, duc de Modène, décédé le 21 janvier 1846, et de Marie-Béatrice de Savoie, sa nièce. Marie-Thérèse fut-elle choisie par la duchesse d’Angoulême sur ses qualités propres ou parce que son père avait été le seul souverain à ne pas avoir reconnu Louis-Philippe ?  

François IV de Modène 
par Adeodato Malatesta
La question peut se poser. Existait-il beaucoup de princesses à marier au rang digne du comte de Chambord à l’époque ? Seule une étude minutieuse du Gotha pourrait le dire. Selon certains auteurs, il avait été question qu’il épouse sa tante, soeur de sa mère. L’union avec un membre mineur de la Maison d’Autriche, fille d’un petit prince souverain, n’était pas vraiment glorieuse, ni politiquement utile. Sa sœur cadette, Marie-Béatrice, épousera toutefois en 1847 don Juan de Bourbon, comte de Montizon, qui à l’époque n’était pas encore prétendant carliste au trône d’Espagne. Le comte de Chambord l’aurait préférée à l’aînée, mais celle-ci avait déjà secrètement accepté Montizon.
Madame de La Ferronays dans ses mémoires donne la description suivante de la comtesse de Chambord : “ La future comtesse de Chambord était d’une taille élevée et avait grand air ; mais en naissant, un accident lui avait déformé tout un côté du visage, comme si elle avait eu, ce qu’elle n’eut jamais, une attaque...”

Un autre témoin, le marquis de Belleval, est encore plus critique : “ L’archiduchesse Marie-Thérèse... il faut bien le dire, était franchement laide et disgracieuse. De taille élevée (5 pieds 2 pouces) la princesse était maigre et anguleuse, elle avait le teint basané, les cheveux noirs et un peu crépus,et , ce qui était choquant au suprême degré, un côté de la figure un peu plus petit que l’autre. La voix était rauque et désagréable...”

Madame de La Ferronays et Belleval étaient de l’intimité du couple royal. Ces deux portraits sont relatés par Pierre de Luz dans son ouvrage Henri V, Librairie Plon Editeur Paris 1931 page 125 et suivante. Le comte Fernand de La Ferronays était un des favoris du comte de Chambord, entré à son service en 1850 et mort, pratiquement sur son épaule, lors d’une promenade en voiture à Froshdorf en 1867. Son épouse était du service d’honneur de la comtesse de Chambord. Le marquis de Belleval faisait partie de l’équipe qui assurait entre Froshdorf ou Venise et Paris le courrier du comte de Chambord avec son bureau parisien. Dans ses mémoires, Belleval décrit en détail le service effectué pour le comte de Chambord.

Château de Frohsdohrf
Le recul permet de dire que le choix de la duchesse d’Angoulême était le pire qu’elle pouvait faire. Un peu plus âgée que son mari la nouvelle comtesse de Chambord était laide, difforme et sourde. Ses qualités ? La modestie et une âme charitable. C’était bien peu pour une éventuelle future reine de France. Le mariage lui-même fit scandale car le nouveau duc de Modène, frère de la fiancée, ne prit pas la peine de demander l’autorisation à son chef de famille, l’empereur Ferdinand, en réalité à Metternich. Il l’avertit une fois toutes les dispositions arrangées à quelques jours de la cérémonie, à la fureur du chancelier. Le mariage ne fut pas célébré à Frohsdorf, trop près de Vienne et la famille impériale n’y assista pas. Le comte de Chambord, hôte de l’empereur d’Autriche, s’inclina. Le mariage fut célébré par procuration à Modène, puis en personne à Bruck an der Mur. Il est évident que l’influence de Louis-Philippe était derrière cette opposition formelle de la Cour de Vienne. Metternich fut furieux d’être mis devant le fait accompli, lui qui avait amorcé une politique de réconciliation avec la Monarchie de Juillet, ne voulait sembler tenir un double langage.
Savait-on que la comtesse de Chambord était stérile au moment du mariage? Connaissait-on ses limites intellectuelles ? Le comte de Chambord écrivit : “La princesse qui vient de s’associer à mon destin réunit toutes les qualités qui peuvent assurer mon bonheur et contribuer à faire un jour celui de la France.”  Ce sont là paroles de gentilhomme.
Leur vie de couple fut un exemple de convention affectueuse dans le respect des codes de leur époque. Ils n’eurent pas d’enfants, probablement à leur désespoir intime. Madame de La Ferronays rapporte que la comtesse de Chambord répéta plusieurs fois cette phrase devant elle : “ Plus on est royaliste, plus on doit souhaiter ma mort, puisque je n’ai pas d’enfants.” Le comte de Chambord ne lui en fit jamais le reproche et n’évoqua jamais le fait. Il savait parfois se moquer gentiment de sa surdité et de son accent.
La comtesse de Chambord, en digne fille de son père, saura le moment venu faire preuve de son manque d’intelligence politique, ou d’intelligence tout court. Peut-être voulut-elle faire payer, consciemment ou inconsciemment, aux princes d’Orléans leur nombreuse progéniture, symbole même de la continuité dynastique ?
Les deux derniers rois de France de jure eurent tous deux des épouses vertueuses mais stériles, aux vues limitées. 
A l’époque du mariage, il restait moins de deux ans à la Monarchie de Juillet.

Le comte de Chambord
Le comte de Chambord allait-il saisir l’opportunité qui se présentait enfin ? 
L’explosion des révolutions en 1848 est une chance pour le prétendant au trône de France. Commencée le 24 février, elle aboutit le 25 février à la création d’un gouvernement provisoire, Louis-Philippe ayant fui sans gloire, puis à la proclamation de la deuxième république.
Pupille de la duchesse d’Angoulême, petit-fils de Charles X, fils de la duchesse de Berry, pour le comte de Chambord, il n’est point de salut en dehors la conception traditionnelle de la monarchie de droit divin. Les trois couleurs, symbole de la révolution et de la France nouvelle, lui posent un vrai problème. Il n’est toutefois pas pour le retour à l’ancien régime, aux privilèges de la naissance, et encore moins à l’intolérance religieuse. Il se situe dans la ligne de Louis XVIII qui avait octroyé la Charte, reconnaissance limitée des droits du Parlement, mais reconnaissance tout de même, ou de Louis XVI avec l’Edit de Tolérance. Il ne va pas jusqu’à considérer que le pouvoir puisse émaner du peuple ou de la nation.

Les derniers jours du comte de Chambord en 1883
Incapable de faire face et de prendre les décisions qui conviennent, marié à une femme qu’il n’aime pas et qui ne peut donner d’héritier au potentiel trône de France, enfermé dans une religiosité qui confine à la bigoterie, Il ressort de sa vie un sentiment échec permanent. Et même après sa mort, ses paroles ambigües laissent planer un doute sur la succession au trône de France. Son cousin Orléans ou Montizon, Espagnol, son beau-frère ?
La comtesse de Chambord tranche pour lui. Ce sera le beau-frère Montizon, écarté du trône d’Espagne par la Pragmatique sanction de son oncle, qui est devenu par droit d’aînesse chef de la Maison de Bourbon et à ses yeux chef de la Maison de France, foulant au pied la renonciation de son ancêtre Philippe V au trône de France pour devenir roi d’Espagne. Si elle est approuvée par quelques-uns, la décision de la comtesse de Chambord soulève un tollé parmi les royalistes français.
La comtesse de Chambord en 1885
De cette décision date la querelle dynastique qui depuis plus d’un siècle empoisonne l’idée d’un retour à la monarchie.
L’union du comte et de la comtesse de Chambord aurait pu être une union politique entre un prince français et une archiduchesse d’Autriche, fût-elle Este-Modène. mais cela ne fut pas. L’opposition du gouvernement autrichien, la médiocrité des sujets l’a reléguée au rang des unions secondaires. Le seul effet politique de cette union fut de semer la zizanie parmi les monarchistes français. 
Le comte de Chambord est mort le 24 août 1883, la comtesse de Chambord le 25 mai 1886.
Drapeau tricolore du compromis imaginé 
par le comte de Chambord dans sa jeunesse

II° - Jean de Bourbon, comte de Montizon / Marie Béatrice de Habsbourg-Lorraine, archiduchesse d’Autriche, princesse d’Este-Modène

Jean de Bourbon, infant d'Espagne
 comte de Montizon
Jean Charles Marie Isodore de Bourbon est né à Aranjuez, le 15 mai 1822, fils de Charles de Bourbon (1788-1955), don Carlos, infant d’Espagne, et de Marie-Françoise de Bragance (1800-1834), infante du Portugal. Don Carlos est le frère cadet de Ferdinand VII de Bourbon, roi d’Espagne. La décision prise par son frère de laisser le trône d’Espagne à sa fille Isabelle II, sous la régent de sa femme, Marie-Christine, privait son frère le comte de Montemolin et lui-même après lui, du trône auquel ils pensaient avoir droit de par la loi salique, importée de France. Ce fut le début des guerres carlistes, qui ensanglantèrent l’Espagne tout au long du XIXe siècle. 
Mais depuis l'échec de la Deuxième Guerre carliste en 1849, Jean de Bourbon ne croyait guère aux chances de la cause. De plus, ses idées et ses centres d'intérêt l'éloignaient de ses partisans carlistes. Dépourvu d'ambition personnelle, il se passionnait davantage pour les sciences que pour la politique : il avait suivi à Londres les cours de l'école polytechnique et mené des expériences en daguerréotypie puis en photographie ; il réalisa la première photographie d'un hippopotame en Grande-Bretagne, qui fut publiée dans le Times. Ses photos des animaux du zoo de Londres furent présentées à l'Exposition universelle de 1855 à Paris. Doté d'un esprit inventif, le comte de Montizón avait mis au point un modèle de bateau en caoutchouc pour la marine préfigurant les zodiacs. Ses réflexions personnelles le conduisaient à adopter des vues libérales et il était favorable à la souveraineté nationale, au suffrage universel, à l'indépendance de la justice, à la liberté d'expression et de culte, à l'égalité devant la loi et comprenait l'aspiration à l'unité italienne. Abhorrant les intrigues, il détestait aussi l'idée de faire couler le sang espagnol. 
Au décès de son frère aîné le comte de Montemolín à Trieste le 13 janvier 1861, le prince Jean devint pour les carlistes roi des Espagnes et des Indes sous le nom de Jean III. 
Ayant refusé le trône de l'empire du Mexique que lui proposa Napoléon III, il fit sa soumission à Isabelle II en juillet 1862 et ne voulut plus porter que le titre de courtoisie de comte de Montizón, du nom d'une ancienne seigneurie andalouse fondée par Charles III en 17677
Déçus par l'inaction de Jean de Bourbon, les carlistes se tournèrent vers son fils aîné, qu'ils proclamèrent roi des Espagnes et des Indes sous le nom de Charles VII, à Londres le 20 juillet 1868. 
En conséquence de quoi, à la demande de son fils aîné, Jean de Bourbon abdiqua ses droits au trône d'Espagne, à Paris le 3 octobre 1868. 
L'archiduchesse Marie-Beatrix d'Autriche-Este
Le 6 février 1847, il avait épousé l’archiduchesse Marie-Béatrice, princesse d’Este-Modène, soeur de la comtesse de Chambord. Elle était née le 13 février 1824. Elle mourut le 18 mars 1906.
Leur union ne fut pas heureuse. Ses idées du comte de Montizon, étaient en opposition à celles de son épouse, digne fille de son père. Il refusa que l'éducation de ses enfants fût confiée aux jésuites et ceci entraîna la séparation des époux. Jean s'installa à Brighton et son épouse et ses deux fils partagèrent leur vie entre Modène et Venise. Il y vécut sous le nom de Charles Montfort. 

Photographie prise par le comte de Montizon
Photographe reconnu, doté d’une femme légitime avec laquelle il ne vivait pas et d’une maîtresse avec laquelle il vivait, il n’avait rien pour séduire les monarchistes français qui cependant, pour quelques-un d’entre eux, le reconnurent comme “roi de France”. Il mourut le 18 novembre 1887. 

 Domicile du comte de Montizon en Angleterre
Homme intelligent, esprit ouvert, il ne pouvait pas être compris de son beau-frère Chambord, ni de sa belle-soeur. Il ne fut pas non plus compris de ses enfants qui avaient adopté le rigorisme réactionnaire de leur faille maternelle. Il en fut de même pour ses fils 
Deux enfants sont issus de cette union :
Charles de Bourbon,
infant d'Espagne, duc de Madrid en costume carliste
Charles de Bourbon (1848-1909), duc de Madrid, qui épousa en 1867 Marguerite de Bourbon, soeur du duc Robert de Parme.
Marguerite de Bourbon
 princesse de Parme, duchesse de Madrid
Alphonse-Charles de Bourbon (1849-1936), duc de San Jaime, qui épousa en 1871 Marie des Neiges de Bragance, infante du Portugal. Cette dernière était la soeur de Marie-Thérèse de Bragance (1855-1944) épouse de l'archiduc Charles-Louis d'Autriche, dont il a déjà été parlé ci-dessus.
Alphonse de Bourbon, infant d'Espagne
duc de San Jaime
Sa soeur, Marie-Josèphe de Bragance (1857-1943), qui, en 1874 épousa Charles-Théodore en Bavière (1839-1909), frère de l'impératrice Élisabeth d'Autriche et mère de la reine des Belges Elisabeth.
Sa soeur, Aldegonde de Bragance (1858-1946), comtesse de Bardi. En 1876, elle épousa Henri de Bourbon-Parme, comte de Bardi (1851-1905), frère du duc de Parme
Sa soeur Marie-Anne de Bragance (1861-1942). En 1893 elle épousa le grand-duc Guillaume IV de Luxembourg (1852-1912) et fut régente du grand-duché. Sa descendance est encore sur le trône.
Et enfin, Antónia de Bragance (1862-1959), qui épousa en 1884 Robert, ex-duc de Parme et fut la mère de l'impératrice Zita d'Autriche, du prince Félix de Luxembourg, des princes Sixte et François-Xavier de Parme.

Charles et Alphonse de Bourbon poursuivirent les guerres carlistes. Aucun des deux n’eut de postérité, la nature mettant ainsi un terme à ces guerres inutiles et sanglantes qui endeuillèrent et appauvrirent l’Espagne.

III° - Charles Salvator de Habsbourg-Lorraine, prince de Toscane / Marie Immaculée de Bourbon-Siciles

Charles Salvator Marie Joseph Jean Baptiste Philippe Jacques Gennaro Louis Gonzague Rainier, archiduc d’Autriche, prince de Toscane est né à Florence le 30 avril 1839, fils de Léopold II et de sa seconde épouse la princesse Marie-Antoinette de Bourbon-Siciles, dont l’union a été vue ci-dessus.

Charles Salvator de Habsbourg-Toscane
Il n’y a pas grand-chose à dire sur ce prince  qui officier de l’armée impériale et royale autrichienne, fut un ingénieur qui avec le comte Georges von Dormus mit au point un pistolet léger et un fusil, mais les deux armes n’ont pas rencontré le succès attendu et furent abandonnées. 
Le 19 septembre 1861, il épousa sa cousine germaine Marie-Immaculée de Bourbon-Siciles, fille de Ferdinand II et de l’archiduchesse Marie-Thérèse, dont l’union a également été vue ci-dessus. 
Marie-Immaculée de Bourbon-Siciles en 1874
Marie-Immaculée était réputée pour sa beauté et faisait partie de la collection de photos de l’impératrice Elisabeth. A chacune des naissance de ses enfants elle recevait un range de perles.Le couple eut dix enfants dont cinq atteignirent l’âge adulte. Parmi eux, il y eut François-Salvator ( 1866-1939) qui épousa l”archiduchesse Marie-Valérie (1868-1924), fille de l’empereur François- Joseph et de l’impératrice Elisabeth, et l’archiduc Leopold Salvator qui épousa Blanche de Bourbon, infante d’Espagne dont l’union sera vue ci-après.
Charles Salvator mourut à Vienne le 18 janvier 1892 et son épouse le 18 février 1899.

IV° - Ferdinand IV de Habsbourg-Toscane / Alice de Bourbon-Parme

Ferdinand IV de Habsbourg-Lorraine, 
archiduc d'Autriche
grand-duc de Toscane
Ferdinand de Habsbourg-Lorraine naquit à Florence le 10 juin 1834, fils de Léopold II et de Marie-Antoinette de Bourbon-Siciles. Il fut le dernier des souverains du Grand-Duché de Toscane. Il régna du 21 juillet 1859 au 22 mars 1860, de l’abdication de son père à la prise du pouvoir à Florence par les troupes de Victor-Emmanuel de Savoie, qui en fit sa capitale.

En 1856, il avait épousé la princesse Anne de Saxe, qui mourut en 1859. Le couple eut une fille Antoinette qui devint chanoinesse-abbesse du Chapitre des Dames nobles de Prague. 


Marie-Anne de Saxe

En 1868, Ferdinand IV se remaria avec la princesse Alice de Bourbon-Parme. Née le 27 décembre 1849 à Parme, elle était la fille de Charles III (1823-1854) et de la princesse Louise d’Artois(1819-1864) fille du duc et de la duchesse de Berry.

Alice de Bourbon, princesse de Parme
La princesse Alice était la soeur de Robert (1848-1907) dernier duc de Parme, père de l’impératrice Zita. Elle avait été financée en 1864 à Jean II, prince souverain du Liechtenstein mais ce dernier rompit les fiançailles et ne se maria jamais. On le prétendit homosexuel.
Comme pour son mari, il n’y a pas grand chose à dire de sa vie. Exilée de Parme, exilée de Florence, elle passa sa vie en Autriche.
Le couple eut dix enfants, dont un seul n’atteignit pas l’âge adulte. Les deux aînés, Léopold Ferdinand (1868-1935) et Joseph Ferdinand (1872-1942) firent des mariages morganatiques. Leur frère cadet Pierre Ferdinand épousa Marie-Christina de Bourbon-Siciles, dont il sera question ci-après. 
Ferdinand IV fut très proche de François-Joseph. Il mourut le 19 janvier 1908. La grande-duchesse Alice mourut le 16 janvier 1935.

V° - Alphonse XII de Bourbon , roi d’Espagne / Marie-Christine de Habsbourg-Teschen, archiduchesse d’Autriche
Alphonse XII, enfant
Alphonse François Ferdinand Pie Jean Marie de la Conception Grégoire naquit le 28 mars 1857 à Madrid. Il était le fils de la reine Isabelle II et de son époux François d’Assise, duc de Cadix. Bien des rumeurs ont couru sur sa légitimité. Il s’est dit en Espagne et partout en Europe qu’il était le fils d’un des amants de la reine, le capitaine Henri Puigmoltó. 

Isabelle II et François d’Assise, infant
et roi consort 
d'Espagne, son mari
Ces rumeurs était tout bénéfice pour les prétendants carlistes qui contestaient son trône à Isabelle II. Cette dernière est détrônée en 1868 et le jeune prince partit en exil pour Paris avec sa famille. Cet exil lui permit de prendre connaissance de la vie publique en France, au Royaume-Uni est en Autriche. Il fut élève de l’Académie impériale et royale de Vienne et du Collège militaire de Sandhurst, en Angleterre.
Alphonse XII
Le 25 juin 1870, sa mère renonce au trône d’Espagne, qui devint donc le roi légitime d’un pays en pleines crises politiques. Il en retourne en Espagne qu’en janvier 1875 après s’être présenté par le Manifeste de Sandhurst comme un prince catholique, espagnol, constitutionnalise et libéral. Il est donc proclamé roi par le parlement. Son règne fut qualifié de pacificateur. Il offrit une constitution et mit fin aux guerres carlistes. Lors d’une épidémie de choléra, le roi fit ouvrir le palais royal d’Aranjuez pour y recevoir les malades qu’il vint visiter et aider personnellement. A son retour à Madrid, il fut reçu en héros, le peuple dételant sa voiture pour la tirer à bras jusqu’au palais. Il mourut de tuberculose le 25 novembre 1885 à 27 ans.

Marie-Mercedes d’Orléans-Montpensier
reine d’Espagne
Le 23 janvier 1878, il avait épousé en premières noces, sa cousine germaine, Mercédès d’Orléans, fille du duc de Montpensier (1824-1890) et de l’infante Louise Fernande (1832-1897). Bien que les fiancés aient été amoureux l’un de l’autre, ce mariage n’était pas pour plaire à Isabelle II en froid avec sa soeur et son beau-frère. La nouvelle reine d’Espagne mourut cinq mois après le mariage, laissant un veuf inconsolable.

Obligé de se remarier par devoir dynastique, il se fiance à la seour de sa femme, Marie-Christine d’Orléans, mais qui meurt également. Le 29 novembre 1879, il épousa l’archiduchesse Marie-Christine. Née le 21 juillet 1858, elle était la fille de l’archiduc Charles-Ferdinand (1818-1874) fils de l’archiduc Charles, le vainqueur de Napoléon à Aspern, et de l’archiduchesse Elisabeth de Habsbourg-Lorraine, de la branche palatine de Hongrie.

 L'archiduchesse Marie-Christine d’Autriche-Teschen
reine d’Espagne
Elle fut tirée d’une retraite paisible en sa qualité de chanoinesse pour épouser le roi d’Espagne. Ce fut de part et d’autre un mariage obligé. 

Alphonse XII et Marie-Christine
En rencontrant sa fiancée et sa future belle-famille, le roi aurait dit à un de ses proches « La mère me plaît énormément mais c'est la fille que je dois épouser ». Il la trompa abondamment.
Le couple eut deux filles. La première Maria de Las Mercedes(1880-1904) épousa Charles de Bourbon-Siciles (1870-1940), devenu infant d’Espagne et qui de ce fait renonça à ses droits sur le trône des Deux-Siciles. Il sont les grands-parents du roi Juan-Carlos. 

Marie-Mercédes de Bourbon, infante d’Espagne 
et son époux Charles de Bourbon-Siciles
La deuxième Marie-Thérèse (1882-1912) épousa  son cousin germain le prince Ferdinand de Bavière (1884-1958), petit-fils de la reine Isabelle II.
Marie-Thérèse de Bourbon, infante d’Espagne 
princesse Ferdinand de Bavière
Leur fils, Alphonse, nait le 17 mai 1886, roi dès sa naissance car son père était mort six mois avant sa naissance.


Alphonse XIII et sa mère en 1898
Elle fut régente de 1886 à 1902, dans un royaume en proie aux pires difficultés. Mais elle sut se faire apprécier par sa hauteur morale et la dignité de sa conduite, bien différente des trois reines d’Espagne qui l’ont précédée. Sous sa régence l’Espagne perdit ses dernières colonies.

Marie-Christine et ses trois enfants en 1897
Le roi atteignit sa majorité en 1902 et Marie-Christine lui remit son pouvoir. 

Alphonse XIII
En 1906, Alphonse XIII épousa la princesse Eugénie de Battenberg. le mariage n’était pas égal car les Battenberg sont une branche morganatique de la Maison de Hesse, mais elle était petite-fille de la reine Victoria, ce qui compensait largement. Filleule de l’impératrice Eugénie, elle s’était convertie au catholicisme. Elle transmit malheureusement l’hémophilie à ses fils aînés.
Alors qu’Alphonse XIII et son épouse retournent au palais royal de Madrid après la célébration du mariage, un anarchiste, Mateo Morral, lance une bombe dissimulée dans un bouquet de fleurs face au numéro 88 de la Calle Mayor. Les jeunes époux sortent indemnes de l'attentat qui tue néanmoins 23 personnes dans le public et la suite royale.
Attentat de la Calle Major
Le roi eut plusieurs affaires extra conjugales et eut des enfants hors mariage.
Le couple royal eut sept enfants, dont Jacques, duc de Ségovie, grand-père du prince Louis de Bourbon et Jean, comte de Barcelone, grand-père du roi Felipe VI. 

La reine Victoria-Eugénie avec ses enfants 
de gauche à droite, Infante Marie Christine, Alphonse, Prince des Asturies, Infant Gonzalve, Infant Jean, Infant Jacques et Infante Béatrice en 1928

Ce fut à la demande de la reine Marie-Christine qu’en 1921, son fils donna l’hospitalité à l’impératrice Zita, veuve de l’empereur Charles, sans ressources et avec huit enfants à charge. 
Marie-Christine mourut le 6 février 1929, âgée de 70 ans. Elle n’eut pas à voir la proclamation de la République espagnole, ni l’exil de son fils et encore moins la guerre civile qui suivit.

VI° - Léopold Salvator de Habsbourg-Lorraine, archiduc d’Autriche, prince de Toscane / Blanche de Castille de Bourbon, infante d’Espagne
Archiduc Léopold Salvator de Habsbourg-Toscane
Léopold Salvator, né le 15 octobre 1863, en Bohême, s’est vu attribuer quinze prénoms à son baptême. Il serait fastidieux de les citer. Il est le fils de l’archiduc Charles Salvator et de la princesse Marie-Immaculée de Bourbon-Siciles, dont l’union a été relatée ci-dessus.
L’archiduc Léopold Salvator a hérité de son père un grand intérêt pour les sciences. C'est ainsi que, devenu militaire, il élabore un système de transmission à quatre roues à partir duquel l'entreprise Škoda élabore un nouveau type de camion. Grâce au brevet tiré de cette invention, le prince se bâtit une importante fortune. Il en tire par ailleurs une reconnaissance scientifique qui lui permet d'intégrer l'Académie des Sciences de Vienne et de Prague. Militaire de carrière comme la plupart de ses cousins, il est nommé inspecteur général de l'artillerie en 1907. Plus tard, en 1916, il devient général de division de l'armée impériale austro-hongroise.


 Blanche de Castille de Bourbon, infante d'Espagne
Le 24 novembre 1889, il épouse à Froshdorf Blanche de Castille de Bourbon, infante d’Espagne, née le 7 septembre 1868. Elle aussi bénéficie de dix-huit prénoms à son baptême. Elle est la fille de don Carlos de Bourbon (1848-1909), duc de Madrid, et de son épouse la princesse Marguerite de Bourbon(1847-1893), princesse de Parme. Son père était le prétendant carliste au trône d’Espagne et légitimiste au trône de France. A sa naissance, ils habitaient en Styrie pour être proche de la duchesse de Berry son arrière-grand-mère. Son enfance a été marquée par la troisième guerre carliste de 1872 à 1876. Pour être près de l’Espagne, au cas où don Carlos serait appelé au trône, la famille s’installa à Pau, puis en Navarre. Les espoirs de son père s’étant évanouis, la famille s’installa à Passy. En 1881, ils furent expulsés de France par la faute de son père, ayant manifesté son attachement au comte de Chambord de façon trop bruyante. Ses parents se séparèrent et don Carlos alla vivre à Venise, pendant que sa mère s’installait à la Tenuta Reale, une immense propriété qu’elle avait hérité de sa grand-mère, la duchesse Marie-Thérèse de Parme. Les infants se partageaient entre leurs deux parents. En 1883, elle visita l’Espagne incognito, puis il fit ses débuts à la Cour de Vienne.
Ayant fait un mariage d’amour, le couple était heureux. Ils n’eurent pas moins de dix enfants qui, tous, atteignirent l’âge adulte. 

Bal à la Cour de Vienne en 1904 en présence de l'archiduc  Léopold Salvator
Jusqu’à la Première Guerre Mondiale, ils menèrent une existence plaisante entre les diverses affectations militaires à Lemberg (Lvov) en Galicie ou à Agram (Zagreb) en Croatie et leurs différents domaines. Leurs propriétés autrichiennes furent confisquées après la guerre. Ayant perdu leur fortune ils furent réduits à vivre avec de petits moyens. La France et l’Italie, où la princesse possédait un domaine, leur étaient interdites, comme anciennes ennemies. Elle demanda alors la permission à Alphonse XIII de vivre à Barcelone. Cela lui fut accordé à la condition qu’elle soutienne pas les prétentions carlistes au trône d’Espagne de son frère, Jacques, duc de Madrid. En 1922, elle obtint la nationalité espagnole. La famille vécut modestement. Après la chute d’Alphonse XIII et la proclamation de la République espagnole, le couple, bien que non obligé, partit pour l’Autriche afin de pouvoir récupérer quelques biens. 
Palais Toscane à Vienne
L’archiduc Léopold Salvator mourut peu de temps après leur arrivée. Veuve, Blanche de Castille vécut du revenu de son domaine italien et d’une rente versée par les Carlistes.  La propriété resta dans la famille jusqu’à 1985.
Quand ils se sont réfugiés à Vienne, elle et ses enfants, ils habitaient trois pièces de leur ancien palais, dit Palais Toskana. Après l’annexion de l’Autriche par Hitler en 1938, ils partirent vivre en Italie, à Viareggio, dans son domaine. 
La Tenuata Reale, dite Villa Borbone
L’archiduc Leopold Salvator était mort le 4 septembre 1931. Elle mourut à Viareggio, le 25 octobre 1941. Elle avait quatre-quatre-vins un ans. Ils ont été, elle et son mari, pris dans la tourmente de la fin de leur monde, celui de la Belle-Epoque et d’une Autriche-Hongrie rayonnante. 

Avec eux finit la série des mariages célébrés au XIXe siècle.

13/02/2020

Les mariages Habsbourg/Bourbon au cours du XIXe siècle

I° - Léopold II de Habsbourg-Lorraine, grand-duc de Toscane / Marie-Antoinette de Bourbon-Siciles

Léopold Jean Joseph François Ferdinand Charles de Habsbourg-Lorraine est né le 3 octobre 1797 à Florence. Ses parents sont Ferdinand III, grand-duc de Toscane et Louise, princesse de Bourbon-Siciles dont nous avons déjà relaté l’union.

Léopold II par Pietro Benvenuti 

Tout jeune, il dut suivre ses parents en exil, à Salzbourg tout d’abord en 1803 et à Wurzbourg ensuite en 1805. Malgré cet exil, Léopold put étudier avec des professeurs allemands et italiens, manifestant ainsi une prédilection pour les études littéraires. 


Léopold II, jeune
Le 15 septembre 1814, peu de jours avant l’ouverture du Congrès de Vienne, il retourne à Florence où la famille grand-ducale est bien accueillie, grâce à la mansuétude de son père envers ceux de ses sujets qui avaient bien accueilli les Français. Le gouvernement de la grande-duchesse Elisa Bonaparte avait été du reste également débonnaire et profitable à la Toscane, de par une administration rigoureuse. Le jeune prince fut aimé des Toscans pour la simplicité informelle dont il faisait preuve. Il termina ses études en droit, en littérature et en agriculture. Sur le plan purement littéraire, il rassembla et organisa tous les écrits de Galilée et publia les poèmes de Laurent de Médicis, à ses frais. Il continuait la grande tradition culturel de ses ancêtres.
À la mort de son père le 18 juin 1824, Léopold II monta sur le trône où il fit immédiatement preuve d’indépendance par rapport à l’Autriche, dont l’empereur était son cousin germain. Il confirma les ministres nommé par son père. Il continua son oeuvre de grands travaux, en Maremme et à Livourne. Il fit construire de nouvelle routes et initia les activités touristiques. Son gouvernement fut le plus tolérant des tous dans la péninsule : censure minimale, accueil des intellectuels italiens persécutés ailleurs, dont Leopardi.
Léopold II en Grand-Maître de l’Ordre de Saint-Etienne
La réponse du grand-duc à l'ambassadeur d'Autriche se plaignant que « la censure ne fait pas son devoir en Toscane », ce à quoi il répondit avec agacement « mais son devoir est de ne pas le faire », illustre son état d’esprit
En Toscane, il n'y avait ni motions ni séditions et les activités de conspiration étaient limitées à la ville de Livourne et ce sans grande importance.
En 1839 et 1841, Léopold II autorisa la tenue du « Congrès des scientifiques italiens » à Pise et à Florence, en dépit des menaces du gouvernement autrichien et des protestations du gouvernement pontifical. 
De 1848 à 1850, le gouvernement grand-ducal suivit des politiques contraires. Dans un premier temps Léopold II accorda la Constitution, qui se distingua des autres en octroyant tous les droits aux citoyens de toutes les religions. Le 18 mars 1848 naît le premier gouvernement constitutionnel toscan. Le 21 mars, le grand-duc suscita l'enthousiasme populaire en décidant d'envoyer les quelques troupes toscanes régulières, encadrées par des volontaires, combattre en Haute-Italie aux côtés des Sardes contre les Autrichiens. Léopold II remplaça le drapeau lorrain par le drapeau tricolore italien recouvrant les armoiries grand-ducales et adhérant personnellement au prêt de guerre. 
L’attitude patriotique du grand-duc commença à changer vers le milieu de l’année, lorsque les attitudes expansionnistes du royaume de Sardaigne furent claires. Le 30 janvier 1849, Léopold II quitta Florence pour se réfugier d'abord à Sienne (et pour prétendre être malade, il eut l'idée de recevoir les délégués florentins au lit, vêtus d'une chemise de nuit et d'une chemise papale), puis à Porto Santo Stefano. En ce lieu, il accepta et refusa à plusieurs reprises l'offre de l'ambassadeur du Piémont, Villamarina, de reprendre le pouvoir à Florence, désormais dans les mains d’un parti dit ultra-démocratique, avec l'armée du royaume de Sardaigne. Mais il préféra de mettre sous la protection de Ferdinand II des Deux-Siciles, lui-même sous la protection de l’Autriche, à Gaète.
L'exil dura jusqu'en avril, date à laquelle, après la défaite de Charles Albert à Novara - bataille gagnée par le célèbre maréchal Radeztky -les Toscans modérés renversèrent le gouvernement afin d'éviter une invasion de l'Autriche et rappelèrent le grand-duc en espérant qu'il maintiendrait les réformes.

La bataille de Novara (23 mars 1849)
L'espoir fut vain: le lieutenant-maréchal d'Aspre vint de Parme avec 18 000 hommes, prit et saccagea Livourne, puis occupa Florence. Quelques mois plus tard, Léopold II débarqua à Viareggio, mais eut la mauvaise idée d'être escorté par des troupes autrichiennes et revêtu de l'uniforme de général des Habsbourg: ce fut la fin de la sympathie naturelle et sincère que les Toscans avaient pour le doux souverain.  C’en était fini du gouvernement libéral du grand-duc Léopold. 
En avril 1859, devant l'imminence de la guerre franco-piémontaise contre l'Autriche, Léopold II proclama la neutralité, mais le gouvernement grand-ducal comptait déjà ses jours: le centre opérationnel du coup d'État imminent du 27 avril se trouvait être l’ambassade du Piémont à Florence. Cavour avait envoyé au cours des jours précédents environ 80 carabiniers piémontais vêtus en civils qui, à un signal prédéterminé et divisés en divers groupes dispersés dans divers quartiers de la ville, auraient dû commencer à crier contre le grand-duc et en faveur de la guerre contre l'Autriche. En outre, divers drapeaux tricolores avaient été préparés, prêts à être exposés aux balcons de divers bâtiments à un signal prédéterminé. En réalité, la population ignorait totalement ces véritables complots subversifs contre un État souverain par un autre État, précisément le royaume de Sardaigne. 
Le 27 avril 1859, vers quatre heures, refusant de donner son assentiment à la guerre contre l'Autriche et faisant face à un refus catégorique de l'armée pour obéir à son souverain, Léopold II, afin d'éviter des problèmes plus graves pour lui-même et son État, quitta Florence. Son départ fut l’occasion de manifestation de sympathie de la part de la population. Elle avait oublié les dernières années noires pour se rappeler les belles années du début du règne. Léopold se réfugia à Vienne d’où il abdiqua le 21 juillet 1859 au profit de son fils Ferdinand IV. Comme beaucoup d’exilés royaux sur les terres des Habsbourg, il vécut en Bohême jusqu’à sa mort en 1870 à Rome. Entre temps Florence était devenue la capitale éphémère du nouveau royaume d’Italie.
La princesse Marie de Saxe
En 1817, il avait épousé la princesse Marie de Saxe avec laquelle il eut trois filles. Ce fut un couple uni. Elle mourut en 1832. Peu de temps après, le 7 juin 1833, il épousa Marie Antoinette de Bourbon-Siciles, fille du roi François Ier et de Marie Isabelle de Bourbon, infante d’Espagne. Née à Palerme le 19 décembre 1814, la princesse reçut son prénom en honneur de sa grand-tante la reine de France.
Marie-Antoinette des Deux-Siciles par Giuseppe Bezzuoli
Son père mourut quand elle avait onze ans et Marie-Antoinette en souffrit beaucoup. Sa mère était une femme frivole, qui menait une vie scandaleuse. La jeune princesse s'attacha alors à son frère, le nouveau roi Ferdinand II, qui l'aimait beaucoup, et à sa belle-sœur, la pieuse Marie-Christine de Savoie
À l'âge de dix-huit ans, elle fut demandée en mariage à la fois par Ferdinand-Philippe d'Orléans, fils aîné de Louis-Philippe Ier et par Léopold II, grand-duc de Toscane. Le roi Ferdinand II permit à sa sœur de choisir et Marie-Antoinette choisit Léopold. Le grand-duc, âgé de trente-sept ans, avait la réputation d'être un homme juste et honnête, attentif à son peuple et était surnommé le meilleur prince d'Europe
Le mariage de Léopold et Marie-Antoinette fut célébré à Naples le 7 juin 1833. À son arrivée à Florence, la nouvelle grande-duchesse fut très acclamée par le peuple en raison de sa beauté et parce qu'elle était italienne. Dans les premiers temps, elle rencontra des difficultés à s'adapter au mode de vie bourgeois de son nouveau peuple : habituée au peuple en haillons de Naples, elle ne pouvait comprendre de devoir faire l'aumône à des pauvres bien vêtus. Léopold  l’adorait. Marie-Antoinette comprit sa nouvelle patrie et elle aima Florence comme sa ville natale. Grande amatrice d'art et de musique, elle avait bon goût et fut une grande mécène d'artistes. Elle et son mari étaient des gens très simples et jouissaient d'une grande popularité. Le peuple ne les appelait pas Leurs Altesses impériales et royales mais, très informellement,  Sor Granduca et Sora Granduchessa (« Monsieur le Grand-duc » et « Madame la Grande-duchesse »). Ils allaient à des festivals et Marie-Antoinette, qui aimait la danse, dansait avec le peuple. 

Le couple grand-ducal
A leur retour d’exil en 1849, les temps avaient changé. Marie-Antoinette, soeur de Ferdinand II des Deux-Siciles fut détestée par l’aristocratie et la bourgeoisie qui avaient pris parti pour le futur royaume d’Italie.
Leur mariage fut très heureux et ils eurent dix enfants : cinq filles et cinq fils. Parents très présents et affectueux, ils souffrirent beaucoup lors du décès de chacun de leur quatre enfants morts en bas âge : Marie-Antoinette resta jusqu'à la fin avec chacun d'entre eux. Parmi ses enfants vivant jusqu’à l’âge adulte, il y eut Marie-Isabelle (1834-1901) qui épousa son oncle, François de Bourbon, comte de Trapani. Ferdinand IV, le prétendant au trône, (1835-1908) épousa Anne de Saxe (1836-1859) puis Alice de Bourbon-Parme (1847-1935) soeur de Robert Ier de Bourbon, duc de Parme et donc tante de l’impératrice Zita, Charles Salvator (1839-1882) époux de sa cousine germaine, Marie-Immaculée de Bourbon-Siciles, Marie-Louise (1845-1917) épouse du prince Charles d’Isenburg-Büdingen, Louis Salvator( 1847-1915) et Jean Népomucène (1852-1890). Cer denier ami de l’archiduc Rodolphe, le héros de Mayerling, fut connu sous le nom de Jean Orth et disparut en mer.
Le couple grand-ducal laissa un bon souvenir à Florence malgré les quelques années difficiles de la guerre pour l’unification de l’Italie. Léopold s’était toujours refusé à la violence et à la guerre. Et à la différence de son beau-frère, le roi des Deux-Siciles refusa de faire tirer sur le peuple. Il préféra partir avec dignité, conservant l’affection de ses sujets.
Léopold mourut à Rome le 23 janvier 1870 et Marie-Antoinette à Gmunden en Autriche le 7 novembre 1898.


Les Grandes Armes de Léopold II

II° - François Ier de Bourbon-Siciles  / Marie-Clémentine de Habsbourg-Lorraine, archiduchesse d’Autriche

François Janvier Joseph de Bourbon, naquit à Naples le 14 août 1777, fils de Ferdinand IV/I, roi de Naples et de Sicile, puis des Deux-Siciles, et de Marie-Caroline, archiduchesse d’Autriche, dont le couple a été vu plus haut.


François Ier des Deux-Siciles par  Giuseppe Martorelli 

Il porte le prénom de son grand-père maternel l'empereur romain germanique, François Etienne de Lorraine. Il devient héritier du trône quand son frère aîné meurt de la variole le 17 décembre 1778.
Sa parenté avec les souverains français est complexe : neveu de la reine Marie-Antoinette, il est le frère de reine Marie-Amélie, l'oncle de l'impératrice Marie-Louise et le grand-père du comte de Chambord.  Confronté à la Révolution Française, il suit sa famille réfugiée sur ses possessions siciliennes pendant l'occupation de du Royaume de Naples par les troupes françaises.  
François de Bourbon de Naples par Elisabeth Vigée-Lebrun
Deux fois, pendant qu'il est prince héréditaire, son père lui remet le gouvernement de l'État avec le titre de vicaire général (alter ego), une première fois en 1812, lorsque Lord William Bentinck impose à la Sicile une constitution anglaise, et une deuxième fois en 1820, lors du soulèvement de Naples et de Palerme

François Ier par Vicent López Portaña 
À la mort de son père en 1825, il monte sur le trône à l'âge de 48 ans mais ne règne que cinq ans et n'a pas le temps de réaliser de grand projet. Populaire car ayant professé des idées libérales en tant que prince héritier, il n'en mène pas moins une politique conservatrice voire répressive. Il est néanmoins très aimé de ses sujets bien qu'il vive dans la peur d'un attentat. 
En 1797, il épousa sa double cousine germaine, Marie-Clémentine de Habsbourg-Lorraine, archiduchesse d’Autriche, née le 24 avril 1777 à Florence, fille du grand-duc Pietro-Leopoldo et de Marie-Louise de Bourbon, infante d’Espagne. 

Marie Clémentine d'Autriche par Joseph Hickel 
Ils avaient en commun leurs quatre grands-parents, François Ier du Saint Empire et son épouse Marie-Thérèse d'Autriche, d’un côté et Charles III d'Espagne et son épouse Marie-Amélie de Saxe, de l’autre.
Le couple eut un enfant survivant, Caroline Fernande Louise de Bourbon, (1798-1870) princesse des Deux-Siciles, plus connue sous le nom de Marie Caroline, duchesse de Berry.
 Marie Caroline de Bourbon, duchesse de Berry par Jean-Baptiste Paulin
Marie-Clémentine est morte en couches le 15 novembre 1801, à Naples. 
François Ier se remaria avec sa cousine Marie Isabelle de Bourbon (1789-1848) infante d’Espagne, fille de Charles IV d’Espagne et de Marie-Louise de Parme, avec laquelle il eut douze enfants. 


Marie-Isabelle infante d'Espagne par Vicent López Portaña 

Une rumeur court selon laquelle Marie-Isabelle aurait pu être la fille de Manuel Godoy, premier ministre du roi, et dans ses accès d'humeur sa belle-mère, la reine Marie-Caroline, la traitait de "bâtarde épileptique engendrée par le crime et la scélératesse”. Cependant Marie-Isabelle était populaire car charitable envers les pauvres du royaume. Elle a laissé un bon souvenir dans l’imaginaire napolitain.


Marie-Isabelle de Bourbon par Giuseppe Cammarano 

III° - Charles-Louis de Habsbourg-Lorraine, archiduc d’Autriche / Marie-Annonciade de Bourbon-Siciles

Charles-Louis de Habsbourg-Lorraine est né à Schönbrunn le 30 juillet 1833. Frère cadet de François-Joseph et de Maximilien, il est le fils de l’archiduc François-Charles et de l’archiduchesse Sophie, née princesse de Bavière.

Archiduc Charles-Louis par Anton Einsle 

Pas plus que son père, François ne brilla dans la vie politique autrichienne. Comme lui, il fut un transmetteur. François-Charles vit son fils devenir empereur à sa place, Charles-Louis ne vit même pas son petit-fils, Charles le dernier empereur monter sur le trône. Il est supposé avoir été amoureux de sa cousine germaine, Elisabeth duchesse en Bavière, avec lequel il entretint une tendre correspondance. Mais Elisabeth épousa François-Joseph. Il est supposé également avoir mis sous le nez de son frère l’empereur les journaux véritables et non pas ceux que l’on imprimait spécialement pour l’empereur.
Catholique dévoué, frisant la manie, il mourut le 19 mai 1896, après avoir bu lors d’un voyage en Palestine l’eau du Jourdain, le fleuve du baptême du Christ. 
Charles-Louis se maria trois fois.

Charles Louis en 1861

La première fois il épousa sa cousine germaine, la princesse Marguerite de Saxe.  Le couple était heureux mais elle mourut en 1858, à l’âge de 18 ans.



 Princesse Marguerite de Saxe par Eduard Kaiser



Princesse Marie-Annonciade de Bourbon, princesse des Deux-Siciles vers 1862

Il se remaria quatre ans après avec Marie-Annonciade de Bourbon des Deux-Siciles. Née le à Caserte le 24 mars 1843, elle était la fille du roi Ferdinand II et de son épouse l’archiduchesse Marie-Thérèse, dont l’union a été vue ci-dessus. Comme de son mari, il n’y a pas grand-chose à dire sur sa vie. Elle mourut le 4 mai 1871 à Vienne.

Le couple eut quatre enfants. Le premier l’archiduc François-Ferdinand, né en 1863, qui épousa morganatiquement la comtesse Sophie Chotek, née en 1868, et fut assassiné avec elle à Sarajevo le 28 juin 1914. 

François-Ferdinand, Sophie et leurs enfants
Le deuxième fut l’archiduc Othon (1865-1906) qui épousa la princesse Marie-Josèphe de Saxe. Il fut le père de l’empereur Charles, dernier souverain autrichien. Connu pour sa débauche et son extravagance, l’archiduc Othon ne laissa que des souvenirs scandaleux, comme de s’être promené nu dans les couloirs de l’hôtel Sacher à Vienne ou au Prater, où il avait fait peindre son uniforme sur son corps. Un matin, il entraîna sas compagnons de débauche dans la chambre de sa femme et la leur montrant, il dit “Voici l’exemple de la vertu”. 
 Otton, Marie-Josèphe et leurs deux fils, Charles et Maximilien
Le troisième Ferdinand (1868-1915) eut la mauvaise idée d’épouser la fille d’un professeur de mathématiques ayant travaillé sur la théorie de la relativité de l’université de Munich, Berthe Czuber. Cela lui valut d’être exclu de la succession au trône d’Autriche et de s’appeler Ferdinand “Burg", laissant tomber le “Habs”. 

François- Charles Burg et son épouse Berthe

Enfin vint Marguerite ( 1870-1902) qui sagement épousa Albert ( 1865-1939) duc de Wurtemberg. Ils sont les ancêtres de Charles l’actuel duc de Wurtemberg et du comte de Paris.



 Marguerite d’Autriche et Albert de Wurtemberg

En troisième noces, Charles-Louis épousa, le 23 juillet 1873, Marie-Thérèse de Bragance, infante du Portugal et tante de l’impératrice Zita. 

Marie-Thérèse avec deux de ses beaux-enfants
Elle fut une femme tout-à-fait remarquable ayant pris en charge l’éducation des enfants de son mari, avec lequel elle eut deux filles, Marie-Annonciade(1876-1961), religieuse et Elisabeth (1878-1960) qui devint princesse de Liechstenstein. Elle est l’ancêtre de la famille souveraine actuelle. Elle défendit ardemment son beau-fils, François-Ferdinand, lors de son mariage avec Sophie Chotek. Il en fut de même lors des funérailles de ces derniers dont elle défendit les droits de leurs enfants, contre le Grand-Maître de la Cour, le Prince Montenuovo, qui refusait leur présence. Elle n'hésita pas à aller trouver l'empereur François-Joseph, son beau-frère, et le menacer de se retirer de la Cour. Or à l'époque, à la suite du décès de l'impératrice Elisabeth, elle était la première dame de l'Empire d'Autriche.


Charles-Louis d'Autriche et Marie-Thérèse de Bragance

IV° - François de Bourbon des Deux-Siciles, comte de Trapani / Marie-Isabelle d’Autriche-Toscane

François de Paule Louis Emmanuel Philippe de Bourbon, prince des Deux-Siciles, naquit à Naples le 13 août 1827, fils de François Ier (1777-1830) roi des Deux-Siciles, et de Marie-Isabelle de Bourbon (1789-1848) infante d’Espagne. 

François de Bourbon, comte de Trapani

A sa naissance, il reçut le titre de comte de Trapani ( une ville de Sicile). Il était destiné à l’Eglise et fut élevé dans ce sens. Mais en 1844, Louis-Philippe, qui était son oncle par alliance, eut l’idée de lui faire épouser la reine d’Espagne, Isabelle II. Elle avait trois ans de moins que lui et était à la fois sa cousine et sa nièce. L’ambassadeur de France près le Saint-Siège, le décrivit ainsi “ très laid, petit, l’air maladif, sans aucune expression d’intelligence.” Hésitant à l’épouser, malgré l’avis favorable de son frère le roi Ferdinand II, il fut finalement évincé par la reine d’Espagne, Marie-Christine, au profit de l’Infant François de Paule, autre cousin germain de la reine Isabelle II et notoirement homosexuel, qui le soir de ses noces était couvert de plus de dentelles que sa femme.

Isabelle II et son époux le duc de Cadix
François, comte de Trapani, fut un fidèle sujet de son frère et en était aimé car il ne cherchait en rien à intervenir dans les affaires du royaume.
Le 10 avril 1850, il épousa sa nièce l’archiduchesse Marie-Isabelle de Habsbourg-Toscane, fille du Grand-duc Léopold II et de la princesse Marie-Antoinette des Deux-Siciles, dont l’union a été vue ci-dessus. 

Marie-Isabelle d'Autriche-Toscane tenant dans ses bras sa fille et en même temps cousine
Il n’y a pas grand-chose à dire sur elle. Si elle fut bien entendu une épouse fidèle, mettant au monde six enfants, il n’en était pas de même pour son mari qui avait des faiblesses pour les dames de petite vertu.
A la mort de Ferdinand II, il fut de peu de secours pour son neveu François II face au Piémont-Sardaigne et à Cavour.
A la chute du Royaume des Deux-Siciles, le couple se réfugia à Rome jusqu’en 1870, puis à Paris où il mourut le 24 septembre 1892. Elle mourut à Lucerne le 14 juillet 1901.