13/02/2020

Les mariages Habsbourg/Bourbon au cours du XIXe siècle

I° - Léopold II de Habsbourg-Lorraine, grand-duc de Toscane / Marie-Antoinette de Bourbon-Siciles

Léopold Jean Joseph François Ferdinand Charles de Habsbourg-Lorraine est né le 3 octobre 1797 à Florence. Ses parents sont Ferdinand III, grand-duc de Toscane et Louise, princesse de Bourbon-Siciles dont nous avons déjà relaté l’union.

Léopold II par Pietro Benvenuti 

Tout jeune, il dut suivre ses parents en exil, à Salzbourg tout d’abord en 1803 et à Wurzbourg ensuite en 1805. Malgré cet exil, Léopold put étudier avec des professeurs allemands et italiens, manifestant ainsi une prédilection pour les études littéraires. 


Léopold II, jeune
Le 15 septembre 1814, peu de jours avant l’ouverture du Congrès de Vienne, il retourne à Florence où la famille grand-ducale est bien accueillie, grâce à la mansuétude de son père envers ceux de ses sujets qui avaient bien accueilli les Français. Le gouvernement de la grande-duchesse Elisa Bonaparte avait été du reste également débonnaire et profitable à la Toscane, de par une administration rigoureuse. Le jeune prince fut aimé des Toscans pour la simplicité informelle dont il faisait preuve. Il termina ses études en droit, en littérature et en agriculture. Sur le plan purement littéraire, il rassembla et organisa tous les écrits de Galilée et publia les poèmes de Laurent de Médicis, à ses frais. Il continuait la grande tradition culturel de ses ancêtres.
À la mort de son père le 18 juin 1824, Léopold II monta sur le trône où il fit immédiatement preuve d’indépendance par rapport à l’Autriche, dont l’empereur était son cousin germain. Il confirma les ministres nommé par son père. Il continua son oeuvre de grands travaux, en Maremme et à Livourne. Il fit construire de nouvelle routes et initia les activités touristiques. Son gouvernement fut le plus tolérant des tous dans la péninsule : censure minimale, accueil des intellectuels italiens persécutés ailleurs, dont Leopardi.
Léopold II en Grand-Maître de l’Ordre de Saint-Etienne
La réponse du grand-duc à l'ambassadeur d'Autriche se plaignant que « la censure ne fait pas son devoir en Toscane », ce à quoi il répondit avec agacement « mais son devoir est de ne pas le faire », illustre son état d’esprit
En Toscane, il n'y avait ni motions ni séditions et les activités de conspiration étaient limitées à la ville de Livourne et ce sans grande importance.
En 1839 et 1841, Léopold II autorisa la tenue du « Congrès des scientifiques italiens » à Pise et à Florence, en dépit des menaces du gouvernement autrichien et des protestations du gouvernement pontifical. 
De 1848 à 1850, le gouvernement grand-ducal suivit des politiques contraires. Dans un premier temps Léopold II accorda la Constitution, qui se distingua des autres en octroyant tous les droits aux citoyens de toutes les religions. Le 18 mars 1848 naît le premier gouvernement constitutionnel toscan. Le 21 mars, le grand-duc suscita l'enthousiasme populaire en décidant d'envoyer les quelques troupes toscanes régulières, encadrées par des volontaires, combattre en Haute-Italie aux côtés des Sardes contre les Autrichiens. Léopold II remplaça le drapeau lorrain par le drapeau tricolore italien recouvrant les armoiries grand-ducales et adhérant personnellement au prêt de guerre. 
L’attitude patriotique du grand-duc commença à changer vers le milieu de l’année, lorsque les attitudes expansionnistes du royaume de Sardaigne furent claires. Le 30 janvier 1849, Léopold II quitta Florence pour se réfugier d'abord à Sienne (et pour prétendre être malade, il eut l'idée de recevoir les délégués florentins au lit, vêtus d'une chemise de nuit et d'une chemise papale), puis à Porto Santo Stefano. En ce lieu, il accepta et refusa à plusieurs reprises l'offre de l'ambassadeur du Piémont, Villamarina, de reprendre le pouvoir à Florence, désormais dans les mains d’un parti dit ultra-démocratique, avec l'armée du royaume de Sardaigne. Mais il préféra de mettre sous la protection de Ferdinand II des Deux-Siciles, lui-même sous la protection de l’Autriche, à Gaète.
L'exil dura jusqu'en avril, date à laquelle, après la défaite de Charles Albert à Novara - bataille gagnée par le célèbre maréchal Radeztky -les Toscans modérés renversèrent le gouvernement afin d'éviter une invasion de l'Autriche et rappelèrent le grand-duc en espérant qu'il maintiendrait les réformes.

La bataille de Novara (23 mars 1849)
L'espoir fut vain: le lieutenant-maréchal d'Aspre vint de Parme avec 18 000 hommes, prit et saccagea Livourne, puis occupa Florence. Quelques mois plus tard, Léopold II débarqua à Viareggio, mais eut la mauvaise idée d'être escorté par des troupes autrichiennes et revêtu de l'uniforme de général des Habsbourg: ce fut la fin de la sympathie naturelle et sincère que les Toscans avaient pour le doux souverain.  C’en était fini du gouvernement libéral du grand-duc Léopold. 
En avril 1859, devant l'imminence de la guerre franco-piémontaise contre l'Autriche, Léopold II proclama la neutralité, mais le gouvernement grand-ducal comptait déjà ses jours: le centre opérationnel du coup d'État imminent du 27 avril se trouvait être l’ambassade du Piémont à Florence. Cavour avait envoyé au cours des jours précédents environ 80 carabiniers piémontais vêtus en civils qui, à un signal prédéterminé et divisés en divers groupes dispersés dans divers quartiers de la ville, auraient dû commencer à crier contre le grand-duc et en faveur de la guerre contre l'Autriche. En outre, divers drapeaux tricolores avaient été préparés, prêts à être exposés aux balcons de divers bâtiments à un signal prédéterminé. En réalité, la population ignorait totalement ces véritables complots subversifs contre un État souverain par un autre État, précisément le royaume de Sardaigne. 
Le 27 avril 1859, vers quatre heures, refusant de donner son assentiment à la guerre contre l'Autriche et faisant face à un refus catégorique de l'armée pour obéir à son souverain, Léopold II, afin d'éviter des problèmes plus graves pour lui-même et son État, quitta Florence. Son départ fut l’occasion de manifestation de sympathie de la part de la population. Elle avait oublié les dernières années noires pour se rappeler les belles années du début du règne. Léopold se réfugia à Vienne d’où il abdiqua le 21 juillet 1859 au profit de son fils Ferdinand IV. Comme beaucoup d’exilés royaux sur les terres des Habsbourg, il vécut en Bohême jusqu’à sa mort en 1870 à Rome. Entre temps Florence était devenue la capitale éphémère du nouveau royaume d’Italie.
La princesse Marie de Saxe
En 1817, il avait épousé la princesse Marie de Saxe avec laquelle il eut trois filles. Ce fut un couple uni. Elle mourut en 1832. Peu de temps après, le 7 juin 1833, il épousa Marie Antoinette de Bourbon-Siciles, fille du roi François Ier et de Marie Isabelle de Bourbon, infante d’Espagne. Née à Palerme le 19 décembre 1814, la princesse reçut son prénom en honneur de sa grand-tante la reine de France.
Marie-Antoinette des Deux-Siciles par Giuseppe Bezzuoli
Son père mourut quand elle avait onze ans et Marie-Antoinette en souffrit beaucoup. Sa mère était une femme frivole, qui menait une vie scandaleuse. La jeune princesse s'attacha alors à son frère, le nouveau roi Ferdinand II, qui l'aimait beaucoup, et à sa belle-sœur, la pieuse Marie-Christine de Savoie
À l'âge de dix-huit ans, elle fut demandée en mariage à la fois par Ferdinand-Philippe d'Orléans, fils aîné de Louis-Philippe Ier et par Léopold II, grand-duc de Toscane. Le roi Ferdinand II permit à sa sœur de choisir et Marie-Antoinette choisit Léopold. Le grand-duc, âgé de trente-sept ans, avait la réputation d'être un homme juste et honnête, attentif à son peuple et était surnommé le meilleur prince d'Europe
Le mariage de Léopold et Marie-Antoinette fut célébré à Naples le 7 juin 1833. À son arrivée à Florence, la nouvelle grande-duchesse fut très acclamée par le peuple en raison de sa beauté et parce qu'elle était italienne. Dans les premiers temps, elle rencontra des difficultés à s'adapter au mode de vie bourgeois de son nouveau peuple : habituée au peuple en haillons de Naples, elle ne pouvait comprendre de devoir faire l'aumône à des pauvres bien vêtus. Léopold  l’adorait. Marie-Antoinette comprit sa nouvelle patrie et elle aima Florence comme sa ville natale. Grande amatrice d'art et de musique, elle avait bon goût et fut une grande mécène d'artistes. Elle et son mari étaient des gens très simples et jouissaient d'une grande popularité. Le peuple ne les appelait pas Leurs Altesses impériales et royales mais, très informellement,  Sor Granduca et Sora Granduchessa (« Monsieur le Grand-duc » et « Madame la Grande-duchesse »). Ils allaient à des festivals et Marie-Antoinette, qui aimait la danse, dansait avec le peuple. 

Le couple grand-ducal
A leur retour d’exil en 1849, les temps avaient changé. Marie-Antoinette, soeur de Ferdinand II des Deux-Siciles fut détestée par l’aristocratie et la bourgeoisie qui avaient pris parti pour le futur royaume d’Italie.
Leur mariage fut très heureux et ils eurent dix enfants : cinq filles et cinq fils. Parents très présents et affectueux, ils souffrirent beaucoup lors du décès de chacun de leur quatre enfants morts en bas âge : Marie-Antoinette resta jusqu'à la fin avec chacun d'entre eux. Parmi ses enfants vivant jusqu’à l’âge adulte, il y eut Marie-Isabelle (1834-1901) qui épousa son oncle, François de Bourbon, comte de Trapani. Ferdinand IV, le prétendant au trône, (1835-1908) épousa Anne de Saxe (1836-1859) puis Alice de Bourbon-Parme (1847-1935) soeur de Robert Ier de Bourbon, duc de Parme et donc tante de l’impératrice Zita, Charles Salvator (1839-1882) époux de sa cousine germaine, Marie-Immaculée de Bourbon-Siciles, Marie-Louise (1845-1917) épouse du prince Charles d’Isenburg-Büdingen, Louis Salvator( 1847-1915) et Jean Népomucène (1852-1890). Cer denier ami de l’archiduc Rodolphe, le héros de Mayerling, fut connu sous le nom de Jean Orth et disparut en mer.
Le couple grand-ducal laissa un bon souvenir à Florence malgré les quelques années difficiles de la guerre pour l’unification de l’Italie. Léopold s’était toujours refusé à la violence et à la guerre. Et à la différence de son beau-frère, le roi des Deux-Siciles refusa de faire tirer sur le peuple. Il préféra partir avec dignité, conservant l’affection de ses sujets.
Léopold mourut à Rome le 23 janvier 1870 et Marie-Antoinette à Gmunden en Autriche le 7 novembre 1898.


Les Grandes Armes de Léopold II

II° - François Ier de Bourbon-Siciles  / Marie-Clémentine de Habsbourg-Lorraine, archiduchesse d’Autriche

François Janvier Joseph de Bourbon, naquit à Naples le 14 août 1777, fils de Ferdinand IV/I, roi de Naples et de Sicile, puis des Deux-Siciles, et de Marie-Caroline, archiduchesse d’Autriche, dont le couple a été vu plus haut.


François Ier des Deux-Siciles par  Giuseppe Martorelli 

Il porte le prénom de son grand-père maternel l'empereur romain germanique, François Etienne de Lorraine. Il devient héritier du trône quand son frère aîné meurt de la variole le 17 décembre 1778.
Sa parenté avec les souverains français est complexe : neveu de la reine Marie-Antoinette, il est le frère de reine Marie-Amélie, l'oncle de l'impératrice Marie-Louise et le grand-père du comte de Chambord.  Confronté à la Révolution Française, il suit sa famille réfugiée sur ses possessions siciliennes pendant l'occupation de du Royaume de Naples par les troupes françaises.  
François de Bourbon de Naples par Elisabeth Vigée-Lebrun
Deux fois, pendant qu'il est prince héréditaire, son père lui remet le gouvernement de l'État avec le titre de vicaire général (alter ego), une première fois en 1812, lorsque Lord William Bentinck impose à la Sicile une constitution anglaise, et une deuxième fois en 1820, lors du soulèvement de Naples et de Palerme

François Ier par Vicent López Portaña 
À la mort de son père en 1825, il monte sur le trône à l'âge de 48 ans mais ne règne que cinq ans et n'a pas le temps de réaliser de grand projet. Populaire car ayant professé des idées libérales en tant que prince héritier, il n'en mène pas moins une politique conservatrice voire répressive. Il est néanmoins très aimé de ses sujets bien qu'il vive dans la peur d'un attentat. 
En 1797, il épousa sa double cousine germaine, Marie-Clémentine de Habsbourg-Lorraine, archiduchesse d’Autriche, née le 24 avril 1777 à Florence, fille du grand-duc Pietro-Leopoldo et de Marie-Louise de Bourbon, infante d’Espagne. 

Marie Clémentine d'Autriche par Joseph Hickel 
Ils avaient en commun leurs quatre grands-parents, François Ier du Saint Empire et son épouse Marie-Thérèse d'Autriche, d’un côté et Charles III d'Espagne et son épouse Marie-Amélie de Saxe, de l’autre.
Le couple eut un enfant survivant, Caroline Fernande Louise de Bourbon, (1798-1870) princesse des Deux-Siciles, plus connue sous le nom de Marie Caroline, duchesse de Berry.
 Marie Caroline de Bourbon, duchesse de Berry par Jean-Baptiste Paulin
Marie-Clémentine est morte en couches le 15 novembre 1801, à Naples. 
François Ier se remaria avec sa cousine Marie Isabelle de Bourbon (1789-1848) infante d’Espagne, fille de Charles IV d’Espagne et de Marie-Louise de Parme, avec laquelle il eut douze enfants. 


Marie-Isabelle infante d'Espagne par Vicent López Portaña 

Une rumeur court selon laquelle Marie-Isabelle aurait pu être la fille de Manuel Godoy, premier ministre du roi, et dans ses accès d'humeur sa belle-mère, la reine Marie-Caroline, la traitait de "bâtarde épileptique engendrée par le crime et la scélératesse”. Cependant Marie-Isabelle était populaire car charitable envers les pauvres du royaume. Elle a laissé un bon souvenir dans l’imaginaire napolitain.


Marie-Isabelle de Bourbon par Giuseppe Cammarano 

III° - Charles-Louis de Habsbourg-Lorraine, archiduc d’Autriche / Marie-Annonciade de Bourbon-Siciles

Charles-Louis de Habsbourg-Lorraine est né à Schönbrunn le 30 juillet 1833. Frère cadet de François-Joseph et de Maximilien, il est le fils de l’archiduc François-Charles et de l’archiduchesse Sophie, née princesse de Bavière.

Archiduc Charles-Louis par Anton Einsle 

Pas plus que son père, François ne brilla dans la vie politique autrichienne. Comme lui, il fut un transmetteur. François-Charles vit son fils devenir empereur à sa place, Charles-Louis ne vit même pas son petit-fils, Charles le dernier empereur monter sur le trône. Il est supposé avoir été amoureux de sa cousine germaine, Elisabeth duchesse en Bavière, avec lequel il entretint une tendre correspondance. Mais Elisabeth épousa François-Joseph. Il est supposé également avoir mis sous le nez de son frère l’empereur les journaux véritables et non pas ceux que l’on imprimait spécialement pour l’empereur.
Catholique dévoué, frisant la manie, il mourut le 19 mai 1896, après avoir bu lors d’un voyage en Palestine l’eau du Jourdain, le fleuve du baptême du Christ. 
Charles-Louis se maria trois fois.

Charles Louis en 1861

La première fois il épousa sa cousine germaine, la princesse Marguerite de Saxe.  Le couple était heureux mais elle mourut en 1858, à l’âge de 18 ans.



 Princesse Marguerite de Saxe par Eduard Kaiser



Princesse Marie-Annonciade de Bourbon, princesse des Deux-Siciles vers 1862

Il se remaria quatre ans après avec Marie-Annonciade de Bourbon des Deux-Siciles. Née le à Caserte le 24 mars 1843, elle était la fille du roi Ferdinand II et de son épouse l’archiduchesse Marie-Thérèse, dont l’union a été vue ci-dessus. Comme de son mari, il n’y a pas grand-chose à dire sur sa vie. Elle mourut le 4 mai 1871 à Vienne.

Le couple eut quatre enfants. Le premier l’archiduc François-Ferdinand, né en 1863, qui épousa morganatiquement la comtesse Sophie Chotek, née en 1868, et fut assassiné avec elle à Sarajevo le 28 juin 1914. 

François-Ferdinand, Sophie et leurs enfants
Le deuxième fut l’archiduc Othon (1865-1906) qui épousa la princesse Marie-Josèphe de Saxe. Il fut le père de l’empereur Charles, dernier souverain autrichien. Connu pour sa débauche et son extravagance, l’archiduc Othon ne laissa que des souvenirs scandaleux, comme de s’être promené nu dans les couloirs de l’hôtel Sacher à Vienne ou au Prater, où il avait fait peindre son uniforme sur son corps. Un matin, il entraîna sas compagnons de débauche dans la chambre de sa femme et la leur montrant, il dit “Voici l’exemple de la vertu”. 
 Otton, Marie-Josèphe et leurs deux fils, Charles et Maximilien
Le troisième Ferdinand (1868-1915) eut la mauvaise idée d’épouser la fille d’un professeur de mathématiques ayant travaillé sur la théorie de la relativité de l’université de Munich, Berthe Czuber. Cela lui valut d’être exclu de la succession au trône d’Autriche et de s’appeler Ferdinand “Burg", laissant tomber le “Habs”. 

François- Charles Burg et son épouse Berthe

Enfin vint Marguerite ( 1870-1902) qui sagement épousa Albert ( 1865-1939) duc de Wurtemberg. Ils sont les ancêtres de Charles l’actuel duc de Wurtemberg et du comte de Paris.



 Marguerite d’Autriche et Albert de Wurtemberg

En troisième noces, Charles-Louis épousa, le 23 juillet 1873, Marie-Thérèse de Bragance, infante du Portugal et tante de l’impératrice Zita. 

Marie-Thérèse avec deux de ses beaux-enfants
Elle fut une femme tout-à-fait remarquable ayant pris en charge l’éducation des enfants de son mari, avec lequel elle eut deux filles, Marie-Annonciade(1876-1961), religieuse et Elisabeth (1878-1960) qui devint princesse de Liechstenstein. Elle est l’ancêtre de la famille souveraine actuelle. Elle défendit ardemment son beau-fils, François-Ferdinand, lors de son mariage avec Sophie Chotek. Il en fut de même lors des funérailles de ces derniers dont elle défendit les droits de leurs enfants, contre le Grand-Maître de la Cour, le Prince Montenuovo, qui refusait leur présence. Elle n'hésita pas à aller trouver l'empereur François-Joseph, son beau-frère, et le menacer de se retirer de la Cour. Or à l'époque, à la suite du décès de l'impératrice Elisabeth, elle était la première dame de l'Empire d'Autriche.


Charles-Louis d'Autriche et Marie-Thérèse de Bragance

IV° - François de Bourbon des Deux-Siciles, comte de Trapani / Marie-Isabelle d’Autriche-Toscane

François de Paule Louis Emmanuel Philippe de Bourbon, prince des Deux-Siciles, naquit à Naples le 13 août 1827, fils de François Ier (1777-1830) roi des Deux-Siciles, et de Marie-Isabelle de Bourbon (1789-1848) infante d’Espagne. 

François de Bourbon, comte de Trapani

A sa naissance, il reçut le titre de comte de Trapani ( une ville de Sicile). Il était destiné à l’Eglise et fut élevé dans ce sens. Mais en 1844, Louis-Philippe, qui était son oncle par alliance, eut l’idée de lui faire épouser la reine d’Espagne, Isabelle II. Elle avait trois ans de moins que lui et était à la fois sa cousine et sa nièce. L’ambassadeur de France près le Saint-Siège, le décrivit ainsi “ très laid, petit, l’air maladif, sans aucune expression d’intelligence.” Hésitant à l’épouser, malgré l’avis favorable de son frère le roi Ferdinand II, il fut finalement évincé par la reine d’Espagne, Marie-Christine, au profit de l’Infant François de Paule, autre cousin germain de la reine Isabelle II et notoirement homosexuel, qui le soir de ses noces était couvert de plus de dentelles que sa femme.

Isabelle II et son époux le duc de Cadix
François, comte de Trapani, fut un fidèle sujet de son frère et en était aimé car il ne cherchait en rien à intervenir dans les affaires du royaume.
Le 10 avril 1850, il épousa sa nièce l’archiduchesse Marie-Isabelle de Habsbourg-Toscane, fille du Grand-duc Léopold II et de la princesse Marie-Antoinette des Deux-Siciles, dont l’union a été vue ci-dessus. 

Marie-Isabelle d'Autriche-Toscane tenant dans ses bras sa fille et en même temps cousine
Il n’y a pas grand-chose à dire sur elle. Si elle fut bien entendu une épouse fidèle, mettant au monde six enfants, il n’en était pas de même pour son mari qui avait des faiblesses pour les dames de petite vertu.
A la mort de Ferdinand II, il fut de peu de secours pour son neveu François II face au Piémont-Sardaigne et à Cavour.
A la chute du Royaume des Deux-Siciles, le couple se réfugia à Rome jusqu’en 1870, puis à Paris où il mourut le 24 septembre 1892. Elle mourut à Lucerne le 14 juillet 1901.





















14/01/2020

Les mariages Habsbourg / Bourbons au début du XIXe siècle


I° - Ferdinand III de Habsbourg-Toscane / Louise de Bourbon-Siciles

Nous abordons la série des mariages uniquement familiaux, sans arrière-pensée politique.


Ferdinand III de Toscane par Joseph Dorffmeister 
Ferdinand Joseph Jean Baptiste de Habsbourg-Lorraine, archiduc d’Autriche, grand-duc de Toscane est né à Florence, le 6 mai 1769. Il est ke fils de l’empereur Léopold II et de Marie-Louise de Bourbon, infante d’Espagne, dont il a été question ci-dessus. 
Comme tous ses frères et soeurs, il reçut une éducation soignée dans le cadre familial, à Florence. Son frère François, devenu empereur en 1792, il était lui-même devenu grand-duc de Toscane en 1790, lorsque leur père accéda à la dignité impériale. 

Ferdinand III au début du XIXe
En 1792, il fut le premier souverain à reconnaître la République française avec laquelle il tenta des approches de paix. Mais Anglais et Russes réussirent à se joindre à la Première Coalition contre la France. Il n’était pas très enthousiaste et se contenta d’une aide passive. Après les premières victoires de la France, il quitta la coalition le 1er mars 1795 et déclara la Toscane neutre. Il entretint de bonnes relations avec la France jusqu’à ce que les troupes  révolutionnaires établissent un nouveau gouvernement à Florence. Il dut renoncer à son trône par le Traité d’Aranjuez en 1801. Napoléon créa le royaume d’Etrurie au profit des Bourbons de Parme. Plus tard le grand-duché de Toscane fut attribué à Elisa Bonaparte, princesse de Lucques et Piombino. 
En compensation de la perte du grand-duché, Ferdinand III reçut l’Electorat de Salzbourg et fut créé prince du Saint-Empire. En 1806, à la dissolution du Saint-Empire, il fut créé grand-duc de Würburg. 
Le 30 mai 1814, après la défaite de Napoléon, il retrouva la Toscane. Grande âme, il recueillit sur ses états les membres de la famille Bonaparte, désormais en exil. 

Louise de Bourbon, princesse de Naples par Elisabeth Vigée Lebrun
Le 15 août 1790, il avait épousé sa double cousine germaine Louise Marie de Bourbon, princesse de naples et de Sicile, fille de Ferdinand IV et de Marie-Caroline d’Autriche.
Le couple eut six enfants dont trois atteignirent l’âge adulte. Parmi eux, il y eut Léopold II dont l’union sera évoquée plus loin.

Le couple grand-ducal semble avoir été heureux pendant les douze ans de leur vie commune. Louise mourut en couches le 19 septembre 1802. Il est difficile de dire que leur union servait des intérêts politiques. Habsbourg-Lorraine et Bourbons de Naples tous les deux, leur mariage ne changeait rien à la politique européenne.

Les idées du grand-duc, qui mourut à Florence le 18 juin 1824, étaient libérales comme celles de son père. Sa position en faveur de la France et des idéaux républicains fut bien mal récompensée.

Louise de Bourbon de Naples, grande-duchesse de Toscane
par Joseph Dorffmeister


II° - Léopold Michel de Bourbon-Siciles, prince de Salerne / Marie-Clémentine de Habsbourg-Lorraine 

Nous avons déjà rencontré  Lépold prince de Salerne et Marie-Clémentine, archiduchesse d’Autriche, en relatant la vie de leurs parents respectifs. 

Le prince de Salerne en 1842 par Daffinger
Léopold est le quinzième enfant de Ferdinand Ier, roi de Naples et de Sicile et de Marie Caroline de Habsbourg-Lorraine. Marie-Clémentine est la fille de François Ier et de son épouse Marie-Thérèse de Bourbon des Naples. Il se trouve que Léopold est le frère de Marie-Thérèse, impératrice d’Autriche. En 1816, il épouse donc sa nièce. 

Archiduchesse Marie-Clémentine enfant par Joseph Hickel
Né au début de la Révolution, il en sera l’ennemi comme ses parents.
Les victoires de l'armée Française obligent sa famille à fuir Naples et à se réfugier en Sicile , Léopold étant âgé de huit ans. Pour un temps la République y est donc instaurée, puis rapidement reprise par les monarchistes napolitains. Mais en 1805, puis en 1808, ce sont à nouveau des princes français qui montent sur le trône de Naples, Joseph Bonaparte en premier, puis Joachim Murat. Léopold est avec ses parents dans leur royaume de Sicile. On pense à lui pour un trône espagnol en Amérique latine. Mais ce projet n’aboutira pas car son oncle Charles IV abdique en Espagne et Joseph Bonaparte y monte sur le trône. 
Marie-Clémentine, princesse de Salerne
Léopold restera donc un prince des Deux-Siciles, nouveau royaume créé en 1816, qui fait de son père Ferdinand Ier et non plus Ferdinand IV. Son frère François devient roi des Deux-Siciles, à la mort de leur père en 1830. 
Léopold voit successivement sa nièce Marie-Louise devenir impératrice des Français et sa soeur, Marie-Amélie, devenir reine de Français. 
Il n’y a pas grand chose à dire sur sa vie pas plus que sur celle de sa femme, cousine à la fois de l'Aiglon et de François-Joseph.
La duchesse d'Aumale par l’atelier de Franz Xavier Winterhalter 
Leur fille unique, Marie-Caroline (1822-1869) devint duchesse d’Aumale, en épousant son cousin germain, le fils de Louis-Philippe et de Marie-Amélie.
Le duc d'Aumale par l’atelier de Franz Xavier Winterhalter 
Le prince de Salerne est donc à la fois l'oncle, le grand-oncle et le beau-père du duc d’Aumale. Il meurt le 10 mars 1851. Son neveu est encore roi des Deux-Siciles. Son épouse lui survivra trente ans, vivant auprès de sa fille et de son gendre, en exil à Twickenham en Grande-Bretagne, puis à Chantilly, une fois la loi d’exil touchant les princes d’Orléans, abrogée. Elle meurt le 13 septembre 1881. Le royaume des Deux-Siciles n’existe plus depuis vingt ans.

Marie Caroline de Bourbon-Siciles par Franz Schrotzberg 


III° - Ferdinand II de Bourbon-Siciles / Marie-Thérèse d’Autriche-Teschen

Ferdinand II par  Giovanni Salomone
Ferdinand II de Bourbon-Siciles est né à Palerme, alors capitale du royaume de Sicile, le 12 janvier 1810, fils de François Ier et de son épouse et cousine germaine, Marie-Isabelle de Bourbon, infante d’Espagne.
Il fut populaire durant les premières années de son règne, commencé le 28 novembre 1830. On le disait d’opinions libérales et proches des classes populaires napolitaines. En effet, à peine sur le trône il porta la plus grande attention à l’impartialité de la justice, à la réforme des finances, bref à réparer les blessures du royaume. Il déclarait vouloir le bonheur de son peuple. Moderniste, il fit construire le premier chemin de fer italien, entre Naples et Portici, il fit construire le premier bateau à vapeur de la Méditerranée. Il fit aussi établir une liaison télégraphique entre Naples et Palerme.

Ferdinand II par  Giuseppe Bonolis
Mais les choses se gâtèrent en 1837 par la répression des Siciliens qui voulaient une constitution.  Puis vinrent les révolutions de 1848 qui l’obligèrent à octroyer une charte constitutionnelle du type de celle de 1830 en France. Mais, malgré, cela il retourna vers une méthode autoritaire de pouvoir, par la dissolution du parlement le 13 mars 1849. Il avait auparavant fait bombarder la ville de Messine après que les Siciliens aient proclamé sa déchéance. Cela lui valut le surnom de “Re Bomba”, “roi Bombe”. Entre 1848 et 1851, on compte 2000 prisonniers politiques.
Les appréciations négatives du Premier Ministre britannique, Gladstone, sur le royaume des Deux-Siciles nuisirent considérablement à sa réputation en Europe, au point que la France et Royaume-Uni rappelèrent leurs ambassadeurs en 1856.

Ferdinand II vers 1850
Le 8 décembre 1856, le jour de l'Immaculée Conception, Ferdinand assiste à Naples à la messe avec sa famille, des hauts fonctionnaires et de nombreux nobles de sa suite. Après la célébration, le roi passe en revue ses troupes sur le Champ de Mars. À ce moment, le soldat calabrais Agesilao Milano se jette sur le roi et réussit à le blesser d'un coup de baïonnette. Secoué par l'attaque qui ne l'a que blessé, Ferdinand ne se remet pas complètement de cette blessure et sa mort moins de trois ans plus tard est due à une septicémie consécutive à la blessure. 
Selon d'autres sources, la maladie de Ferdinand II commence pendant le voyage qu'il fait dans les Pouilles entre le 8 janvier et le 7 mars 1859 pour accueillir sa future belle-fille, Marie-Sophie de Bavière, sœur de l'impératrice Élisabeth d'Autriche
Les médecins diagnostiquent un abcès à l'aine de l'artère fémorale et souhaitent enlever l'abcès manuellement grâce à la chirurgie. Mais les proches du roi, en particulier la reine Marie-Thérèse d'Autriche-Teschen, le duc de Calabre, et l'intendant Mandarini, craignent de confier l'opération à un médecin connu pour être un libéral, qui avait même rejoint les Carbonari en 1817
Après avoir hésité et reporté l'opération pendant près d'un mois, Ferdinand II décide soudainement de quitter Bari pour Caserte le 7 mars 1859, en dépit de l'avis contraire du médecin Longo. Ferdinand atteint son palais dans des conditions terribles, et tous les médecins de la cour, Trinchera, Capone, Renzo, Lanza Palasciano, reconnaissent le bon diagnostic et le traitement préconisé par Nicolas Longo deux mois auparavant. Une nouvelle opération est tentée, mais il est trop tard. Ferdinand II meurt à Caserte le 22 mai 1859.
Ferdinand avait épousé en 1832, Marie-Christine de Savoie, qui mourut quatre ans après, laissant un fils qui sera le tueur François II, dernier roi des Deux-Siciles. Marie-Christine a été béatifiée par l’Eglise catholique en 2014.
Archiduchesse Marie-Thérèse,
en sa qualité d'abbesse du Chapitre Noble de Prague
En secondes noces, le 9 juin 1837, il avait épousé l’archiduchesse Marie-Thérèse d’Autriche-Teschen, née le 31 juillet 1816 à Vienne. Son père était l’archiduc Charles, frère de l’empereur François Ier, vainqueur de Napoléon à Aspern, et de la princesse Hanriette de Nassau-Weilburg. Il avait été envisagé par le roi Louis-Philippe de marier son fils aîné, le duc d'Orléans, avec elle. Lors de   la venue du prince à Vienne, sa demande officieuse ne fut pas agréée par la Cour, et notamment par l'archiduchesse Sophie, qui ne voulait pas d'une union avec celui qu'elle considérait encore comme un usurpateur. 
La réputation de Marie-Thérèse  n’est pas fameuse. Outre qu’elle semblait négligée sur le plan personnel, ne correspondant en rien à l’image d’une reine, elle eut une influence politique sur son mari qui conduisit à la catastrophe. Réactionnaire, elle encouragea les liens avec le pape et avec l’Autriche et les Etats dépendant d’elle, coupant les Deux-Siciles des puissances libérales et ouvrant la porte à son annexion par le royaume de Piémont-Sardaigne. Lorsqu’elle ne pouvait assister au conseil des ministres, elle écoutait à la porte. A la mort de son mari, elle influença son beau-fils François dans le sens de la réaction et s’aliéna la sympathie de sa belle-fille, Marie Sophie , et plus largement l’opinion libérale du royaume. Elle pensa même faire déposer François au profit de son fils aîné, le comte de Trani. Elle mourut du choléra le 8 août 1867, dans le royaume d’Italie que son incompétence et son obstination avait aidé à créer. 
Marie-Thérèse de Habsbourg-Lorraine, reine des Deux-Siciles
Ferdinand et Marie-Thérèse s’entendirent bien sur le plan personnel. Il l’appelait “Néné” ou “Tété”, constituant un couple à la limite du vulgaire, sous les yeux effarés de leur belle-fille Marie-Sophie, habitué au raffinement de sa famille.
Le couple eut douze enfants dont dix atteignirent l’âge adulte. Nous retrouverons deux d’entre eux dans les chapitres suivants.
Pour les autres, il est possible de se reporter à l’article sur Marie-Sophie l’héroïne de Gaète, publié sur Noblesse et Royauté. 

Si l’histoire est souvent écrite par les vainqueurs, il est difficile d’exonérer Ferdinand et Marie-Thérèse de leur responsabilité dans la disparition du royaume des Deux-Siciles, héritier des royaumes de Naples et de Sicile, parmi les plus anciens et prestigieux de l’histoire européenne. 
Ferdinand, Marie-Thérèse et leurs enfants
par Giuseppe Camaranno

12/12/2019

Les grands mariages Habsbourg Bourbons au XIXe siècle. François I/II d'Autriche et Marie-Thérèse de Bourbon des Deux-Siciles


Armes de François II, empereur romain germanique 
François de Habsbourg-Lorraine est né à Florence le 12 février 1768, où son père Pietro-Leopoldo y est grand-duc. Il sera en 1790 empereur romain germanique sous le nom de Léopold II. Sa mère est Marie-Louise de Bourbon, infante d’Espagne, fille de Charles III roi d’Espagne et Marie-Louise de Saxe.

François en 1770 à 2 ans par  Anton Raphael Mengs
Il reçoit le prénom de son grand-père paternel, l'empereur François Ier décédé trois ans plus tôt. Sa grand-mère paternelle, Marie-Thérèse, que l'Europe surnomme avec respect "la grande" ou simplement "l'impératrice"  est à la nouvelle de la naissance de son premier petit-fils, folle de joie de voir sa dynastie consolidée, courut au Burgtheater qui jouxte le palais impérial et s'écria en patois viennois : "notre Poldi à un gamin". François n’avait que douze ans à sa mort.
Elevé en Toscane, l'éducation du jeune archiduc est marquée par la culture Italienne. Il en parle parfaitement la langue et celle-ci restera sa langue favorite tout aux long de sa vie. Il parle, bien entendu l’allemand et le français. 
Il eut une enfance heureuse au milieu de ses frères et soeurs, dans l’ambiance familiale que ses parents avaient su créer, suivant eux-même de près l’éducation de leurs enfants. Il a été su rapidement qu’il serait l’héritier des trônes de la Maison d’Autriche. Comme il a été vu, son oncle l’empereur Joseph II n’avait pas d’enfants. Aussi en 1784, à seize ans, il quitta Florence pour parfaire son éducation en vue de la succession impériale. C’est Joseph II lui-même qui prit en charge son éducation. Il le trouvait mou, attardé, enfant gâté. François était loin de l’indulgence de la Cour de Florence. Mais il craignait et admirait à la fois son oncle. Il avait conscience qu’il ne lui voulait que du bien en le formant à la dure. Pour parfaire son éducation, il fut envoyé dans un régiment stationné en Hongrie. 
François II, empereur romain germanique en 1792
en tenue du couronnement
A la mort de Joseph II, il agit au nom de son père qui venait de Toscane pour monter sur ses trônes. François prit alors goût à l’exercice du pouvoir. La maladie puis la mort de son père, à l’âge de quarante quatre ans,  au début de 1792, firent de lui l’empereur à l’âge de vingt quatre, plus jeune qu’il ne l’avait souhaité.

Elisabeth de Würtemberg par Johann Baptist von Lampi l'ancien
En 1788, il avait épousé épouse Elisabeth de Würtemberg (1767-1790), fille du duc Frédéric-Eugène de Wurtemberg et Frédérique-Dorothée de Brandebourg-Schwedt et belle-sœur du tsar Alexandre Ier de Russie.  Une fille naît mais elle meurt à un an.
A peine six mois après la mort de sa première femme, soit le 15 septembre 1790, il épousa sa double cousine germaine, Marie-Thérèse de Bourbon, princesse de Naples et de Sicile, fille de Ferdinand Ier et de Marie Caroline.

Marie Thérèse de Bourbon de Naples vers 1802 par Johann Baptist von Lampi l'Ancien
François fut veuf trois fois et se remaria chaque fois très peu de mois après son veuvage. Après Marie-Thérèse, il épousa en 1808, sa cousine Marie Louise d’Autriche-Este (1787-1816 ) 
 Marie-Louise d’Autriche-Este
puis en 1816,  Charlotte de Bavière. Il n’eut aucune issue de ses dernières épouses. Cet appétit au mariage peut s’expliquer par l’appétit sexuel de François, qui en bon catholique n’imaginait sans doute pas l’oeuvre de chair en dehors des liens du mariage. La nouvelle elle impératrice était fille du roi de Bavière, soeur de la princesse Auguste qui a épousé le prince Eugène de Beauharnais et de l'archiduchesse Sophie qui a épousé l'archiduc François-Charles. Elle fut donc la belle-mère de sa soeur.
Charlotte, dite Caroline Augusta, de Bavière par Franz Schrotzberg 
François eut à faire face aux guerres de la Révolution et de l’Empire, dont il fut l’ennemi acharné.
Il ne fut pas d’un grand secours à Louis XVI et Marie-Antoinette, sa tante. Il était indifférent à leur sort et leur mort ne fut pas une tragédie pour lui. Il avait refusé la négociation ouverte par Danton pour échanger Marie-Antoinette.


François II au moment de la Révolution française
Il serait fastidieux d’énumérer l’ensemble des guerres qu’il eût à mener et les batailles qu’il perdit.
Le 6 août 1806, il prononça la dissolution du Saint-Empire Germain Germanique, sous lequel il régnait comme François II et devient le premier empereur d’Autriche sous le nom de François Ier.


François, empereur d'Autriche par Friedrich von Amerling
En 1813, dans la coalition contre Napoléon, il joua un rôle majeur dans sa défaite et c’est à Vienne que débuta le Congrès de la Paix, sous les auspices de son ministre le prince de Metternich.
Sous son règne se développa une police et une censure de garde envergure. Il avait même jusqu’à faire espionner sa propre famille. Dans sa vie privée, il était un homme simple et abordable pour tous ses sujets.

Il est difficile de dire que son mariage avec sa cousine napolitaine fut un mariage politique. Ce fut un mariage de convention entre membres de la même famille. A partir de ce mariage, toutes les unions qui suivirent entre la Maison de Bourbon et la Maison d’Autriche n’eurent plus qu’un caractère familial.


La famille impériale par Josef Kreutzinger  en 1805
La jeune princesse napolitaine était l’aînée de sa fratrie. Ce fut  un mariage heureux fondé sur une bonne intelligence mutuelle, malgré la différence de caractère. les différences de personnalité.  François a été décrit comme un personnage mélancolique, timide, réservé, sérieux, avec une préférence pour un style de vie spartiate, avec une apparence pâle et hagard. 


Marie-Thérèse de Bourbon de Naples par Élisabeth Vigée-Le Brun en 1790.
Marie-Thérèse, quant à elle, a été décrite comme une blonde aux yeux bleus et gracieux, aux lèvres charnues, mais au nez large, à la personnalité vive, au tempérament chaud et au caractère sensuel.
Marie-Thérèse s’est très bien adaptée à sa nouvelle vie et à son nouvel environnement. Elle n’avait pas le mal de son Naples natal. Elle aimait les divertissements et participait avec enthousiasme à la vie de cour. Elle aimait danser, participer à tous les bal de la cour même pendant ses grossesse. Elle a particulièrement apprécié la valse, introduite récemment et devenue à la mode durant sa vie à Vienne.

Selon la princesse Hedwige de Holstein-Gottorp, dans son journal lors de sa visite à Vienne en 1798–1799, l’impératrice était réputée d’une jalousie telle qu'elle ne permettait à François  de participer à la vie sociale sans elle ou de rencontrer d'autres femmes. On disait qu’elle était si passionnée qu’elle épuisait son époux. Malgré ses qualités, ses dons, sa charité, elle n’était pas aimée des Viennois qui lui reprochaient son intolérance et sa volonté d’isoler l’empereur. Ils la trouvaient vaine. Selon un témoin, François qui était seul un jour dans le jardin, la vit venir et lui dit :  “Ne peux-tu jamais me laisser seul pour que je puisse respirer un instant? Pour l'amour de Dieu, ne me suis pas tout le temps.” 



François II
Elle ne fut pas sans influence sur la vie politique du pays car elle conseillait son mari et l’encourageait dans sa politique anti-française, contre Napoléon. 
On peut imaginer que le mariage de sa fille ainée, Marie-Louise, avec “l’ogre corse” n’eut pas été de son goût


Marie-Louise impératrice des Français par Jean-Baptiste Isabey 
Le couple eut douze enfants, dont sept atteignirent l’âge adulte. Outre Marie-Louise, ils eurent Ferdinand (1795-1873), empereur  malgré une débilité certaine.


Archiduc Ferdinand, futur empereur
Puis vinrent Marie Léopoldine (1797-1826)  devenue impératrice du Brésil, 


Archiduchesse Marie-Léopoldine, impératrice du Brésil 
par Joseph Kreutzinger en 1815

Marie Clémentine (1798-1881) qui épousa son oncle, Léopold de Bourbon de Naples, prince de Salerne, frère de l'impératrice Marie-Thérèse et de la reine des Français, Marie-Amélie.


Archiduchesse Marie-Clémentine, princesse de Salerne,
belle-mère du duc d’Aumale par Johann Peter Kraft

Marie Caroline 1801-1832) princesse héritière de Saxe, 


Archiduchesse Marie-Caroline, princesse héritière de Saxe

François-Charles 1802-1878) époux de Sophie de Bavière, 


Archiduc François Charles
par Ferdinand Georg Wal
dmüller

Maria Anna (1804-1858), souffrant de débilité mentale.


Archiduchesse Maria-Anna

L’empereur François adorait son petit-fils, Franz, fils de Napoléon et de Marie-Louise. Il le titra duc de Reischtadt et essaya de lui rendre la vie la plus agréable possible, compte tenu de l’absence de son père. Le précepteur avait reçu l’ordre de ne pas lui appeler de Napoléon, mais si l’enfant posait une question à son sujet, il était hors de question de lui en dire du mal. Le jeune prince fut aussi aimé par tous ses oncles et tantes.
Elle mourut en couches le 13 avril 1807. François mourut le 2 mars 1835, laissant le souvenir d’un patriarche entouré et aimé de ses enfants et de ses sujets. Ses funérailles furent grandioses. 
Son fils Ferdinand n’aurait pas dû lui succéder. Il était convenu que François-Charles, avec l’aide de son épouse, l’archiduchesse Sophie, monte sur le trône. Metternich au nom du principe de légitimité en décida autrement. En fait il voulait conserver la haute main sur la politique impériale et continuer la “Sainte-Alliance”, ce qui ne fut pas du goût de l’archiduchesse Sophie qui aurait aimé voir son mari monter sur le trône et dirigé le pays à travers lui.



Armes de l’empereur d’Autriche