08/11/2018

« Les oubliées de la victoire. Les femmes dans la guerre de 1914. »

En ce centenaire de la victoire de la Première Guerre Mondiale, il convient de se rappeler que les femmes si elles ont largement contribué à l'effort de guerre à l'arrière, elles ont aussi été au front.




Pour Martine Gasquet, « Face à l’injustice de l’Histoire qui n’a retenu de la guerre de 1914 que l’héroïsme de ses soldats, il est temps de rappeler le rôle essentiel des femmes durant ce conflit. Les hommes partis au front, la France se tourne vers celles qui les ont silencieusement accompagnés jusqu’alors. Dans l’anonymat le plus complet, les femmes accomplissent des travaux physiques hors du commun. Les immenses terres agricoles sont désormais entre leurs mains afin que la nation ne meure pas de faim. Les industriels ne pourraient pas faire face aux besoins en armement sans les munitionnettes et leurs douze heures de présence quotidienne dans les usines.
Sur le devant des tribunes, des personnalités fortes voient le jour. Féministes et pacifistes décrient les horreurs et le non-sens des combats. Certaines d’entre elles, telle Edith Warthon, inventeront un journalisme de guerre en se rendant dans les zones d’occupation.
La souffrance des soldats est si grande que des femmes courageuses, à l’image de la reine Élisabeth de Belgique, mettent toute leur énergie à sauver des vies et réussissent même à convaincre les états-majors de l’absolue nécessité d’utiliser les « petites Curie » sur les champs de bataille. Leur détermination les conduira jusque dans les premières lignes de tir que Marthe Richard, aviatrice hors pair, survolera dans son appareil.
Dans le jeu de la guerre apparaît aussi un nouveau métier : l’espionnage. Mais bien loin de l’image sulfureuse de Mata Hari, Louise de Bettignies invente le maillage de la Résistance. Victorieuses, mais oubliées : la réalité de l’Histoire s’exprime dans ce paradoxe. La femme moderne peut enfin naître. »

Voici quelques unes des  héroïnes dont la mémoire est évoquée par Martine Gasquet.


Louise de Bettignies
1880-1918
Louise Marie Henriette Jeanne de Bettignies, née le 15 juillet 1880 à St-Amand-les-Eaux, morte le 27 septembre 1918 à Cologne, est un agent secret français qui espionna, sous le pseudonyme d’Alice Dubois, pour l’armée britannique.
Née dans une famille noble du nord de la France, elle fit d’excellentes études et apprit à maîtriser parfaitement l’anglais, l’allemand et l’italien.
On lui offrit d’être la gouvernante des enfants Hohenberg, fils de l’archiduc François-Ferdinand, poste qu’elle refusa.
Dès octobre 1914, elle décida de faire de la résistance à l’occupant allemand de la ville de Lille. Mgr Charost, évêque de Lille, lui demanda de transporter du courrier en France libre. elle voyagea sous le pseudonyme d’Alice Dubois. Dès lors, formée à l’espionnage, par les services secrets britanniques, elle organisa un vaste réseau de renseignement dans le nord de la France pour le compte de l’armée britannique. Elle sauva la vie de plus d’un millier de soldats britanniques. Elle transmit au gouvernement français l’information d’une gigantesque attaque préparée par les Allemands à Verdun pour le début 1916. Elle ne fut pas vue.
Le 20 octobre 1915, elle fut arrêtée par les Allemands près de Tournai. Condamnée à mort, sa peine fut commuée en prison à perpétuité et transférée à la prison de Siegburg où elle fut mise à l’isolement dans un cachot noir et humide. On lui refusa les soins exigés par sa santé. elle mourut le 27 septembre 1918 d’un abcès pleural. Elle fut rapatriée en France le 21 février 1920. Elle reçut à titre posthume, la croix de la Légion d’Honneur, la Croix de Guerre avec palme, la médaille militaire anglaise et fut faite officier de l’Ordre de l’Empire Britannique.




Edith Cavell
1865-1915
Edith Louisa Cavell, née le 4 décembre 1865 en Angleterre et décédée le 12 octobre 1915 en Belgique, est un infirmière britannique fusillée par les Allemands pour avoir permis l’évasion de centaines de soldats alliés de la Belgique alors sous occupation allemande.
Agent secret britannique, elle a abandonnée son activité pour aider les soldats alliés à passer de la Belgique vers les Pays-Bas, grâce à un réseau d’évasion organisé par les Belges. Les membres du réseau furent arrêtés en juillet 1915. Edith Cavell ne se défendit pas lors de son procès admettant ce qui lui était reproché. Malgré une campagne internationale en sa faveur, elle fut fusillée. Selon le pasteur luthérien qui l’a assistée, elle “a professé sa foi chrétienne et, en cela, elle était heureuse de mourir pour son pays…Elle est morte en héroIne.” Le roi george V assista au service célébré à Westminster lors du transfert de ses cendres.

Princesse Marie de Croÿ
1875-1968
S.A.S. Marie Elisabeth Louise de Croÿ, princesse de Croÿ et de Solre, est née à Londres le 26 novembre 1875 et morte à Saint-Benin-d’Azy est une aristocrate belge qui, aux côtés d’Edith Cavell, organisa un réseau de résistance et de renseignement contre l’armée allemande. Elle a été arrêtée, déportée à la prison de Sieburg et condamnée à dix ans de travaux forcés. Les interventions du roi d’Espagne et de Mgr Pacelli, alors noce apostolique, lui auraient permis d’être libérée, ce qu’elle refusa car ses compagnes de prison, dont la baronne Marthe Boël, ne pouvaient bénéficier de la même faveur. 
Admise à l’hôpital de Bonn, le 4 août 1917, elle fut libérée le 13 novembre 1918. Elle était très liée avec la reine Elisabeth de Belgique et la reine Marie de Grande-Bretagne. Durant la deuxième Guerre Mondiale, elle eût le même comportement héroïque. Elle fut faite chevalier de l’Ordre de Léopold et de l’ordre de la Légion d’Honneur. 


Marie Marvingt
1875-1963
Marie Félicité Elisabeth Marvingt est née le 20 février 1875 à Aurillac et morte le 14 décembre 1963 à Laxou.
Infirmière, licenciée en Lettre, parlant sept langues, elle fut un pionnière de l’aviation et l’un des meilleures alpinistes du début du XXe siècle. Elle est aussi la femme la plus décorée de France, avec trente décorations dont la Légion d’Honneur et la Croix de Guerre avec Palmes.
Déguisée en homme, elle a participé à plusieurs actions militaires dans les tranchées. Découverte, elle fut renvoyée, mais avec l’aval du maréchal Foch elle fut intégrée dans le 3ème Régiment de Chasseurs alpins dans les Dolomites italiennes et oeuvra pour l’évacuation et la prise en charge des blessés, en terrain montagnard, intervenante volontaire de la Croix-Rouge.
En 1915, elle effectua sa première opération de bombardement d’une caserne allemande à Metz, première femme au monde à être engagée dans l’aviation militaire à effectuer des missions de combat aérien.

Marie Curie
1867-1934
Marie Skłodowska-Curie n’est pas à présenter. Elle est une des gloires de la recherche scientifique mondiale .
En 1914, dès la déclaration de guerre, avec l’aide de la Croix-Rouge, elle participe à la conceptions de dis-huit unités chirurgicales mobiles, des ambulances radiologiques, surnommées “le petites Curies”. Ces véhicules se rendant au plus près des champs de bataille, évitant ainsi aux blessés la longueur et les aléas d’un transport, permettent de prendre des radiographies des malades, utiles à déterminer la position des éclats d’obus et de balles, facilitant ainsi l’opération chirurgicale.
La première unité mobile a été  construite par elle en empruntant la voiture de la princesse de Polignac. Elle a aussi participé à al création de 150 potes fixes de radiologie dans les hôpitaux militaires.
Née le 7 novembre 1867 à Varsovie, elle est morte au sanatorium de sancellemoz, en Savoie, le 4 juillet 1934.
Elle a obtenu deux prix Nobel, événement dont la presse française ne fit pas mention en ces périodes de xénophobie, alors que l’étudiante polonaise est aujourd’hui une des gloires de la France et repose au Panthéon. 

Anne de Rochechouart de Mortemart, duchesse d'Uzès
1847-1933
Née le 10 février 1847 à Paris et décédée au château de Dampierre le 3 février 1933, la duchesse d'Uzès fut une des femmes les plus remarquables de son époque.
Pionnière de l'automobile, Maître d'équipage, membre pour un temps de la Société Protectrice des Animaux, amie de Louise Michel, elle eut aussi sa part dans la Première Guerre Mondiale. Elle constitua, sur l'intervention du chirurgien militaire Maurice Marcille,  convaincu de la nécessité de soigner au plus vite certaines plaies de guerre, un centre de soins mobile, constitué de 3 à 4 camions transportant 4 équipes chirurgicales, 4 tables d’opération et du matériel de radiologie ; cette structure “autochirugicale”, permettait d’opérer jusqu’à 60 blessés par jour au plus près du front. 
Elle présida après la guerre l'Œuvre dite des bons-enfants (protection des veuves et orphelins de la guerre 14-18). Elle fut faite Officier de la Légion d'Honneur.

Elisabeth de Wittelsbach, duchesse en Bavière, reine des Belges
1876-1965
La reine Elisabeth, fille du grand ophtalmologue, Théodore de Wittelsbach, duc en Bavière, et de Marie-Josèphe de Bragancee, infante du Portugal, est la nièce de l'impératrice Elisabeth, cousine germaine de l'impératrice Zita mais surtout épouse d'Albert Ier, roi des Belges, "le roi-soldat", avec lequel elle constitua un couple remarquable. Elle fut aussi surnommée "la reine-infirmière".
L'action des souverains pendant la Première Guerre Mondiale leur vaut une admiration justifiée.
Si elle ne travailla pas tous les jours comme infirmière, comme le dit la légende, elle ne fut pas moins active dans les soins donnés aux blessés et un réconfort par son soutien moral constant. Elle servit aussi d'agent de liaison entre son époux et le gouvernement britannique.
Née le 25 juillet 1876 à Possenhofen, elle est donc une princesse allemande. Horrifiée par l'attitude des armées de Guillaume II avec le consentement de ce dernier, elle prononça les mots célèbres "Entre eux et moi, un rideau de fer est tombé". Expression désormais utilisée mondialement. 
Elle est morte à Laeken, le 23 novembre 1965.
Avec ses idées sociales avancées, sa grande liberté d'esprit, son amour et sa pratique de musique, la reine Elisabeth est un des personnages féminins le plus remarquable dans le cercle des familles royales.

La liste de ces grandes dames qui toutes participèrent directement à l'effort de guerre, engagées dans la lutte contre la barbarie des armées impériales allemandes, est longue et ne saurait être limitée à ces quelques noms.

La lecture de l'ouvrage permettra à ceux que cela intéresse d'en savoir plus sur elles.



« Les oubliées de la victoire. Les femmes dans la guerre de 1914. », Martine Gasquet, Editions Giletta, 2015, 240 p.

08/10/2018

Château de Vayres, une résidence royale


Construit avant le XIème siècle, le château de Vayres, est situé dans un site majestueux sur les bords de la Dordogne à quelques kilomètres de Bordeaux.

Du donjon initial, en pierres, il ne reste rien. Amanieu d’Albret en devient le seigneur au XIIIème siècle. Il le fortifia et pour trois siècles le destin du château fut lié à celui de la famille d’Albret.
En 1326, Bérard d’Albret prit le parti du roi d’Angleterre, Edouard II, alors suzerain de la Guyenne, mari d’Isabelle de France, la fille de Philippe IV le Bel. Cette décision permit à son propriétaire, par les largesses qu’il reçut du roi, d’agrandir le château et de le transformer en une forteresse à la position stratégique majeure. De cette période subsistent de nos jours le donjon, le châtelet d’entrée et les douves qui ne furent jamais en eau.


La Guerre de Cent ans fut une période difficile pour ce château dont les propriétaires changèrent de camps plusieurs fois, tantôt soutenant les Anglais, tantôt les Français.
Il eut ensuite parmi ses propriétaires célèbres, César Borgia (1475-1507), duc de Valentinois et de Romagne, prince d’Andria et de Venafro etc…capitaine général de l’Eglise et cardinal. Fils du pape Alexandre VI et de sa maîtresse Vanozza Cattanei, il eut Lucrèce Borgia, duchesse de Modène et de Ferrare, ancêtre de toutes les maisons royales actuelles, pour soeur. 

César Borgia
duc de Valentinois
Il épousa en 1499, Charlotte d’Albret, soeur du roi de Navarre, Jean III. Sa fille, Louise Borgia (1500-1553), duchesse de Valentinois épouse successivement de Louis II de la Trémoïlle et de Philippe de Bourbon, baron de Busset, le restitua à son propriétaire légitime, Henri d’Albret, roi de Navarre, grand-père de Henri IV.

Jeanne d'Albret
reine de Navarre

Ce dernier en hérita de sa mère Jeanne d'Albret, reine de Navarre et y résida souvent, mais à cours de ressources, il le vendit en 1583 à Ogier de Gourgue, Président des trésoriers des finances de Guyenne.

Henri IV à l'époque où il prit possession du château
Le château médiéval fut alors transformé par son nouveau propriétaire, riche et puissant, en une magnifique résidence d’agrément comme la Renaissance sut en produire tant. Louis de Foix, sans rapport avec la famille princière, fut l’architecte qui présida à la transformation. Les magnifiques façades de la cour d’honneur sont son oeuvre. Il eut aussi à son actif le phare de Cordouan, dans l’embouchure de la Gironde.



Au XVIIème siècle, les Gourgue, de noblesse parlementaire, ayant soutenu leur camp contre Louis XIV et Mazarin eurent leur château endommagé.
En 1700, Jacques-Joseph de Gourgue, évêque de Bazas, en entreprend la restauration, harmonisant l’ensemble par l’achèvement de l’admirable façade qui domine la Dordogne avec son escalier monumental, et qui aujourd’hui symbolise le château.


Les Gourgues restèrent propriétaires du château jusqu’en 1900, mais n’y firent aucun agrandissement ou transformation notables.



Le château est toujours en mains privées et ses propriétaires actuels ont à coeur de lui restituer l’ancienne splendeur, quasi royale, que les XVIIIème et XIXème siècles avaient un peu ternie, par la carence de ses occupants.
L’amour de leur demeure et leur dévouement les ont emmenés à faire plusieurs campagnes successives de restauration. Ils eurent aussi à remeubler le château, en respectant son esprit.


Désormais classé monument historique (2001) Vayres, qui se visite, est un exemple de restauration réussie car toujours faite dans le respect absolu de son architecture, tout en permettant à ses propriétaires de l’habiter et d’en jouir comme la magnifique résidence qui fut créée à la Renaissance.

Pour en savoir plus sur les conditions de la visite du château de Vayres voir www.chateaudevayres.com 

05/09/2018

Marie-Sophie, reine des Deux-Siciles - Sixième partie





François et Marie Sophie

La Rome pontificale, capitale de ce qui restait des Etats du Pape, serait désormais la résidence de François et de Marie Sophie, tant que dureraient ces Etats. 

Mais ils étaient considérés comme potentiellement dangereux car leurs sujets n’étaient pas tous résignés à accepter la défaite et l’occupation. Pour eux ils restaient leurs souverains légitimes. 

Elle ne s’était pas résignée à la défaite et « l’héroïne de Gaète » se préparait à la reconquête de son trône, alors que François semblait résigné à son sort, trouvant dans la religion le réconfort qu’il y avait toujours cherché. 

Ils s’étaient tout d’abord installés au palais du Quirinal où habitait également Marie-Thérèse avec ses enfants et sa suite. Cette dernière supportait difficilement la gloire de Marie Sophie.  Elle se permettait de s’attribuer à table la place d’honneur, ce que Marie Sophie refusait d’accepter. Il fallait donc dresser  deux tables, dans deux salles différentes. 

Marie Sophie avait repris des habitudes napolitaines de monter à cheval dans la campagne, seule ou accompagnée d’une escorte de beaux officiers, au grand scandale de la société romaine.

Les souverains subirent alors une attaque violente, destinée à les discréditer aux yeux de l’opinion publique et à ternir l’auréole de gloire de la souveraine.

Une des photos montage du scandale

Et c’est en s’appuyant sur cette odeur de scandale pour la bonne société romaine, que furent diffusés des photos de Marie Sophie nue, dans des positions érotiques. Tout ceci n’était bien entendu qu’un montage photographique destiné à ruiner la réputation de la reine. Le scandale en Europe fut énorme. Les auteurs de ce montage furent attrapés, jugés puis plus tard libérés. Mais ils n’étaient que les acteurs d’un plan qui les dépassait. On ne sut pas qui avait ordonné ce plan mais le parti piémontais de Rome fut soupçonné. En effet, le roi de Piémont ne se résignait pas à avoir Florence comme capitale. Il voulait Rome. 

François II agenouillé devant Pie IX
Le pape représentait le dernier symbole de l’ancienne Italie et Marie Sophie, avec sa gloire, soutenait cette représentation. Elle était dangereuse pour les partisans d’une Italie totalement unie. Tant que Napoléon III fut sur le trône de France en position dominante, il ne permit pas à Victor-Emmanuel de se saisir de la Ville Eternelle. La défaite de Sedan et la chute de l’empire, le 4 septembre 1870, lui ouvrirent ses portes. Le pape, Pie IX, était désormais prisonnier dans sa ville, à la suite d’une rapide campagne militaire et d’un referendum, aussi sujet à caution que celui qui avait permis d’annexer les états de Naples et de Sicile.

Attaquer Marie Sophie par de fausses photos, comme par de fausses rumeurs, faisait partie de ce plan qui constituait à ruiner sa réputation afin de l’empêcher de prendre la tête d’un mouvement de révolte dans ses anciens états, pour y installer la monarchie constitutionnelle et faire revivre ainsi un état indépendant de l’Italie du Sud. 


Palais Farnèse
François et Marie s’étaient installés au Palais Farnese, propriété de leur famille depuis 1731 La dernière des Farnèse, Élisabeth, épouse en 1714 le roi Philippe V d'Espagne, le petit-fils de Louis XIV, et c'est leur fils, Charles III, qui recueille  alors l'héritage de sa mère, le duché de Parme, dans lequel se trouve le palais et ses collections
Devenu roi de Naples en 1734 puis de Sicile en 1735, il abandonne le duché à son frère cadet, l'infant Philippe, mais conserve les trésors du palais Farnèse qui resteront dans la descendance des rois de Naples jusqu'au roi François II.
Ce dernier y fit faire des travaux importants de décoration.


Plafond peint du temps de François II
Enfilade du temps de François II

Ils y restèrent jusqu’à ce que la prise de Rome les chasse à nouveau.

Des complots matrimoniaux y furent fomentés. La soeur cadette de Marie Sophie, Mathilde, fut marié à Louis, comte de Trani, le 5 juin 1861. 

Mathilde, duchesse en Bavière,
Comtesse de Trani

Louis de Bourbon des Deux-Siciles
Comte de Trani
Une soeur de François, Marie Immaculée, fut mariée à l’archiduc Charles Salvator de Habsbourg-Toscane, le 19 septembre 1861. 


Marie-Immaculée de Bourbon des Deux-Siciles
Archiduchesse Charles d'Autriche-Toscane
Charles Salvador, archiduc d'Autriche-Toscane
Une autre soeur Marie Annonciade fut mariée à l’archiduc Charles-Louis, frère de François-Joseph, le 16 octobre 1862. Ces derniers furent les parents de l’archiduc François-Ferdinand, assassiné à Sarajevo en 1914. Ils sont les ancêtres des Habsbourg actuels. 

Marie Annonciade de Bourbon des Deux-Siciles
Archiduchesse Charles-Louis d'Autriche
Charles-Louis, archiduc d'Autriche
Le mariage de Mathilde fut encore plus catastrophique que celui de Marie Sophie. Louis la trompa immédiatement. Débauché, ivrogne et peu intelligent il se suicida en 1886.
Mathilde de son côté prit un amant, le grand ami de sa soeur Marie Sophie, l’ancien ambassadeur d’Espagne à Naples, Bermudez de Castro. Elle vivait à Rome, près de sa soeur. 

Salvador Bermudez de Castro
Marquis de Lerma

Toutes les deux, se ressemblant beaucoup, parcouraient la campagne à cheval ou les rues de Rome à pied, se faisant souvent passer l’une pour l’autre. 

Mais « l’héroïne de Gaète »  ne pouvait se contenter d’une vie aussi simple. 

Dès 1861, Marie Sophie fut en contact avec tous ceux qui considéraient les Savoie comme des ennemis. Parmi eux, il y avait des brigands célèbres qu’elle rencontra à Rome, sous les yeux tolérants de la police pontificale. Mais il y eut aussi des jeunes gens, venus de toute l’Europe, séduits par une croisade de la légitimité à la tête de laquelle se trouverait l’ex-reine. On peut citer les noms d’Emile de Christen, Alfred de Trazégnies, Henri de Cathelineau, Karl de Kalckreuth. 

Général-comte de Cathelineau
Il y eut aussi Bermudez de Castro, qui se rendant rapidement compte que si la troupe comportait quelques héros de bonne famille, elle était essentiellement composée de bandits, sans honneur, avertit François qu’il ne s’agissait que de « misérables scélérats, pas plus catholiques que légitimistes attachés à sa cause ».

Cette troupe finit par être composée de trente mille hommes s’opposant aux cent vingt mille de l’armée piémontaise. Mais plus qu’une croisade pour la défense des droits des souverains napolitains, il s’agissait d’une sorte de jacquerie sur fonds de rapine et de violence. 

Dès le début de 1862, Marie Sophie réalisa avec qui elle s’alliait et prit ses distances. L’affaire des photos truquées contribua à une certaine mélancolie que sa vie au contact de la population romaine, jugée comme fantasque par l’aristocratie et la cour pontificale, ne soigna pas. A peine 20 ans, mariée sans amour, ayant perdu son trône, elle ne savait quoi faire de sa vie.

Un remède semblait s’imposer, comme pour sa soeur Elisabeth. Seul un voyage à Possenhofen, le « Possi » de son enfance, pourrait lui faire oublier la tristesse de sa situation.

Mais Il semble que le voyage à Possi ait eu un motif moins avouable. Au mois d’avril 1862, elle réalisa qu’elle était enceinte, non de son mari, car elle n’avait jamais eu de rapport avec lui, mais de son amant, Félix Emmanuel de Lavaysse, officier de la garde pontificale, qui avait été désigné comme le chevalier d’honneur de la reine, par le pape Pie IX.  Il fut son seul et unique amour. Sa soeur Mathilde avait été sa complice et sa confidente. 

Annuaire des zouaves pontificaux
En juin 1862, elle débarqua en Bavière et avoua tout à sa famille. Ils furent moins scandalisés qu’on ne pourrait l’imaginer. Son père lui dit même : « Ce sont des choses qui arrivent. »  Le conseil de famille auquel assistaient tous ses frères et sa soeur l’impératrice décida que l’essentiel était de garder l’affaire secrète. Le roi Maximilien, leur cousin, consentit à fermer les yeux à la condition que Marie Sophie jure de plus jamais revoir Félix Emmanuel de Lavaysse, ce qu’elle fit. Elle n’avait pas d’autre choix.

Zouaves pontificaux
François fut avisé que la santé de sa femme nécessitait un grand repos et que pour ce faire, elle entrerait momentanément au Couvent de Sainte Ursule, accompagnée de sa belle-soeur Henriette Mendel, baronne de Wallersee, pour laquelle son frère Louis avait renoncé à ses droits dynastiques.  Félix Emmanuel de Lavaysse tenta de la rejoindre mais il fut informé que s’il pénétrait sur le territoire de la Bavière, il serait arrêté. Il enfreint cet ordre mais ne réussit pas à voir Marie Sophie.  Le 24 novembre 1862, elle donnait naissance à une fille prénommée, Daisy. Le conseil de famille décida de lui enlever l’enfant immédiatement.

Daisy fut confiée à son père qui la reconnut.  Félix Emmanuel de Lavaysse avait contracté la tuberculose et mourut à Cannes en 1868 Sa fille Daisy mourut peu après de la même maladie. 

Ne pouvant rester cloîtrée définitivement, Marie Sophie accepta le conseil de sa famille de retourner auprès de son mari. Elle posa comme condition de lui révéler la vérité. François, tombant des nues, lui aurait répondu : « Je t’attends. »

Il est possible qu’il ait enfin reconnu ses torts et ses manques à son devoir conjugal. 

Il n’y a pas de certitude que Daisy de Lavaysse ait bien été la fille de Marie Sophie. Il n’y a que des présomptions. Il est dit aussi qu’elle assista à ses obsèques, à la grande surprise de beaucoup et sans véritable autre raison que d’avoir été sa mère. 

Il est tout-à-fait possible que cette histoire d’enfant illégitime, mainte fois rapportée, n’ait été qu’une calomnie de plus. Marie Sophie des Deux-Siciles ne laissait personne indifférent surtout pas le nouveau roi d’Italie et son gouvernement.

Certains vont même jusqu’à dire que Daisy avait eu une soeur jumelle, prénommée Viola, qui aurait été déclarée comme leur fille par son oncle Louis et Henriette. Mais les dates ne concordent pas car l’enfant du couple, connu sous le nom de Marie de Wallersee, baronne Larisch, est née en 1858. Elle sera une des héroïnes de la tragédie de Mayerling. 

L’empire d’Autriche ayant reculé en Italie devant le Risorgimento et ayant du abandonner sa domination, reculait à nouveau et cette fois-ci devant la Prusse. L’unité italienne faite, il fallait l’unité allemande. 

Pour le couple royal ce fut un coup de plus à subir. Leur famille était dans une spirale de défaites et de drames, même si le couronnement de Budapest en 1867, après le drame de l’exécution de Maximilien au Mexique, apporta un peu de baume. Les Hongrois vouaient à Elisabeth une admiration, voire un culte, qu’aurait aimé avoir Marie Sophie de la part de ses sujets napolitains. Mais il n’y avait entre les soeurs aucune ombre de jalousie et Marie Sophie se réjouit de la nouvelle gloire de sa soeur, qu’elle partagea lors de son séjour à Budapest dans l’été qui suivit. 

François décida enfin de faire faire l’opération qui lui permettrait de devenir enfin le mari de sa femme. Il était amoureux d’elle depuis le premier jour, il avait pour elle une admiration immense mais il avait été incapable jusque là de l’honorer. En avril 1869, il put enfin annoncer que la reine était enceinte, à sa grande joie et à celle de leurs derniers fidèles. Le 24 décembre, Marie Sophie mit au monde une petite fille prénommée Marie Christine, comme la mère de François. Ils auraient préféré un garçon pour satisfaire aux besoins de la loi salique mais, elle à vingt-huit ans, et lui à trente et un, étaient heureux.

La comtesse Festetics, dame d’honneur de l’impératrice Elisabeth a écrit à propos de l’admiration que vouait François à sa femme : « Son roi est devant elle, comme devant moi le porteur de la gare. »

Malheureusement l’enfant mourut le 28 mars 1870. Ces quelques mois de bonheur, les seuls dans toute leur vie, n’avaient été qu’une illusion. Marie Sophie, impressionnante de douleur, quitta Rome pour Vienne le 25 mai. François la suivit quelques jours après pour s’installer sur les bords du lac de Sternberg. 

Rome cessa d’être capitale pontificale le 20 septembre 1870, par l’entrée des troupes piémontaises. Victor-Emmanuel avait enfin la capitale dont il avait rêvé.

Le couple vécut désormais souvent chacun de son côté.  François fut de plus en plus religieux et Marie Sophie de plus en plus mondaine.

Marie-Sophie après Gaète
Du vivant de François, elle avait élu domicile à Paris, 15 rue Boissy d’Anglas, entre le début des Champs-Elysées et la rue du Faubourg Saint-Honoré, dans un hôtel meublé dit Hôtel Vouillemont. 


La rue Boissy d'Anglas à Paris VIIIe
à l'époque de Marie-Sophie
Marie Sophie y reçut Paul Bourget, l'ambassadeur Camille Barrère et Pierre Louÿs.

Celui-ci devint par la suite un des hauts de l’intelligentsia parisienne où se croisaient Luigi Pirandello, Jacques Maritain, Jean Cocteau, Max Jacob, Robert Desnos, Léon-Paul Fargue, Francis Picabia, Fortunat Strowski, Félix Youssoupoff, Maurice Rostand, Maurice Sachs, Stanislas Fumet. C’est aujourd’hui un hôtel de luxe de la chaine Sofitel

Elle s’agrégea dès lors à la haute société internationale. Sa personnalité, sa beauté, son statut d’héroïne, ses relations familiales ont fait d’elle une des reines de ce monde oisif et richissime. Elle même n’était pas riche et ne vivait que des subsides que les Rothschild lui versaient. Mais elle était de toutes les chasses et de tous les évènements mondains de l’Europe. Elle était devenue l’amie des frères Baltazzi, riches banquiers ottomans, d’origine vénitienne, parfaitement alliés et au pinacle de la société. Ils étaient les oncles de Marie Vetsera, la maîtresse de l’archiduc Rodolphe. Et c’est la reine des Deux-Siciles qui, lors de la saison à Londres, présenta les frères Baltazzi et leur soeur, Hélène baronne Vetsera, à l’impératrice d’Autriche. Leurs qualités équestres et leur immense fortune étaient de bonne recommandation.


Alexandre Baltazzi (1850-1914)
Hélène Baltazzi, baronne Vetsera (1847-1925)
Installée ensuite près de Paris, à Neuilly 126 Boulevard Maillot, aujourd’hui Boulevard Maurice Barrès, elle tenait une cour informelle, un temps fréquentée par les anarchistes qui succédaient aux bandits du sud de l’Italie dans le désir de s’attaquer aux Savoie. Cela lui valut le surnom injustifié de « Reine des Anarchistes » car si elle était reine, elle n’était pas anarchiste et pensait se servir d’eux dans sa vengeance contre les Savoie. Elle n’avait toujours pas renoncé à l’idée de retrouver le trône des Deux-Siciles.

Boulevard de Maillot à Neuilly
tel que l'a connu Marie-Sophie
Marie Sophie fut soupçonné d’avoir pris part à la révolte des ouvriers de Milan contre l’autorité royale  le 7 mai 1898. Elle aurait financé, avec l’argent des Rothschild, un char d’assaut pour aider les rebelles. La révolte fut réprimée dans le sang par le général Baca Beccaris.

La révolte de Milan le 7 mai 1898

Elle fut soupçonnée aussi d’avoir été du complot qui a permis d’assassiner le roi d’Italie Humbert Ier, le 29 juillet 1900. Mais il semble que l’assassinat ait été le fait de l’assassin seul, Gaetano Bresci, anarchiste qui voulait venger les ouvriers de Milan.

Un rapport de police datant du 23 février 1901 fait explicitement état des rapports que Marie Sophie entretenait avec les anarchistes, parmi eux un certain Errico Malatesta (1853-1932) une des grandes figures de l’anarchie, ayant opéré partout dans le monde. 


Errico Malatesta (1853-1932)
Le gouvernement français n’ignorait rien des accointances de l’ex-reine de Naples avec ces individus et ne manquait pas d’en faire part à l’ambassadeur d’Italie, le comte Tornielli. Mais s’il est certain qu’elle les recevait, rien ne prouve qu’elle ait partagé leurs idées, loin de là, ni même aidé à leurs entreprises. Elle ne devait pas oublier que sa soeur, l’impératrice Elisabeth, était morte sous le coup de poignard d’un anarchiste italien. 

La mort de ses soeurs, Hélène, princesse de Tours et Taxis le 16 mai 1890, Sophie duchesse d’Alençon le  4 mai 1897 dans l’incendie du Bazar de la Charité, Elisabeth impératrice d’Autriche assassinée le 10 septembre 1898 ont probablement plus endeuillé sa vie que celle de François mort le 27 décembre 1894 à Arco dans le Trentin, alors possession autrichienne.

Seule lui restait Mathilde, comtesse de Trani. 

Durant la première guerre mondiale, bien que sa nièce, Elisabeth fille de son frère Charle-Théodore, duc en Banvière, et de Marie Josèphe, infante du Portugal ait été reine des Belges, elle choisit le camp austro-allemand, peut-être guidée par sa haine des Savoie, alliés de la France et de l’Angleterre. De nouveau les rumeurs l’accusèrent de sabotage et d’espionnage contre l’Italie, accréditant son espoir que la défaite lui permettrait de retrouver son royaume de Naples. 


Elisabeth, duchesse en Bavière(1876-1965)
Reine des Belges
Mais les choses avaient bien changé, car à Naples elle n’aurait pas été un grand personnage, en dehors de la gloire de Gaète. N’ayant pas eu de fils susceptible de lui succéder, François II eut comme héritier dynastique, son demi-frère, Alphonse, comte de Caserte. Ce dernier avait épousé sa cousine, Marie-Antoinette de Bourbon des Deux-Siciles. Et c’est elle qui aurait été reine de Naples. Marie-Sophie le savait. 


François II avec son frère, le comte de Caserte et son neveu le duc de Calabre, ses héritiers

Le comte et la comtesse de Caserte et leurs enfants
Quand elle apprit peu avant sa mort que sa petite-nièce la princesse Marie-Josée de Belgique, encore très jeune, était fiancée à l’héritier du trône d’Italie, elle en fut meurtrie et tenta de s’opposer à ces fiançailles. Une alliance avec les Savoie lui semblait être une trahison familiale

Marie-José, princesse de Belgique
Reine d'Italie
Ruinée, elle n’avait même pas de quoi acheter un journal  disait-elle, elle mourut à Munich le 19 janvier 1925. Elle put voir Mussolini prendre le pouvoir et Hitler faire son premier coup d’état.

Mathilde mourut peu de temps après, le 18 juin 1925.

Le monde dans lequel elle était née n’existait plus. Les soeurs de Bavière étaient désormais des figures de légende.

Le Gaulois fit paraître en première page l’annonce de sa mort, sous le titre « Mort de la reine de Naples » :
« Une dépêche expédiée de Munich à 3h 45 nous apprend laconiquement la mort de S.M. la reine Marie des Deux-Siciles.
Reine ! Elle ne l’était plus de puis soixante quatre ans, car elle fut avec le roi François II son époux, l’une des premières victimes des révolutions qui, depuis, renversèrent tant de trônes en Europe…Se souvient-on de la prise de Naples par Garibaldi, du siège de Gaète, en 1860, où la reine Marie allait elle-même ramasser les blessés, les soignant dans les hôpitaux, puis telle que l’a immortalisée l’image, en bottes éperonnées, avec la grande cape, la toque à longue plume posée sur les nattes de ses cheveux serrés, apportant à tous, depuis le roi jusqu’à ses plus humbles sujets, le réconfort de sa sublime bravoure et de son ardent patriotisme napolitain ?
En février 1861, la frégate française, La Mouette accostait en rade de Gaëte pour emmener les souverains qui partaient avec tous les honneurs de la guerre jusqu’au port de Terracine dans les Etats pontificaux. Le vicaire du Christ, Pie IX, seul, leur offrit une hospitalité digne d’eux, et les Majestés exilées demeurèrent à Rome, habitant le Palais Farnèse, propriété de la Maison de Bourbon-Siciles, jusqu’à l’entrée des troupes de Victor-Emmanuel qui, pour la deuxième fois les chassait. Le Roi François II et la Reine Marie vinrent alors à Paris,  séjournèrent bien des années à l’hôtel Vouillemont et ce provisoire dura jusqu’à la mort du Roi de Naples en 1894.
Nous avons connu la Reine dans sa villa du boulevard Maillot, où elle vivait entourée de serviteurs napolitains, avec la nostalgie de son palais de marbre en face de la baie inoubliable. Cette Reine, venue au monde sous le ciel gris de la Bavière, ayant passé an à peine sur le trône des Deux-Siciles, ne se consola jamais d’avoir dû quitter les sujets qu’elle aimait avec passion et dont elle gardait un souvenir idéalisé par le recul des années…
Soeur de l’Impératrice Elisabeth d’Autriche, de Mme la duchesse d’Alençon, mortes si tragiquement, l’une assassinée, l’autre brulée à l’incendie du Bazar de la Charité, de la comtesse de Trani, de la princesse de Thurn et Taxis, la Reine Marie comptait aussi trois frères, et parmi eux le duc Charles-Théodore, le fameux oculiste, était son grand préféré. C’est, du reste, chez la Duchesse Charles-Théodore qu’elle vient de s’éteindre, dans le palais de Munich où une fraternelle hospitalité adoucissait les infortunes de cette reine du temps passé.
Elle avait vendu sa villa de Neuilly il y a deux ans, quittant la France, qu’elle aimait tenta avec un profond désespoir; et même ces derniers mois, elle ne cessait d’écrire à ses fidèles son ardent désir de revenir à Paris une dernière fois.
En dépit de sa fortune amoindrie par la guerre et les fluctuations du mark, la charitable souveraine demeurait à quatre-vingts ans ce qu’elle avait été à dix-neuf ans à Gaète. Elle ne pouvait passer à côté d’une infortune sans la secourir. 
Au début de 1915, la Reine de Naples partit pour Genève, puis se rendit à Munich, où son but passionné était de venir au secours des prisonniers français et russes. Elle rassurait les famille angoissées en leur faisant donner des nouvelles et usait de son prestige pour obtenir des faveurs que l’on n’osait jamais lui refuser.
Que de bien fait en silence…et aux nôtres!
Avant de nous quitter pour toujours, Sa Majesté daigna nous convient dans sa résidence de Neuilly. Ses yeux étaient empreints de cette mélancolie que les récents évènements rendaient plus poignants encore. A ce moment précis, on ouvrit la porte du salon  et une gracieuse jeune femme vêtue de blanc entrain; ce fut une vision éblouissante. La Reine Elisabeth de Belgique, suivie du Duc de Brabant, venait surprendre la tante dont elle fut toujours la nièce chérie. Et la mélancolie coutumière de l’auguste souverain fit place à un sourire d’indéfinissable tendresse.



Le duc de Brabant
Léopold III de Belgique
Les habitués du Bois de Boulogne d’avant la guerre y rencontraient tous les matins une grande et respectable dame à la fine silhouette, aux modes d’autrefois, se promenant avec ses chiens. On se demandait d’abord : « Qui est-ce ? » « La Reine de Naples ! » Puis on saluait bien bas.
Nous aussi, nous saluons avec un respect ému pour la dernière fois celle qui aima si sincèrement Paris et la France. » ( Le Gaulois - 20 janvier 1925)

Marie Sophie de Wittelsbach, duchesse en Bavière, reine des Deux-Siciles, est immortalisé dans une oeuvre majeure de la littérature française. « Je ne connais pas ce Monsieur Proust, aurait-elle dit quand on lui a rapporté le texte cité en tête de l’article après la mort de l’auteur, mais lui doit me connaître : j’aurais agi ainsi qu’il me décrit dans son livre, il me semble. » 

Marie-Sophie entourée de son mari et de ses beaux-frères
A l'époque du Royaume des Deux-Siciles