09/08/2019

Les mariages entre les Maisons de France et la Maison d'Autriche - Deuxième partie - De la Renaissance à l'Empire français




François Ier roi deFrance / Eléonore de Habsbourg archiduchesse d’Autriche, infante d’Espagne






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François Ier (né sous le nom de François d'Orléans le 12 septembre 1494 à Cognac et mort le 31 mars 1547 à Rambouillet) est sacré roi de France le 25 janvier 1515 dans la cathédrale de Reims. Il règne jusqu’à sa mort en 1547. Fils de Charles d'Orléans et de Louise de Savoie, il appartient à la branche de Valois-Angoulême de la dynastie capétienne. 
François Ier est considéré comme le roi emblématique de la période de la Renaissance française. Son règne permet un développement important des arts et des lettres en France. Sur le plan militaire et politique, le règne de François Ier est ponctué de guerres et d’importants faits diplomatiques. 

Il possède un puissant rival en la personne de Charles Quint et doit compter sur les intérêts diplomatiques du roi Henri VIII d'Angleterre toujours désireux de se placer en allié de l’un ou l’autre camp. François Ier enregistre succès et défaites mais interdit à son ennemi impérial de concrétiser ses rêves, dont la réalisation toucherait l’intégrité du royaume. L'antagonisme des deux souverains catholiques entraîne de lourdes conséquences pour l’Occident chrétien : il facilite la diffusion de la Réforme naissante et surtout permet à l'Empire ottoman de s'installer aux portes de Vienne en s'emparant de la quasi-totalité du royaume de Hongrie. 


Sur le plan intérieur, son règne coïncide en effet avec l'accélération de la diffusion des idées de la Réforme. La constitution de la monarchie absolue et les besoins financiers liés à la guerre et au développement des arts induisent la nécessité de contrôler et optimiser la gestion de l'État et du territoire. François Ier introduit une série de réformes touchant à l'administration du pouvoir et en particulier à l'amélioration du rendement de l'impôt, réformes mises en œuvre et poursuivies sous le règne de son successeur Henri II. 

Le 4 juillet 1530, il épouse
Eléonore de Habsbourg, archiduchesse d'Autriche, infante d'Espagne, reine du Portugal

Éléonore de Habsbourg, archiduchesse d'Autriche, infante d’Espagne, reine du Portugal 

née le 15 novembre 1498 à Louvain (Pays-Bas des Habsbourg), morte le 18 février 1558 à Talavera la Real (Castille) fut reine consort de Portugal de 1518 à 1521 et reine de France de 1530 à 1547. 

Éléonore est la fille aînée de Philippe Ier le Beau, archiduc d'Autriche, et de Jeanne Ire la Folle, reine de Castille. Elle était la sœur de Charles Quint, de Ferdinand Ier, d'Élisabeth, reine consort de Danemark et de Suède, de Marie, reine de Hongrie et de Bohême et de Catherine, reine de Portugal. 

Les projets de mariage à son intention étaient nombreux, afin de satisfaire la politique matrimoniale des Habsbourg, des pourparlers furent successivement entrepris pour la marier avec les rois d'Angleterre Henri VII, puis Henri VIII, les rois de France Louis XII ou François Ier et le roi de Pologne Sigismond Ier

Elle grandit aux Pays-Bas, avec son frère, le futur empereur Charles Quint. Bien qu'infante de Castille, sa culture et sa langue maternelle sont le français. Elle épouse d'abord le roi Manuel Ier de Portugal de trente ans son aîné. Après trois années de mariage et huit années de veuvage, elle est mariée au roi François Ier de France. Devenue veuve, elle reçoit en douaire le duché de Touraine de 1547 à 1558, elle vit ses dernières années aux Pays-Bas aux côtés de sa sœur Marie. Elle suit ensuite son frère en Espagne après son abdication et décède un an plus tard à l'âge de cinquante-neuf ans.
Leur union fut sans postérité.


Charles IX roi de France / Elisabeth de Habsbourg, archiduchesse d’Autriche

Charles de Valois, roi de France



Charles IX, né le 27 juin 1550 au château royal de Saint-Germain-en-Laye et mort le 30 mai 1574 au château de Vincennes, est roi de France de 1560 à 1574. 

Il est le quatrième roi de la famille des Valois-Angoulême. Fils d'Henri II et de Catherine de Médicis, il succède à son frère François II à l'âge de 10 ans et meurt sans enfant mâle légitime à près de 24 ans. 
Sous son règne, le royaume est déchiré par les guerres de Religion, malgré tous les efforts déployés par sa mère Catherine pour les empêcher. Après plusieurs tentatives de réconciliation, son règne déboucha sur le massacre de la Saint-Barthélemy. 
Il accède au trône de France après la mort prématurée de son frère François II. Il est alors âgé de 10 ans. La régence est confiée à sa mère jusqu'à sa majorité. Charles est sacré roi de France dans la cathédrale de Reims le 5 mai 1561. Il préside du 13 décembre 1560 au 31 janvier 1561, les États généraux rassemblés à Orléans. Le premier prince du sang Antoine de Bourbon est nommé lieutenant général du royaume. 
En montant sur le trône, Charles hérite d'un royaume en train de se diviser entre catholiques et protestants. 
Le mariage de la sœur du roi, Marguerite, avec un jeune prince protestant, le roi de Navarre, futur Henri IV, semble être le gage d'une réconciliation durable ; mais le 22 août 1572, quelques jours après le mariage, a lieu un attentat contre le chef du parti des huguenots, Gaspard II de Coligny. Craignant un soulèvement, Charles IX décide, probablement très influencé par sa mère Catherine de Médicis et ses conseillers, l'élimination des chefs protestants, à l'exception de quelques-uns parmi lesquels les princes du sang Henri de Navarre et le prince de Condé. 
Cette décision déclenche le massacre de la Saint-Barthélemy (le 24 août), qui fait des milliers de morts, probablement trente mille, à Paris et dans plusieurs grandes villes de France. Déterminé à maintenir l'ordre, le roi ordonna l'arrêt des massacres dès le matin du 24 août, mais ses multiples appels au calme furent très souvent transgressés5. Une folie meurtrière s'empare de tout le royaume. 
Ce massacre marque un tournant dans le règne de Charles IX. L'abandon de l'édit de Saint-Germain et les exactions commises par l'entourage royal lui font définitivement perdre la confiance des protestants.
La santé physique du roi a toujours été médiocre. Il s'attache le service de médecins, dont François Pidoux. Après ces dramatiques événements, elle décline peu à peu. Un complot est fomenté contre lui et sa mère pour faire monter son frère cadet François, duc d'Alençon sur le trône. Déjoués par Catherine de Médicis, ces tumultes finissent d'affaiblir le roi qui se réfugie au château de Vincennes, où il s'alite. La fièvre ne le quitte plus, sa respiration se fait difficile ; il meurt le dimanche 30 mai 1574, jour de la Pentecôte, vers 3 heures de l'après midi7, un mois avant son 24e anniversaire. Dès le lendemain, à la suite de rumeurs d'empoisonnement, Ambroise Paré procède à une autopsie et confirme que le roi est mort d'une pleurésie faisant suite à une pneumonie tuberculeuse. 

Le 26 novembre 1570, il épouse
Elisabeth de Habsbourg, archiduchesse d'Autriche



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Elle meurt le 22 janvier 1592, à 37 ans dans la plus grande dévotion.
Elisabeth de Habsbourg, archiduchesse d'Autriche, membre de la branche autrichienne de la Maison de Habsbourg, elle est la fille de l'empereur Maximilien II et de Marie d'Autriche, infante d'Espagne et nièce du roi Philippe II d'Espagne. Élisabeth d'Autriche est née le 5 juillet 1554 à Vienne. Pendant son enfance, elle vit à côté de Vienne avec son frère cadet Matthias et sa sœur aînée Anne qui épousera en 1570 leur oncle Philippe II d'Espagne. Durant son règne, elle donne naissance à Marie-Élisabeth. Après la mort du roi, elle retourne vivre en Autriche où elle meurt à 37 ans. Elle vécut trois ans et demi à la cour de France dominée par la reine-mère Catherine de Médicis, dans un pays divisé par les Guerres de religion. Mariée à un homme psychologiquement fragile dont elle ne parlait pas la langue, elle s'en tint à sa fonction de souveraine et d'épouse royale, ne favorisant aucun parti et ne jouant aucun rôle politique. 

Au début de sa vie de couple le Roi semble lui donner de l'affection. Lorsqu'elle attrape, en janvier 1571, une bronchite, il reste près d'elle et fait appel à des jongleurs pour la distraire puis l'emmène à la foire de Saint-Germain. Contrairement à son époux, la Reine ne semble pas très joueuse. Après la naissance de leur fille, le roi s'éloigne, préférant la chasse et laissant sa mère Catherine de Médicis s'occuper de la politique. Malgré cela, lorsque le roi tombe malade, la Reine reste près de lui, priant et pleurant. Son époux Charles IX est un homme psychologiquement fragile qui poursuit la liaison qu'il entretenait avant son mariage avec Marie Touchet dont il aura un fils Charles de Valois-Auvergne, duc d'Angoulême en 1573. En 1572, elle met au monde à 18 ans une fille Marie-Élisabeth de France (27 octobre 1572 - 2 avril 1578). 



Durant son court règne, Élisabeth laisse de bons souvenirs à la cour, par sa douceur, sa beauté et sa bonté. Très réservée, elle parle comme la plupart des membres de la Maison de Habsbourg l'allemand, l'espagnol, le latin et l'italien, mais pas le français. Ainsi ne peut-elle communiquer que grâce à une de ses dames qui lui sert de traductrice, la comtesse d'Arenberg. Elle écrivait des poésies religieuses et les mémoires sur l'histoire de son époque. Ses vertus sont édifiantes : le célèbre Brantôme en fait l'éloge. Il qualifie Élisabeth d'une des meilleures, des plus douces, des plus sages et des plus vertueuses Reines qui régnât depuis le règne de tous les Rois. Charles IX vantera lui-même ses qualités comme étant la femme la plus sage et vertueuse, non pas de France et d'Europe mais du monde entier"

Néanmoins, elle reste une des reines les moins connues de la Renaissance. Se liant d'amitié avec sa belle-sœur, la reine de Navarre Marguerite de France, elle trouve en celle-ci une confidente. Elles correspondront même après le retour d'Élisabeth dans son pays natal (1576). Lorsque cette dernière apprend que Marguerite se trouve sans revenus, elle lui cède généreusement la moitié de son douaire. 

Après la mort de son époux en 1574, âgée de 20 ans, elle est résolue à retourner à Vienne. N'ayant pas donné de descendance mâle à la Couronne, son rôle aux côtés de sa belle-mère Catherine de Médicis est sans perspective. Elle fait ses adieux à sa fille, Marie-Élisabeth de France qu'elle ne peut emmener parce qu'elle est Fille de France. Elle ne la reverra plus jamais, décédant de maladie, deux ans plus tard à l’âge de cinq ans, au château d’Amboise où elle était élevée. 
Elle quitte alors Paris début décembre 1575 et s'installe de nouveau à Vienne, où elle entretient une correspondance avec sa belle-sœur, Marguerite de Navarre. 
En 1576, Le cardinal de Granvelle recommande très fortement à Philippe II de la nommer régente et gouvernante des Pays-Bas, consécutivement à la mort de Louis de Requesens. Le roi lui préfère son demi-frère Don Juan d'Autriche. 
Elle fonde un monastère de Clarisses, près de Vienne et l'église de tous les saints à Prague, tout en continuant de doter des églises et les pauvres, tout en nourrissant Vienne de sa bienfaisance. Son père lui propose de se remarier avec Henri III mais celui-ci rejette l'offre; avec Philippe II d'Espagne - son oncle et ex beau-frère, veuf de sa sœur Anne - mais c'est elle qui n'accepte pas . Elle ne quittera plus le deuil de son époux Charles IX. 
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Elle meurt le 22 janvier 1592, à 37 ans dans la plus grande dévotion.
Les Reines de France ne se remarient point, comme l'avait naguère dit Blanche de Navarre. 
Élisabeth fonde à Vienne un couvent de Clarisses auprès duquel elle s'installe. 

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Elle meurt le 22 janvier 1592, à 37 ans dans la plus grande dévotion.


Louis XIII roi de France / Anne de Habsbourg, infante d’Espagne et de Portugal, archiduchesse d’Autriche








Louis de Bourbon, roi de France et de Navarre

Louis XIII, dit « le Juste », fils d'Henri IV et de Marie de Médicis, né le 27 septembre 1601 au château de Fontainebleau et mort le 14 mai 1643 au château neuf de Saint-Germain-en-Laye, est roi de France et de Navarre de 1610 à 1643. Son règne, dominé par la personnalité du cardinal de Richelieu, principal ministre d'État, est marqué par l'affaiblissement des grands et des protestants, la lutte contre la maison d'Autriche et l'affirmation de la domination militaire française en Europe pendant la guerre de Trente Ans. 



Louis XIII et Richelieu tente de briser l’encerclement Habsbourg du Royaume de France. Il est difficile de dire qu’ils y sont parvenus. Il faudra attendre la Guerre de Succession d’Espagne pour voir les Bourbons libérés de l’encerclement autrichien. Il tente de briser l’influence des Grands, mais là aussi, ce fut chou difficile et ce fut son fils qui y parviendra en installant la cour à Versailles.



Il épouse par procuration  le  18 octobre 1615 à Burgos


Anne Marie Maurice de Habsbourg dite d’Autriche, infante d’Espagne, infante du Portugal, archiduchesse d’Autriche, princesse de Bourgogne et princesse des Pays-Bas, née le 22 septembre 1601 à Valladolid en Espagne et morte le 20 janvier 1666 à Paris d’un cancer du sein.



Elle est la fille du roi Philippe III (1578-1621), roi d’Espagne (1598-1621), et de l’archiduchesse Marguerite d'Autriche-Styrie (1584-1611)

Anne est l’aînée du couple royal espagnol. Contrairement à l’usage du temps qui prônait une séparation des enfants de leurs parents, Anne mène une vie calme et ordonnée, entourée de l’affection de sa famille. Elle grandit au palais royal de l’Alcázar à Madrid où ses parents, très pieux, lui donnent une forte éducation religieuse. La jeune Anne visite des couvents et passe des journées entières penchée sur des reliques. Elle s’attache à ses frères et sœurs et plus particulièrement à Philippe (futur Philippe IV d’Espagne) et à Marie-Anne. Mais la famille royale espagnole subit un drame en 1611 : la reine Marguerite meurt subitement à l’âge de 27 ans en mettant au monde son huitième enfant. Malgré son chagrin, la jeune infante s’occupe de ses frères et sœurs, qui l’appellent « Maman ». Elle peut tout de même se reposer sur l’attention que lui porte le roi, son père.

Bien que les jeunes mariés n'aient que quatorze ans, Marie de Médicis, alors régente, ne veut pas qu'on puisse remettre en question cette union et s'ingénie à ce que ce mariage soit immédiatement consommé, pour des raisons politiques. Cependant, du fait de l'inexpérience des mariés la nuit de noces semble s'être assez mal passée. 
Le jeune roi, ayant vécu cette nuit comme une véritable humiliation, en garda longtemps rancune à sa mère, et n'entretint plus avec son épouse de rapports charnels pendant les quatre années suivantes, lui rendant néanmoins visite matin et soir, comme le voulait la coutume de l’époque.
Installée dans les appartements du Louvre avec sa suite, Anne d'Autriche, délaissée reçoit cependant tous les égards dus à son rang. D'une part, Marie de Médicis continue à porter avec hauteur le titre de reine de France, sans la moindre déférence à l'égard de sa belle-fille11. D'autre part, Louis XIII continue de se désintéresser d'elle, bien qu'elle soit considérée comme une belle femme. Le roi, de nature complexe, est timide, ce qui l'empêche de s'accorder avec elle. Entourée par une petite cour peuplée d'une centaine de dames espagnoles, elle continue à vivre à la mode espagnole et son français est encore très hésitant. Anne éprouve ainsi des difficultés à communiquer avec sa nouvelle famille. Enfin, Anne d'Autriche partage avec son époux une timidité et une inexpérience qui n'arrangent pas la situation. 
Conscient du problème diplomatique et dynastique que cause l'indifférence du roi à l'égard de la reine, le duc de Luynes, nouveau favori, tente d'y remédier. Tout d'abord, il fait chasser la cour espagnole d'Anne d'Autriche et remplacer les dame d'atours espagnoles par des françaises. La comtesse Inés de la Torre, Première dame d'honneur, est remplacée par Marie de Rohan, la propre femme du duc de Luynes (la future duchesse de Chevreuse), surintendante de la maison de la Reine. On trouve également dans son entourage la princesse de Conti, Madame du Vernet (une sœur de Luynes et Gabrielle-Angélique de Verneuil, la fille d'Henri IV et d'Henriette d'Entragues). Le duc organise des rendez-vous intimes entre Anne et le roi. Sous l'influence de Mme de Luynes, la reine commence à s'habiller et à se comporter comme une française. On lui fait porter des décolletés. Elle ne portait jusque-là que des robes espagnoles ne laissant voir aucune partie du corps. On considérait d'ailleurs Anne comme trop rigide et trop prude. Au printemps 1619, Luynes finit par forcer le roi à coucher avec la reine12. À partir de ce moment, les relations entre Anne et Louis XIII ne cessent de s'améliorer et Louis reste longuement à son chevet lors de sa grave maladie en janvier 1620. Toutefois, Anne n'est pas admise au Conseil, alors que la reine mère y siège, la privant de tout rôle politique, contrariant les volontés de son père. 

Une des grandes affaires de la vie de la reine Anne est celle du duc de Buckingham. Le duc est épris de la reine, au point d’en faire des folies. Mais elle ne l’est pas et il faut toute l’imagination d’Alexandre Dumas pour lui prêter un tel sentiment à l’affaire, qui a eu un retentissement énorme tant sur la plan national qu’international.

Marie de Rohan duchesse de Luynes, puis de Chevreuse également joue un rôle néfaste dans les relations du couple. Elle entraîne la reine dans une série de complot contre le cardinal de Richelieu et donc contre le roi.
En 1635, la France déclare la guerre à l'Espagne, plaçant Anne d'Autriche dans une position encore plus délicate. En effet, la correspondance secrète qu'elle entretient avec le roi d'Espagne Philippe IV, son frère, va au-delà des nécessités de la simple affection fraternelle. Deux ans plus tard, en août 1637, Anne est suspectée. Sur l'ordre de Louis XIII, une enquête policière est menée sur les activités de la Reine. On perquisitionne l'abbaye du Val-de-Grâce où Anne a l'habitude de se réfugier. Comble de l'humiliation, Louis XIII l'oblige à signer des aveux concernant cette correspondance, et son courrier est désormais ouvert. Son entourage est épuré (la trop remuante duchesse de Chevreuse doit s'enfuir en Espagne) et ses sorties surveillées. 

Enfin après vingt huit ans de mariage, naît l’héritier tant attendu. On a beaucoup spéculé sur cette naissance “miraculeuse” mais l’enfant est bien du roi comme l’ont attesté les dernières analyses ADN faites parmi les princes de l’actuelle Maison de Bourbon dans ses différentes branches.

Un deuxième garçon nait deux ans après, Philippe, duc d’Orléans.
La mort de Louis XIII en 1648 ne rendit pas toute sa sérénité à la reine mais s’appuyant sur le cardinal de Mazarin, dont il est dit qu’il a été son mari, elle trouve un véritable rôle politique et assure l’avenir dynastique de son fils.


Philippe IV roi d’Espagne / Elisabeth de Bourbon, Fille de France.


Philippe de Habsbourg, roi d'Espagne



Philippe IV (ou Felipe IV en espagnol) (Valladolid, 8 avril 1605 - Madrid, 17 septembre 1665), dit le Grand ou le « roi-Planète », roi des Espagnes et des Indes après la mort de son père Philippe III d'Espagne, du 31 mars 1621 à sa mort. Il porta également les titres de roi des Deux-Siciles, roi de Portugal, souverain des Pays-Bas.

Les toutes premières années du règne de Philippe IV virent le renforcement de la prééminence des Habsbourgs en Europe, mais les guerres constantes qu'il dut mener conduisirent au déclin de la monarchie espagnole. Cependant, si l'histoire l'a retenu comme un piètre homme politique, Philippe IV compte parmi les plus grands mécènes et les plus grands collectionneurs de son temps. 

Il est le frère cadet de la reine de France, Anne.

Le double mariage avait pour objet de resserrer les liens entre les deux maisons et mettre fin à leurs luttes. Il n’en fut rien, bien au contraire.

Sous la conduite du cardinal de Richelieu,  Louis XIII reprit la politique anti-espagnole de la France. Il soutint tout d'abord, en leur donnant des armes et des moyens financiers, les Protestants du Saint-Empire en guerre contre les Habsbourg, lors de la « guerre fourrée ». Puis, en 1635, la France déclara la guerre à l'Espagne. Les Français furent tout d'abord défaits, en 1635, à la bataille de Corbie, menant l'armée espagnole du cardinal-infant aux portes de Paris, qui dut cependant se retirer par manque de ressources. Dans le sud, l'armée espagnole est arrêtée à Leucate en 1637. 
Les Français réagirent en envahissant le nord de l'Italie, dans la Valteline, coupant les routes de communication espagnoles entre l'Espagne et les Pays-Bas. En 1639, Louis XIII porta ses efforts sur la Catalogne qu'il envahit après avoir assiégé à trois reprises (1640, 1641 et 1642) et finalement prit la forteresse de Salses : il reçut de la Généralité en 1640 le titre de « comte de Barcelone, de Roussillon et de Cerdagne ». Mais l'échec des tercios espagnols fut complet à la bataille de Rocroi en 1643 où, si la cavalerie put s'enfuir, l'infanterie fut massacrée ou capturée. À nouveau défait, en particulier à la bataille des Dunes en 1658, Philippe IV fut poussé à la paix. 
Le traité des Pyrénées, en 1659, mit fin à 24 ans de guerre contre la France. Il fut négocié par le cardinal Mazarin et don Luis de Haro et signé le 7 novembre 1659 sur l'île des Faisans, au milieu de la Bidassoa. Par ce traité, l'Espagne perdait, aux Pays-Bas méridionaux, le comté d'Artois, ainsi que plusieurs places de Flandre, du Hainaut et du Luxembourg, ainsi que le Roussillon. Enfin, le traité prévoyait le mariage de Louis XIV avec l'infante d'Espagne Marie-Thérèse d'Autriche, fille aînée du roi d'Espagne et nièce de la reine-mère Anne d'Autriche. Le traité consacrait l'affaiblissement de la couronne d'Espagne et la prépondérance de la France en Europe.
Il épouse le 25 novembre 1615, à Bordeaux,  
Elisabeth de Bourbon, Fille de France
Elisabeth de Bourbon, Fille de France, fille de Henri IV et de Marie de Médicis et donc la soeur de Louis XIII.
A dix-huit ans, elle commence à donner des enfants à son mari de façon régulière. Mais beaucoup moururent en enfance. La seule qui survécu fut Marie-Thérèse, dont il sera parlé plus tard.
Affaiblie par ses multiples grossesses et ses fausses couches, Elisabeth décède le 6 octobre 1644 en accouchant de son neuvième enfant. 
Il est fort probable que Philippe IV ait transmis à sa femme une maladie vénérienne qu'il aurait contractée avec une de ses maîtresses. Cette maladie pourrait expliquer certaines fausses couches, mais les mariages consanguins dont est issu Philippe IV pourraient également en être la cause. Pour les enfants mort-nés ou morts lors de leur enfance, la mortalité infantile peut être évoquée ainsi que l'incapacité des médecins de l'époque. 
Élisabeth a souffert en silence de la mort de ses enfants et de ses fausses couches, et se sentait d'autant plus mal que certaines maîtresses de son mari lui donnaient des enfants. Sa culpabilité se ressent à travers les lettres qu'elle envoya à son frère Louis XIII et sa belle-sœur Anne d'Autriche. 
Elle souhaitait que Marie-Thérèse épousât le Dauphin. Son souhait fut exaucé.

Louis XIV, roi de France / Marie-Thérèse de Habsbourg, infante d’Espagne, infante du Portugal, archiduchesse d’Autriche
Louis de Bourbon, roi de France et de Navarre


Louis XIV, dit « le Grand » et « le Roi-Soleil », né le 5 septembre 1638 au château Neuf de Saint-Germain-en-Laye et mort le 1er septembre 1715 à Versailles, est un roi de France et de Navarre. Il règne sur le royaume de France et de Navarre du 14 mai 1643 (officiellement le 7 septembre 1651) à sa mort. 

Né Louis, surnommé « Dieudonné », il monte sur le trône de France au décès de son père Louis XIII, quelques mois avant son cinquième anniversaire. Il est le 64e roi de France, le 44e roi de Navarre et le troisième roi de France issu de la dynastie des Bourbons. Son règne de 72 ans est l’un des plus longs de l'histoire d'Europe, et le plus long de l'Histoire de France. 

Tout a été dit sur son règne.
Le 7 novembre 1659, les Espagnols acceptent de signer le traité des Pyrénées qui fixe les frontières entre la France et l'Espagne. Commencée en 1635, la guerre entre l’Espagne et la France prend donc fin après vingt-quatre ans de conflit.
En 1648, les traités de Westphalie concluent la guerre de Trente Ans et la guerre de Quatre-Vingts Ans, la France se retrouve en position de force en Europe. La dynastie des Habsbourg, qui régnait sur l'Espagne, les Pays-Bas espagnols, une partie de l'Europe centrale, en ressort affaiblie. En 1658, à la bataille des Dunes entre Dunkerque et Nieuport en Flandre, l’Espagne est vaincue par la France, alliée à l'Angleterre de Cromwell et emmenée par Turenne. À la suite de cette victoire, la Flandre, alors sous contrôle espagnol, passe aux mains des Français. Mazarin pense alors qu'il est temps de négocier et interdit à Turenne de continuer son avancée en Flandre afin de ne pas inquiéter Anglais et Hollandais2. Cette défaite espagnole ainsi que la volonté de modération de la France voulue par Mazarin facilitent l'ouverture de négociations. 

Les négociations de paix commencent en juillet 1656 à Madrid, menées par Hugues de Lionne pour le royaume de France et don Luis de Haro pour celui d'Espagne. Elles traînent en longueur car, à l'époque, les traités de paix entre deux royaumes s'accompagnent souvent de contrats de mariage entre les deux familles régnantes, en l'occurrence celui de l'infante Marie-Thérèse, fille aînée du roi Philippe IV d'Espagne, avec son cousin doublement germain (leur père respectif ayant épousé la sœur de l'autre), le roi de France Louis XIV, tous deux âgés de 21 ans. Pour obliger Philippe IV à offrir son infante à la cour royale de France, Mazarin feint de vouloir marier le roi à Marguerite de Savoie. 

Le texte se présente comme un règlement général entre les familles régnantes des Bourbons et celle des Habsbourg : annexion ou échange de divers territoires en Europe, pardon royal au Prince de Condé, clause de mariage entre Louis XIV et l'infante d'Espagne Marie-Thérèse d'Autriche.

Louis XIV accepte bon gré, mal gré de respecter cette clause matrimoniale  du traité. Les époux sont doublement cousins germains : la reine mère Anne d'Autriche étant la sœur de Philippe IV et Élisabeth de France la sœur de Louis XIII. Ce mariage a cependant pour but de rapprocher la France de l'Espagne. Il a lieu le 9 juin 1660 en l'église Saint-Jean-Baptiste de Saint-Jean-de-Luz. 
Marie-Thérèse renonce à tout droit à la couronne d'Espagne contre le paiement d'une dot de 500 000 écus d'or, somme que l'Espagne n'était pas en mesure de payer (origine de la guerre de Dévolution à la reine entre mai 1667 et 1668) et qui permit à Louis XIV, plus tard, de soutenir les droits à la succession à la couronne espagnole de son petit-fils le duc d'Anjou. 
Louis ne connaît sa femme que depuis trois jours, celle-ci ne parle pas un mot de français mais le roi « l'honore » fougueusement et devant témoins dès la nuit de noces. Selon d'autres sources, cette nuit de noces, contrairement à l'usage, n'eut pas de témoin.

Marie-Thérèse de Habsbourg dite d’Autriche, infante d’Espagne et du Portugal, archiduchesse d’Autriche

Marie-Thérèse de Habsbourg dite d’Autriche, infante d’Espagne et du Portugal, archiduchesse d’Autriche

Fille du roi d'Espagne Philippe IV et d'Élisabeth de France, Marie-Thérèse naît le 20 septembre 1638 à Madrid et est baptisée par le cardinal Gaspar de Borja y Velasco, peut-être le 7 octobre, avec pour parrain François Ier, duc de Modène et pour marraine, la princesse de Carignan, Isabelle de Bourbon, sœur du comte de Soissons. Elle naît dans une cour stricte et très catholique. Son père Philippe IV était un guerrier, aimant la chasse, la politique et les femmes. Sa mère, Élisabeth de France, était une jeune fille jolie et charmante, triste et malheureuse à la cour d'Espagne, parce que son pays lui manquait, et la perte de plusieurs de ses enfants très jeunes la faisait souffrir discrètement, tandis que son époux la trompait avec une actrice, María Calderón. 

Six ans plus tard, vient pour sa mère un huitième accouchement, mais l'enfant ne survit pas et la mère mourut le même jour épuisée par ses grossesses précédentes, le 6 octobre 1644, laissant Marie-Thérèse et son frère aîné Balthazar-Charles seuls avec leur père. Deux ans plus tard, en 1646, c'est ce frère qui meurt à son tour à l'âge de dix-sept ans. À 8 ans, Marie-Thérèse était le seul enfant survivant de Philippe IV et l'héritière des immenses possessions des Habsbourg d'Espagne. Ses sept frères et sœurs sont morts avant elle. 

Faute d'héritier mâle, mais devant assurer sa succession et la continuité de l'alliance avec la branche autrichienne de sa Maison, son père se remarie, en 1649 avec la fiancée de son fils mort, Marie-Anne d'Autriche, qui donnera plus tard naissance à cinq enfants dont deux seulement survivront. Sa belle-mère avait quatre ans de plus qu'elle, et les deux jeunes femmes s'entendaient bien et étaient comme des sœurs. 

Elle suit une éducation stricte et profondément catholique. Depuis son plus jeune âge, il était question qu'elle épouse pour des raisons dynastiques son cousin, chef de la branche autrichienne et impériale des Habsbourg, d'abord l'archiduc Ferdinand qui mourut en 1654 puis le frère de celui-ci qui devint l'empereur Léopold Ier en 1658. 
À son mariage, elle ne parlait pas un mot de français mais elle introduisit à la Cour de France le chocolat et la première orange. Par la suite, bien qu'elle garda toute sa vie un fort accent espagnol, la reine Marie-Thérèse comprenait très bien le français et en saisissait toutes les subtilités. 

À son arrivée au Louvre, sa belle-mère et tante Anne d'Autriche la prit sous sa protection. Elle tenta de lui enseigner le métier de reine, mais Marie-Thérèse ne se montra jamais réellement à la hauteur. La princesse n'était pas une femme du monde. Même si elle finit par atteindre une bonne maîtrise du français, elle n’avait pas les capacités requises, et les représentations publiques ne furent pour elle que des occasions de laisser paraître sa gaucherie.

Marie-Thérèse resta toute sa vie très pieuse et mena une vie effacée. Elle invitait les "courtisanes" de son mari à venir faire des prières avec elle. 
Françoise-Louise de La Baume Le Blanc, duchesse de La Vallière
Françoise-Athénaïs de Rochechouart-Mortemart, marquise de Montespan
Marie-Thérèse finit par se replier sur elle-même, vivant au sein d'une petite cour, isolée au milieu de la Cour, recréant l'atmosphère de Madrid, entourée "de ses femmes de chambre espagnoles, de moines et de nains", mangeant de l'ail et buvant du chocolat, chaussant des talons très hauts qui la faisaient souvent tomber. Pour faire venir à Versailles un confident, elle joua au jeu avec lui et perdit beaucoup d'argent. Le roi fut obligé d'intervenir. La reine craignait les esprits. La nuit, même avec le roi à ses côtés, il fallait qu'une femme lui raconte des histoires pour l'endormir et lui tienne la main toute la nuit. Quand le roi voulait remplir son devoir conjugal, cette femme restait présente4. D'une dévotion toujours plus intense, l'essentiel de son activité concerne les soins aux malades, aux pauvres et aux déshérités. Elle fréquente l'hôpital de Saint-Germain-en-Laye, assurant les soins les plus pénibles. Elle soulage même en secret les "pauvres honteux" en accordant des dots aux filles de nobles pauvres. 
En 1665, son père meurt, laissant le trône à un fils souffreteux âgé de quatre ans issu d'un second lit. Louis XIV en profite pour demander une part d'héritage. 
En 1666, la mort lui enlève le seul soutien qu'elle avait à la cour : sa belle-mère et tante, la reine-mère Anne d'Autriche. 
Marie-Thérèse souffrit beaucoup de certains adultères du roi qui faisait de ses favorites des dames de compagnie de son épouse et voyageait ouvertement avec sa femme et ses deux maîtresses. Confronté à ce spectacle immoral, on prétend que le peuple murmurait, goguenard ou affligé, "Le roi promène les trois reines". Elle souffrit également à partir de 1667 des légitimations successives des enfants naturels de son mari. Ces derniers faisaient de l'ombre au dauphin. 
À partir de l'été 1680, sous l'influence de Madame de Maintenon, Louis XIV se rapprocha de son épouse, qu'il avait publiquement délaissée. « La reine est fort bien à la cour », remarquera, toujours moqueuse, Madame de Sévigné. Marie-Thérèse, émue par les attentions inattendues de son volage époux dira : « Dieu a suscité Madame de Maintenon pour me rendre le cœur du roi ! Jamais il ne m'a traitée avec autant de tendresse que depuis qu'il l'écoute ! » 
Françoise d'Aubigné, marquise de Maintenon
Mais Marie-Thérèse ne profita guère de ce regain de faveur. De retour d'une tournée royale des forteresses édifiées par Vauban, elle mourut brusquement, le 30 juillet 1683, à Versailles, des suites d'une tumeur bénigne sous le bras gauche mais mal soignée. L'abcès, violacé et purulent, fut non incisé mais combattu vainement par une saignée et un emplâtre humide, et tourna en septicémie4. Ses derniers mots furent « Depuis que je suis reine, je n'ai eu qu'un seul jour heureux ». Louis XIV aurait dit de cette mort « voilà le premier chagrin qu'elle me cause ».

Le couple eux six enfants dont seul l’aîné, Louis atteindra l’âge adulte, sans toutefois régner, étant mort avant son père. Il était le produit d’une endogamie extraordinaire car sur huit-arrière-grands-parents potentiels, il n’en avait que quatre réels.



Charles II de Habsbourg, roi d’Espagne / Marie-Louise d’Orléans

Charles de Habsbourg, roi d'Espagne


Charles II d'Espagne (ou Carlos II en espagnol) (Madrid, le 6 novembre 1661 - Madrid, le 1er novembre 1700), dit l’Ensorcelé a été roi des Espagnes, des Indes, de Naples, de Sardaigne et de Sicile, duc de Bourgogne et de Milan et souverain des Pays-Bas, entre 1665 et 1700, après la mort de son père Philippe IV d'Espagne. 

Proclamé roi en 1665 à l'âge de quatre ans, placé sous la tutelle de sa mère Marie-Anne d'Autriche, il est sans cesse gouverné : par sa mère, puis par Juan José d'Autriche (fils bâtard de Philippe IV), par sa femme, Marie Louise d'Orléans, et par ses ministres. La faiblesse de son pouvoir fut la cause de la décadence de la maison de Habsbourg en Espagne. Les guerres soutenues contre la France se soldèrent par des déroutes successives : perte de la Franche-Comté à la suite de la paix de Nimègue en 1678, perte du Luxembourg avec la trêve de Ratisbonne de 1684, invasion française de la Catalogne en 1691… 

Charles II reçoit le surnom d'« Ensorcelé » (Hechizado) car on attribuait son lamentable état physique à des influences néfastes et même diaboliques. Les mariages consanguins successifs contractés par ses ascendants royaux en sont certainement l'origine. Il reste toute sa vie une personne chétive, malade et faible, mais également stérile. Son incapacité à avoir un héritier constitue la cause de graves conflits de succession dans les années qui précèdent et suivent sa mort, qui met un terme définitif au règne de la maison de Habsbourg sur les couronnes d'Espagne. 

Il était le produit de la consanguinité la plus extraordinaire, son père Philippe III, et son arrière-grand-père, Philippe II, ayant successivement épousé leurs nièces.
Charles II était donc le fils de sa cousine germaine, l’Infante Marie-Anne d’Espagne. Son grand-père Philippe III était aussi le fils de sa propre cousine germaine, l’archiduchesse Anne d’Autriche .

Charles II était dans un état physique lamentable: rachitique, épileptique, mais aussi stérile.

À partir de 1696, les crises d'épilepsie de Charles II se multiplient. Il en fait six par jour, dont au moins une très forte (dans les deux derniers mois, il a en moyenne vingt-cinq crises dont trois se révèlent très graves). L'année suivante, l'état du roi se complique : il est atteint d'hallucinations, qui lui font voir des créatures démoniaques. En 1698, il a de très fortes migraines et commence à délirer. Sous le coup d'une de ses hallucinations, il tue un courtisan, le prenant pour un loup. En 1699, Charles ne sort presque plus, ses migraines sont quasi permanentes et il saigne très régulièrement du nez. Enfin en 1700, le roi a de plus en plus de mal à se tenir debout et à parler. Finalement, le 1er novembre 1700 à 11h15 du matin, Charles II meurt, cinq jours avant ses 39 ans, à la fin d'une agonie entrecoupée de délires. 
Charles II n'ayant pas de descendance, sa succession constitue le problème de la diplomatie européenne depuis son accession au trône : la généalogie désigne en effet comme héritier le Dauphin, fils de sa défunte sœur aînée Marie-Thérèse, épouse du roi de France Louis XIV. Plusieurs pays étrangers dont la France et l'Autriche commencent leurs manœuvres pour placer un prince de leur lignée.

Le testament de Charles II est connu à Madrid le 2 novembre 1700. Le testament parvint à Fontainebleau le 9 novembre. Il inquiète les Anglais, mécontente les Autrichiens et embarrasse Louis XIV. Le 16 novembre, Louis XIV accepte le testament de Charles II et fait de son petit-fils, Philippe, duc d'Anjou, le futur roi d'Espagne Philippe V. 
Charles II épouse en 1679
Mademoiselle d'Orléans

Marie-Louise d'Orléans, dite « Mademoiselle d'Orléans » ou simplement « Mademoiselle » est une princesse française, née le 27 mars 1662 à Paris et morte le 12 février 1689 à Madrid. 



Fille de Philippe Ier, duc d’Orléans et de sa cousine et première épouse Henriette d'Angleterre, elle descend à la fois des familles royales française et anglaise. Elle a pour grands-parents paternels Louis XIII de France et Anne d’Autriche. Ses grands-parents maternels sont Charles Ier d'Angleterre et Henriette de France. 

Louis XIV est son oncle paternel et parmi ses oncles maternels figurent les rois Charles II et Jacques II d'Angleterre. 

Enfant joyeuse et charmante, elle est la préférée de son père, et passe aussi beaucoup de temps avec ses grand-mères. Lorsqu'Anne d'Autriche meurt en 1666, elle laisse une belle fortune à sa petite-fille. Si sa mère avait voulu la "jeter à la rivière" à la naissance car ce n'était pas un garçon, elle trouvera une seconde mère débordante d'affection en la personne de sa belle-mère Élisabeth-Charlotte de Bavière, la princesse Palatine. 
Effrayée à l'idée d'être unie avec un homme victime d'une lourde hérédité et vivant dans une cour sinistre, l'adolescente se jette en public aux pieds de son oncle pour qu'il renonce à ce projet : le Roi feint de croire à une farce et réplique non sans ironie qu'il n'était pas digne que la « reine catholique » (surnom des souveraines espagnoles) se jette aux pieds du « roi très chrétien » (surnom des rois de France). Voulant la raisonner, il lui demande également si elle pense qu'il aurait pu trouver meilleur mariage pour sa propre fille, ce à quoi Marie-Louise répond "Non, mais vous auriez pu pour votre nièce". La jeune femme a de quoi être effrayée, l'étiquette espagnole étant encore plus codifiée et restrictive qu'en France, les reines espagnoles étant notamment servies à genoux. 
Lors de son départ, redoutant qu'à l'instar de sa cousine Marguerite-Louise d'Orléans, grande-duchesse de Toscane, la princesse ne quitte son mari pour revenir en France, le roi dit à sa nièce "Au revoir Madame, et pour toujours". 
Bien qu’elle soit réputée pour sa beauté lors de son mariage, son union sans amour avec le roi d’Espagne est pour elle cause de dépression et d’une obésité morbide. En butte à l'hostilité de la Cour qui manipule le faible souverain et le monte contre son épouse, elle tombe quand même enceinte mais ne mène pas sa grossesse à terme. Le couple demeure donc sans enfants, et le roi n’en aura pas davantage avec sa seconde épouse, Marie-Anne de Neubourg. 
Comme sa mère, elle meurt à l'âge de 26 ans. Des rumeurs non confirmées dirent qu’elle avait été empoisonnée à l’instigation de sa belle-mère, la reine douairière Marie-Anne d'Autriche, parce qu’elle n’avait pas eu d’enfant, mais aussi que l'amour que lui portait le roi risquait de détacher celui-ci de l'alliance autrichienne alors que débutait la guerre de la Ligue d'Augsbourg. 

Louis XVI, roi de France / Marie-Antoinette de Habsbourg-Lorraine, archiduchesse d’Autriche

Louis de Bourbon, roi de France et de Navarre

Louis XVI, né le 23 août 1754 à Versailles et mort le 21 janvier 1793 à Paris, est le dernier roi de France de la période dite de l'Ancien Régime. Il est roi de France et de Navarre de 1774 à 1789 puis roi des Français de 1789 à 1792. Il est également le dernier monarque à avoir habité le château de Versailles. Louis XVI est le fils du dauphin Louis de France et de Marie-Josèphe de Saxe. Devenu dauphin à la mort de son père, il monte sur le trône à dix-neuf ans à la mort de son grand-père Louis XV en 1774. Il est le frère aîné des futurs rois Louis XVIII et Charles X. 

Héritant d'un royaume au bord de la banqueroute, il met en place plusieurs projets de réformes financières, notamment portés par les ministres Turgot, Calonne et Necker, comme le projet d'un impôt direct égalitaire, mais qui échouent tous face au blocage des Parlements, du Haut clergé, de la noblesse et de la Cour. Il fait évoluer le droit des personnes (abolition de la torture, du servage, etc.) et remporte une grande victoire militaire face à l'Angleterre, à travers son soutien actif aux indépendantistes américains. Mais l'intervention française en Amérique achève de ruiner le royaume. 

Louis XVI est surtout connu pour son rôle dans la Révolution française, débutée suite à la convocation des états généraux en 1789, qui avaient pour but de refinancer l'État. Les députés du Tiers, forts du soutien du peuple, se proclament « Assemblée nationale » et mettent de facto un terme à la monarchie absolue de droit divin. Dans un premier temps, le roi Louis XVI semble accepter de devenir un monarque constitutionnel, mais avant la promulgation de la première constitution, tente de fuir Paris où il résidait par la contrainte depuis octobre 1789. Il est arrêté à Varennes en juin 1791. Ce départ raté aura un retentissement important dans l'opinion publique, jusque-là peu hostile au souverain et sera à l'origine d'une fracture politique entre conventionnels. 

Devenu roi constitutionnel le 3 septembre 1791, Louis nomme et gouverne avec plusieurs ministères, feuillant puis girondin. Il contribue activement au déclenchement d'une guerre entre les monarchies absolues et les révolutionnaires en avril 1792. 

La progression des armées étrangères et monarchistes vers Paris provoque, le 10 août 1792, son renversement par les sections républicaines : la monarchie est abolie le 21 septembre. Emprisonné puis jugé coupable d'intelligence avec l'ennemi, « Louis Capet » est condamné à mort et guillotiné le 21 janvier 1793 sur la place de la Révolution à Paris. 
Le 16 mai 1770, il épouse à Versailles

Marie-Antoinette de Habsbourg-Lorraine, archiduchesse d'Autriche
Marie-Antoinette Josèphe Jeanne de Habsbourg-Lorraine, archiduchesse d’Autriche princesse impériale, princesse royale de Hongrie et de Bohême, née le 2 novembre 1755 à Vienne en Autriche et morte guillotinée le 16 octobre 1793 sur la place de la Révolution à Paris en France.
Marie-Antoinette est la quinzième et avant-dernière enfant de l’empereur François III de Lorraine et de l’archiduchesse d’Autriche, reine de Hongrie et de Bohême Marie-Thérèse dite « la Grande », au cinq fils (Joseph l’héritier du trône, Léopold, Charles, Ferdinand et Maximilien) et leurs huit filles (Marie-Anne, Marie-Christine, Marie-Élisabeth, Marie-Amélie, Marie-Jeanne, Jeanne-Gabrielle, Marie-Josèphe, Marie-Caroline).

La famille impériale d'Autriche
Marie-Antoinette reçoit une éducation où le maintien, la danse, la musique et le paraître occupent l’essentiel de son temps, ne bénéficiant, de ce fait, d’aucune éducation politique. Cependant, à l'âge de dix ans, elle a encore du mal à lire ainsi qu’à écrire en allemand, parle peu et difficilement le français, et très peu l’italien – trois langues qui étaient alors parlées couramment dans la famille impériale, sans compter son apprentissage des rudiments de latin. Maria Antonia est à cette époque une enfant espiègle, étourdie et volontiers moqueuse.  
Marie-Thérèse, comme tous les souverains de l’époque, met le mariage de ses enfants au service de sa politique diplomatique, qui vise à réconcilier, après des décennies de guerres, les Habsbourg et les Bourbons, dans le contexte du renversement des alliances et de la fin de la guerre de Sept Ans, et faire ainsi face aux ambitions conjointes de la Prusse et de la Grande-Bretagne. 

Le mariage entre le dauphin – futur Louis XVI – et Marie-Antoinette doit concrétiser la réconciliation des deux Maisons les plus prestigieuses d'Europe. Louis XV ne voit pas d'inconvénient au mariage de la princesse avec son petit-fils à condition que celle-ci soit capable de parler convenablement français. Cela semble perdu d'avance. C'est pourquoi Mathieu-Jacques de Vermond est envoyé à la Cour pour s'occuper de la future dauphine.

Le 7 février 1770 au soir, Marie-Antoinette est « réglée », prête à être donnée en mariage. Le 17 avril 1770, Marie-Antoinette renonce officiellement à ses droits sur les couronnes dépendant de la Maison d’Autriche. Le 19 avril 1770, on célèbre son mariage par procuration, à cinq heures du soir, dans l'église des Augustins. Seul le mariage de Louis XIV avec l'infante d'Espagne un siècle auparavant avait eu un semblable retentissement. Par ailleurs, on n'avait pas vu une archiduchesse d'Autriche sur le trône de France depuis Élisabeth d'Autriche, épouse de Charles IX en 1570. 
Deux jours plus tard, au petit matin, à l'âge de quatorze ans, elle quitte définitivement Vienne. Sa mère lui fait alors un grand nombre de recommandations. Weber dit, dans ses mémoires : « On a peine à se défendre de la superstition des pressentiments quand on a vu les adieux de Marie-Antoinette à sa famille, à ses serviteurs et à son pays, en 1770. Hommes et femmes se livrèrent aux mêmes expressions de la douleur. Les avenues, comme les rues de Vienne en retentirent. On ne rentrait chez soi qu'après avoir perdu de vue le dernier courrier qui la suivait, et l'on y rentrait que pour gémir en famille d'une perte commune. ». L'impératrice sa mère semble aussi touchée par le phénomène.
Le 7 mai 1770, elle arrive à la frontière entre le Saint-Empire et la France, marque par le Rhin. A lieu alors le passage d’un pays à l’autre sur une île au milieu du fleuve. L’archiduchesse d’Autriche va devenir Dauphine de France, après avoir quitté tousses vêtements et renvoyé sa suite allemande. Elle se retrouve seule au milieu d’une foule aristocratique française qu’elle ne connait pas et dont elle parle mal la langue.

Le mariage de Louis, Dauphin de France et Marie-Antoinette, archiduchesse d'Autriche
La jeune fille, au physique agréable, est assez petite et ne possède pas encore la « gorge » si appréciée en France. Elle est blonde, d'un blond assez soutenu tirant sur le roux, qui, sous la poudre, prend des reflets rosés. Ses yeux bleu pâle sont un peu trop saillants. Son visage, au vaste front bombé, considéré comme trop haut, offre un ovale très allongé. Le nez, qui promet d'être légèrement aquilin, offre peu de finesse. La jeune dauphine a néanmoins beaucoup de grâce et une légèreté presque dansante dans sa façon de se mouvoir. Elle attire toutefois dès son arrivée l’inimitié d’une partie de la cour. La jeune dauphine a du mal à s’habituer à sa nouvelle vie, son esprit se plie mal à la complexité et à la rouerie de la « vieille cour », au libertinage du roi Louis XV et de sa maîtresse la comtesse du Barry. Son mari l’aime mais l’évite, partant très tôt chasser ; elle peine à s’habituer au cérémonial français, au manque d’intimité et subit péniblement « l’étiquette », rigide mode d’emploi de la cour. 

Jeanne Bécu, comtesse du Barry

Il n’est pas utile d’épiloguer sur la suitée la vie de Marie-Antoinette. Les années de bonheur et de malheur sont suffisamment connus de tous.
Appelée “L’Autrichienne” par la Cour, y compris les membres de la famille royale, une véritable coterie se monte contre elle dès son accession au trône, des pamphlets circulent, d'abord de courts textes pornographiques puis des libelles orduriers.
Il y eut l’affaire de Madame du Barry qu’elle consentit enfin à saluer, sur l’injonction de sa mère et de son beau-père, ce qui lui aliéna “Mesdames Tantes”.
Il y eut l’affaire dite du “Collier de la Reine” dans laquelle elle était totalement innocente mais son image étant ternie auprès du peuple, beaucoup la voulurent coupable.
Le Collier de la Reine
Il y eut le Petit Trianon et le Hameau, qui lui allèrent tous ceux qui n’étaient pas admis dans ce petit cercle.
Il y eut bien des dépenses inconsidérées, mais qui contrairement à la légende, ne ruinèrent pas le Trésor royal, la Guerre d’Indépendance des Etats-unis s’en étant chargé.
Il y eut un mariage longtemps non consommé mais couronné enfin par la naissance de quatre enfants, au destin malheureux.
On lui prêta une influence politique que de son propre aveu, elle n’eut pas.
Elle aimait le théâtre, la comédie, le jeu (pharaon, tric-trac, billard…), la danse, les toilettes, les voyages dans les différents châteaux de la Cour autour de Paris, l'aménagement intérieur et la décoration. Mais était-elle si différente en cela des autres membres de l’aristocratie ?  

Il y eut enfin, et au commencement de son martyr, l’ouverture des Etats-Généraux, la mort du dauphin, Louis-Joseph, et la prise de la Bastille. Elle fut la “boulangère” dans la migration de la famille royale de Versailles à Paris. Elle commença à ressentir la haine du peuple de Paris.
Tout au long de la première partie de la Révolution, elle chercha à influencer le roi afin qu’il refuse tout compromis et le compromis accepté, elle essaya de le persuader de jouer double jeu. La fuite pour l’Empire, arrêtée à Varennes, en est un exemple.
Il n’est pas difficile de comprendre l’état d’esprit de Marie-Antoinette. Elevée dans une foi catholique profonde, dans la révérence de l’absolutisme royal, elle ne pouvait adhérer aux idées nouvelles. Marie-Antoinette correspondit secrètement avec son neveu, le nouvel empereur François d’Autriche, et avec d’autres ennemis de la France. Ennemis de la France, ils l’étaient pour les révolutionnaires mais pas pour elle car elle considérait la Révolution comme l’ennemie de la France, mais de la France royale à la monarchie absolue.

Marie-Antoinette à la prison du Temple
Louis XVI avait compris la vague de fonds et ce qui le choqua le plus ne fut pas l’instauration d’une monarchie constitutionnelle mais la constitution civile du clergé. Pour lui, les prêtres assermentés n’étaient plus des prêtres de l’Eglise catholique, seulement et valablement reposée par les prêtres jureurs.
Le véritable martyr de la reine commença à la mort de Louis XVI. Elle fut alors la victime  d’hommes monstrueux qui la conduisirent à un procès inique et qui ne grandit en rien l’histoire de la France.
Mais par ce martyr Marie-Marie-Antoinette a atteint le rang d’une quasi-divinité du Panthéon des gloires françaises.
L’archiduchesse d’Autriche, “L’Autrichienne”, est morte en vraie reine de France, probablement plus dans ce rôle que toutes celles de sa famille qui ont occupé ce trône avant elle.


Napoléon Ier / Marie-Louise de Habsbourg, archiduchesse d'Autriche, princesse royale de Hongrie et de Bohême, dernier des grands mariages politiques entre la France et l'Autriche.


Napoléon Bonaparte, empereur des Français

Napoléon Ier, né le 15 août 1769 à Ajaccio et mort le 5 mai 1821 sur l'île Sainte-Hélène, est le premier empereur des Français, du 18 mai 1804 au 6 avril 1814 et du 20 mars 1815 au 22 juin 1815. Second enfant de Charles Bonaparte et Letizia Ramolino, Napoléon Bonaparte est un militaire, général dans les armées de la Première République française, née de la Révolution, commandant en chef de l'armée d'Italie puis de l'armée d'Orient. Parvenu au pouvoir en 1799 par le coup d'État du 18 Brumaire, il est Premier consul jusqu'au 2 août 1802, puis consul à vie jusqu'au 18 mai 1804, date à laquelle il est proclamé empereur par un sénatus-consulte suivi d'un plébiscite. Il est sacré empereur, en la cathédrale Notre-Dame de Paris, le 2 décembre 1804, par le pape Pie VII. 



Il n’est pas utile de le présenter plus.

Il épouse le 2 avril 1810

Marie-Louise de Habsbourg-Lorraine, archiduchesse d'Autriche
Marie-Louise Léopoldine Françoise Thérèse Josèphe Lucie de Habsbourg-Lorraine, née le 12 décembre 1791 à Vienne (Autriche) et morte le 17 décembre 1847 à Parme (Parme), est impératrice des Français de 1810 à 1814, puis duchesse de Parme, Plaisance et Guastalla jusqu'en 1847. 
Marie-Louise naît au palais impérial viennois de la Hofburg. Elle est la fille aînée de l'archiduc héritier François et de sa seconde épouse Marie-Thérèse de Bourbon-Naples. Elle est donc la petite-fille de Marie-Caroline d'Autriche, reine de Naples et de Sicile et la petite-nièce de la reine Marie-Antoinette. Allié de l'Autriche depuis 1756, le Royaume de France affronte une vague révolutionnaire qui a mis fin à l'absolutisme et créé une monarchie constitutionnelle à laquelle le couple royal est sourdement opposé. C'est dans ce contexte troublé que le 1er mars 1792 meurt l'empereur Léopold II du Saint-Empire, frère de la reine de France et de la reine de Naples et grand-père de Marie-Louise. L'archiduc François ceint la couronne. Il n'a que 24 ans et peu d'expérience. 
Fille aînée de l'empereur François Ier d'Autriche, elle est donnée en mariage en 1810 à l'empereur des Français et roi d'Italie Napoléon Ier pour sceller le traité de Schönbrunn entre la France et l'Autriche, après la défaite de celle-ci lors de la bataille de Wagram en 1809. 
Rejoignant à contrecœur la cour impériale des Tuileries, Marie-Louise commence rapidement à apprécier sa nouvelle position bien que les Français ne l'aiment pas et qu'elle ne se sente pas chez elle dans ce pays qui, vingt ans auparavant, a décapité une autre archiduchesse autrichienne, sa grand-tante Marie-Antoinette, épouse de Louis XVI. 
Quand Napoléon est vaincu par la Sixième Coalition, Marie-Louise décide de ne pas le suivre dans son exil à l'île d'Elbe, mais rentre avec son fils à la cour de Vienne. À l'issue des Cent-Jours et de la défaite décisive de Napoléon à Waterloo, l'impératrice, pour mieux défendre les intérêts de son fils, décide de rester fidèle à sa famille d’origine, les Habsbourg-Lorraine. Le congrès de Vienne lui accorde, en 1815, les duchés de Parme, Plaisance et Guastalla. Elle n'a alors que 24 ans. 
Le fils qu’elle eut de Napoléon, né le 20 mars 1811, l'héritier tant attendu, Napoléon François Charles Joseph Bonaparte, roi de Rome, est aussi connu sous le nom de “L’Aiglon”. 
Marie-Louise, impératrice des Français et son fils, le roi de Rome
Il ne peut pas succéder à sa mère sur le trône de Parme, revenant aux Bourbons à la mort de la duchesse. Marie-Louise écrit à son père : « Il est de mon devoir de mère et ma ferme volonté de voir prendre, alors que je suis en vie, les dispositions futures concernant mon fils », et elle demande les territoires palatins-bavarois de Bohême appartenant à son oncle Ferdinand III de Toscane. Finalement, l'enfant reçoit les territoires et le titre d'« Altesse sérénissime le duc de Reichstadt ». 
Pour obtenir les patentes impériales qui établissent les titres et le rang de son fils, Marie-Louise se rend à Vienne. Elle y reste du 2 juillet au 1er septembre 1818 et c'est une joie pour elle d'embrasser son fils aîné que son grand-père aime sincèrement, et c'est une douleur que de devoir le quitter à nouveau. Elle le revoit deux ans plus tard en 1823 puis 1826, 1828, 1830, et enfin en 1832, sur son lit de mort. 
Avant la mort de Napoléon, Marie-Louise eut deux enfants avec le comte de Neipperg. Devenue veuve, Marie-Louise peut légaliser sa relation avec Neipperg qu'elle épouse dès le 8 août 1821 par un mariage morganatique, le rang de son mari est inférieur au sien. Les enfants de Marie-Louise viennent alors habiter dans une annexe du palais ducal et sont accompagnés de leur gouvernante et de leur précepteur. À Parme, Marie-Louise reproduit l'environnement bourgeois et biedermeier de son enfance à Vienne. 
Huit ans après leur mariage, le 22 février 1829, Neipperg meurt de problèmes cardiaques. Marie-Louise est très touchée par sa mort, mais Vienne lui interdit de porter publiquement le deuil. Le testament de Neipperg parle en termes clairs du mariage et des enfants, que la duchesse aurait voulu adopter. Vienne reconnaît officiellement leur existence au moyen d'une confession écrite établie par Marie-Louise le 17 mars 1829, versée dans les « Actes secrets » des archives d'État. Toutefois, elle n'est autorisée ni à reconnaître ni à adopter ses enfants, Guillaume et Albertine  de Montenuovo. L'empereur François II révèle au duc de Reichstadt que Neipperg, l'homme qui venait lui rendre visite de temps en temps, et qu'il estimait, était son beau-père. Quand il apprend par la suite qu'il a deux demi-frères, le prince aurait dit avoir une mère « "bonne mais faible" ». Le fils adolescent de Napoléon, apprenant en cette occasion le remariage de sa mère, suspend toute correspondance avec elle.
Marie-Louise avait vraiment aimé et avait été aimée en retour par Neipperg. Après sa mort, la duchesse se console en s'entourant de nombreux amants. Von Mareschall, premier ministre  du duché, nommé par Metternich  jugeant le duché ingouvernable, demande son remplacement qui intervient fin 1832 au grand soulagement des Parmesans et son poste est confié à un gentilhomme lorrain, le comte Charles-René de Bombelles, un homme droit, austère et pieux. 
Six mois après son arrivée, le 17 février 1834, Marie-Louise et Bombelles contractent un mariage morganatique secret. Ce remariage de deux personnes abordant la vieillesse n'est pas dicté par l'amour mais par la commodité d'avoir un mari qui soit le premier homme de l’État
En 1839, Marie-Louise dit que son bonheur est « dans la consolation que peuvent me donner mes braves enfants et l'effort de se conformer, autant que me le permettent mes faibles forces, aux devoirs que Dieu m'impose ». Le reste de sa vie est relativement calme. Marie-Louise est entourée de l'affection de ses proches, un mari qui la respecte et des enfants qui l'aiment. 
Marie-Louise, duchesse de Parme, peu avant sa mort.

Le 9 décembre 1847, Marie-Louise, prématurément vieillie, accuse de violentes douleurs à la poitrine, qui s'aggravent le soir venu et s'accompagnent de frissons et de fièvre. Malgré tout, la duchesse préside le Conseil puis se retire en disant en italien : « Adieu, mes amis ». Le 12 décembre, jour anniversaire de ses cinquante-six ans, elle semble récupérer mais son état s'aggrave de nouveau. La ville entière est affligée par la douleur et devant le palais, une grande foule se réunit. Elle demande l'extrême-onction et les derniers sacrements puis elle donne lecture de son testament : elle nomme son cousin, l'archiduc Léopold (fils de son oncle Rainier, vice-roi de Lombardie-Vénétie), légataire universel. Son mari, sa fille et son gendre se trouvent autour d'elle, son fils est absent, il sert comme officier dans une garnison autrichienne. Ses deux enfants illégitimes ne pouvant hériter, ils reçoivent chacun 300 000 florins et des objets personnels. 

Le jour de sa mort, elle est parfaitement lucide ; vers midi le 17 décembre 1847, après avoir vomi à plusieurs reprises, elle s'endort paisiblement pour ne pas se réveiller. À dix-sept heures, elle est morte. Son médecin Fritsch indique comme cause de la mort une pleurésie rhumatoïde

Marie-Louise, impératrice de Français, duchesse de Parme, est certainement un des personnages les plus critiquée de l’histoire de France. Ses mariages, l’abandon de son fils, la naissance d’enfants illégitimes lui furent reprochées. On n’est pas la veuve de Napoléon pour épouser un comte de Neipperg ou de Bombelles. Mais elle fut un personnage complexe. Elle fut contrainte à abandonner son fils et à accepter le duché de Parme. Elle n’avait pas sa place à Vienne et elle ne pouvait emmener son fils à Parme, cela lui ayant été interdit. Elle fut une bonne duchesse de Parme, aimée de ses sujets. Elle eût probablement fait une bonne impératrice des Français.

Ce mariage qui ne fut pas entre un prince de la maison royale et une archiduchesse d’Autriche, mais entre elle et celui que d’aucuns considéraient comme un parvenu, fut un véritable mariage politique entre la France et l’Autriche, le dernier.
Les armes de Marie-Louise, impératrice des Français.


29/06/2019

Les mariages entre la Maison de France et la Maison d'Autriche - Première partie - Du Moyen-Age à la Renaissance


Rodolphe de Habsbourg, fondateur de la dynastie impériale

I° – Rodolphe de Habsbourg / Isabelle Capet dite de Bourgogne
Le premier mariage entre les deux dynasties fut avec le premier des Habsbourg à ceindre une couronne royale.
Rodolphe Ier de Habsbourg, roi des Romains ou Rodolphe IV de Habsbourg (1er mai 1218 – 15 juillet 1291) est roi des Romains de 1273 à sa mort. Premier membre de la maison de Habsbourg à monter sur le trône impérial, il est considéré comme le fondateur de la puissance de la dynastie. Presque un bandit de grand chemin, n’hésitant pas à rançonner qui passer sur ses territoires, il était un seigneur sans grande importance Mais en 1273, Rodolphe de Habsbourg est devenu un prince influent du Sud de l'Allemagne, mais il est loin d'être le plus puissant dans l'empire. C'est pour cette raison que les princes-électeurs l'élisent comme "roi de Germanie" ou "roi des Romains" écartant ainsi le roi de Bohême, Ottokar II, lui aussi candidat. En effet, outre les qualités militaires de Rodolphe, les électeurs étaient soucieux de ne pas porter au pouvoir un prince trop puissant afin de préserver leurs propres prérogatives et d'éviter tout risque de transmission héréditaire de la couronne. 
Selon la procédure qui était alors en vigueur, les princes-électeurs n'élisaient pas directement l'Empereur, mais le "Roi des Romains". Celui-ci devait alors entreprendre le voyage à Rome (le Römerzug) afin de se faire officiellement couronner par le pape. Rodolphe, roi pragmatique et ambitieux, préféra renoncer à cette expédition jamais dénuée de risques. Âgé de 55 ans, il craignait que le temps lui soit compté, il ne souhaitait pas non plus apparaître comme un vassal du pape et son absence aurait pu fragiliser son pouvoir dans une Allemagne qui sortait d'une période troublée. En droit, il n'a donc pas été empereur même si, dans les faits, tout le monde le considérait comme tel. Durant son règne, il étendit les possessions des Habsbourg de leur territoire suisse à l’Autriche et à ses dépendances.

Isabelle de Bourgogne
Il épouse en secondes noces, en 1284, Isabelle Capet (1270-1323), dite de Bourgogne, descendante de Hugues Capet à la dixième génération. Fille de Hugues IV Capet (1213-1272) duc de Bourgogne, fils de Eudes III Capet (1166-1218), duc de Bourgogne, fils de Hugues III Capet (1148-1192) duc de Bourgogne, fils de Eudes II Capet (1118-1162) duc de Bourgogne, fils de Hugues II Capet (1085-1143) duc de Bourgogne, fils de Eudes Ier Capet ( 1060-1103) duc de Bourgogne, fils de Henri Capet (1035-1074), duc de Bourgogne, fils de Robert Ier Capet (1011-1076) dues de Bourgogne, fils de Robert II Capet (972-1031) Roi des Francs, fils de Hugues Capet (939-996) premier roi de Francs.

Rodolphe a 66 ans et Isabelle 14 ans. Elle est beaucoup plus jeune que la plupart des enfants que Rodolphe a eu de sa première épouse Gertrude de Hohenberg. Ce second mariage est sans descendance. À la mort de Rodolphe le 15 juillet 1291, elle retourne à la Cour de Bourgogne où lui est conféré le titre de Dame de Vieux-Château. Elle se remarie avec Pierre IX de Chambly, seigneur de Neaufle. Le couple a au moins une fille : Jeanne de Chambly.

Ce fut le premier mariage bourguignon de la Maison d’Autriche.

II° – Charles Martel Capet, dit d’Anjou, roi de Hongrie / Clémence de Habsbourg dite de Hongrie


Charles d'Anjou
Charles d’Anjou, dit Martel, né le 8 septembre 1271, mort à Naples le 12 août 1295, fut roi titulaire de Hongrie de 1290 jusqu’à sa mort. Fils aîné de Charles II d’Anjou, roi de Sicile et de Jérusalem, comte de Provence, d’Anjou et du Maine et de Marie de Hongrie, sœur et héritière de Ladislas IV, roi de Hongrie, il fait ses premières armes en 1289 avec son père et Robert II d’Artois dans une expédition en Sicile contre Frédéric II d’Aragonroi de Sicile, ce qui lui valut d’être créé Prince de Salerne le 8 septembre 1829, par son père lors de son retour à Naples. Il est ensuite nommé Vicaire Général de Naples.
A la mort de son oncle maternel Ladislas IV de Hongrie, assassiné le 10 juillet 1290, sans fils pour lui succéder, son père Charles d’Anjou ’arme chevalier et proclame ses droits au trône de Hongrie en 1290 avec l’approbation du Pape, alors que les nobles hongrois avaient élu comme successeur de Ladislas un de ses cousins, André III Arpad. Sa mère est couronnée « reine de Hongrie » en 1291. Après une révolte contre André III, Charles Martel se proclame lui-même « Roi de Hongrie » à partir du 20 mars 1292  mais il semble n’avoir jamais été couronné. Le 28 juin 1295 , il renonce à ses droits sur les comtés d’Anjou et du Maine, qui deviennent la dot de sa sœur Marguerite. Charles Martel se contente du titre royal et ne cherche pas à se rendre en Hongrie pour en faire la conquête. Il meurt à Naples âgé de 24 ans la même année. Il descend de Hugues Capet à la 11ème génération

Clémence de Habsbourg
Il épouse le 8 janvier 1281 Clémence de Habsbourg, dite de Hongrie, née à Vienne en 1262 et inhumée en 1295 à Naples, fille du Roi des Romains Rodolphe Ier de Habsbourg et de son épouse Gertrude de Hohenberg. Elle est la mère de la reine de France, Clémence de Hongrie, ci-après.
Leur fils, Charles Ier Robert, a été roi de Hongriede 1308 à 1342.

III° – Louis X roi de France / Clémence de Habsbourg dite de Hongrie



Louis X le Hutin
Louis X, dit « le Hutin »,  né le 4 octobre 1289 à Paris, mort le 5 juin 1316 à Vincennes, est roi de Navarre de 1305 à 1316 (sous le nom de Louis Ier) et roi de France de 1314 à 1316, douzième de la dynastie dite des Capétiens directs. Il est le fils aîné du roi de France Philippe IV le Bel et de la reine Jeanne Ière de Navarre.
Marqué par l’hostilité de la noblesse aux réformes fiscales et de centralisation initiées par Enguerrand de Marigny, son règne fut bref mais intéressant par des mesures telle que le rachat de leur liberté par les serfs — ce qui constitue les premiers pas de l’abolition du servage —, abolition l’esclavage et réadmission les Juifs de France dans le royaume.
En 1305, Louis a épousé Marguerite de Bourgogne, avec laquelle il a eu une fille, Jeanne II. Marguerite est plus tard convaincue d’adultère et meurt en prison.

Clémence de Habsbourg, princesse de Hongrie
En 1315, Louis épouse Clémence de Hongrie (née en 1293 – morte le 13 octobre 1328 à Paris) la fille de Charles-Martel d’Anjou, roi de Hongrie, et de Clémence de Habsbourg, ci-dessus. Surnommée "Clémence l’orpheline", car ses parents sont morts de la peste alors qu’elle avait deux ans, elle est élevée par sa grand-mère Marie de Hongrie, fille du roi Etienne V de Hongrie.
Elle est la nièce du comte Charles de Valois qui épouse, en premières noces, Marguerite d’Anjou-Sicile, sœur de son père. Si elle est une capétienne par son père, Habsbourg par sa mère, elle est considérée avant tout comme une princesse étrangère à la maison de France.
Elle donne naissance à Jean Ier le Posthume quelques mois après la mort du roi. La mort de Jean conduit par la suite à une succession disputée sur le trône de France.
A la mort de son époux et de son fils, elle semble avoir perdu la raison et se mit à dilapider sa fortune. En 1318, rappelée à l’ordre par le pape, elle se rend à Avignon, puis entre chez les Dominicaines d’Aix-en-Provence. De retour à Paris, elle y meurt en 1318.

Après une longue période durant laquelle, il n’y eut pas d’alliance entre les Capétiens et les Habsbourg, arrive la période faste des grands mariages, qui établira définitivement la politique matrimoniale de la Maison d'Autriche.

IV° – Maximilien de Habsbourg archiduc d’Autriche, Empereur Romain / Marie Capet dite de Valois duchesse de Bourgogne

Maximilien de Habsbourg, archiduc d'Autriche
Empereur romain germanique
Maximilien d’Autriche ou Maximilien Ier (Wiener Neustadt, 22 mars 1459 – château de Wels, 12 janvier 1519) fut empereur des Romains de 1508 à sa mort. Dès les premières années de son règne, il réunit sous sa couronne, outre l’Autriche, les comtés de Tyrol et de Goritz (ce dernier acquis en 1500 à la mort du dernier comte de la dynastie homonyme), une partie importante des Etats bourguignons de Charles le téméraire.
Son règne est marqué par le rétablissement militaire et politique de la situation des Habsbourg et une modernisation de l’administration du Saint-Empire romain germanique.

Marie, duchesse de Bourgogne
Maximilien épouse en 1477 Marie de Bourgogne, née à Bruxelles le 13 février 1457 et morte en Flandre au château des ducs de Bourgogne à Bruges le 27 mars 1482, fut duchesse de Bourgogne, de Brabant, de Lothier, de Gueldre, de Limbourg et de Luxembourg, comtesse de Flandre, d’Artois, de Bourgogne, de Hainaut, de Hollande, de Zélande, de Namur, de Charolais et de Zutphen, marquise du Saint-Empire, dame de Frise, de Malines et de SalinsFille unique du duc de Bourgogne Charles le Téméraire (1433-1477), et d’Isabelle de Bourbon (1437-1465), elle passe l’essentiel de ses années de règne (1477-1482) à défendre ses droits à l’héritage de son père, disputé par le roi de France, Louis XI. Son mariage, en 1477, avec l’archiduc Maximilien d’Autriche oriente pour près de deux siècles la géopolitique de l’Europe. Elle est la mère de Philippe le Beau, donc la grand-mère de Charles Quint, de l’empereur Ferdinand Ier, de la reine Marie de Hongrie et de Bohême et d’Eléonore, reine du Portugal et reine de France, ci-après.
Par son père Marie de Bourgogne est une Valois, donc une capétienne, comme étant la descendante à la cinquième génération de Jean II le Bon, roi de France.
Leur fils Philippe Ier dit le Beau, époux de Jeanne la folle, a été roi de Castillemais est mort sans accéder à l’Empire.
Le mariage de Maximilien de Habsbourg et de Marie de Bourgogne a été à l’origine de la puissance formidable de la Maison d’Autriche, de par l’extension de ses territoires notamment en Flandres et la succession aux couronnes d’Espagne et de son empire colonial, le plus grand monde à l’époque, celui sur lequel le soleil ne se couchait jamais. "Alii bella gerant, tu felix Austria nubes", "Les autres font la guerre, toi, Heureuse Autriche, tu te marie" (A suivre)

14/05/2019

Marie Walewska - Sixième et dernière partie



Philippe Antoine, comte d'Ornano
Le 18 avril 1816, à Paris, était signé le contrat de mariage entre le comte Philippe d’Ornano (ci-dessus) et Marie Łączyńska , comtesse Walewska. Le 7 septembre 1816, le mariage était célébré à Bruxelles. Il avait fallu bien des événement pour en arriver à cet heureux évènement.
Entre 1813 et 1814, l’Empire s’est lentement désagrégé. La Campagne de Russie a pris fin le 14 décembre 1812. Elle aura duré près de six mois. La Grande Armée, composée de 680 000 hommes, dont 440 000 engagés en Russie, est défaite. Le 7 septembre 1812, la bataille de la Moscova ou de Borodino voit l’armée française victorieuse.
Napoléon et ses maréchaux à Borodino par Vassili Verechtchaguine.
Le 14 septembre Napoléon entre dans Moscou. De ce jour au 18 septembre Moscou est en feu. Le 18 octobre Napoléon ordonne la retraite. Du 26 au 29 novembre, c’est la bataille de la Bérézina. Les Français sont expulsés de Russie le 12 décembre 1812. Le sursaut national et l’hiver russes ont eu raison de la plus formidable armée de tous les temps.
La Bérézina par Janvier Suchodolski
« Parce que l’Allemagne était sans initiative et sans voix, parce que les princes obéissaient comme des préfets (…) l’empereur (…) eut le tort de méconnaître ce que le sentiment national, trop peu ménagé, avait amassé de ressentiments secrets dans le cœur des Allemands » (Mémoires de Jérôme Bonaparte, roi de Westphalie) Après la Campagne de Russie, c’est la campagne d’Allemagne.

Les ennemis de Napoléon s’organisent autour de la Russie.

Le 16 mars la Prusse, le 23 mars la Suède, le 11 août l’Autriche, le 14 octobre la Bavière se coalisent contre lui. Les alliés, souvent obligés, de Napoléon le quittent, la Bavière la première, puis la Saxe le 18 octobre, le Wurtemberg le 2 novembre, le Grand-duché de Bade le 20 novembre. Du 16 au 19 octobre 1813, c’est la bataille de Leipzig, dite la Bataille des Nations. Joseph Poniatowski y meurt, Duroc est mort à Bautzen le 22 mai 1813. Ils avenir été tous les deux les principaux acteurs de la rencontre de Napoléon et Marie Walewska.
Sans être totalement vaincu Napoléon est contraint à la retraite. Il a perdu 60 000 hommes, les Alliés en ont perdu 90 000. Il n’est plus le maître de l’Europe.

Marie, inquiète du sort de Napoléon, est à Spa. Elle ne rentre à Paris que lorsque Napoléon y retourne. Il l’appelle à Saint Cloud. Cette fois, il ne s’agit pas d’un rendez-vous amoureux. Il s’agit d’assurer de façon certaine l’avenir de leur enfant. Il augmente le majorat, il fait acheter un hôtel particulier à son nom, 48 rue de la Victoire. Le 8 février 1814, il écrit à Monsieur de La Bouillerie, Trésorier Général de l’Empire « J’ai reçu votre lettre relativement au jeune Walewska ( sic). Je vous laisse les mains libres. Faites ce qu’il faut mais faites-le de suite. Ce qui m’intéresse avant tout, c’est le sort de l’enfant; la mère viendra ensuite. »

Plan de l’hôtel du 48 rue de la Victoire
Napoléon a conscience que la fin approche, même s’il lui reste encore quelques victoires à gagner. Mais les Alliés, Royaume-Uni, Russie, Prusse, Autriche avancent et le 31 mars 1814, ils entrent dans Paris. Napoléon est contraint à l’abdication par ses maréchaux le 3 avril. Le même jour, il est déchu par le Sénat qui appelle les Bourbons. Le 11 avril est signé le Traité de Fontainebleau par lequel il conserve le titre d’Empereur mais ne règne plus que sur l’île d’Elbe.

Marie ne revoit pas l’empereur mais elle suit les nouvelles. « L’empereur est allé prendre le commandement des armées qui vont défendre le territoire envahi. Je n’ai pu lui dire au revoir. L’aura-t-il remarqué ? Moi, je suis bien nerveuse… » Elle assiste, en spectatrice au départ de Marie-Louise et du roi de Rome, qu’elle qualifie de « cher petit ».

Départ de Marie-Louise par Achille Martinet
Pendant tous les jours que dure la bataille de Paris, elle a du mal à accepter l’idée que son idole court à la catastrophe et qu’il va bientôt être déchu. Philippe d’Ornano, revenu à Paris pour chercher des munitions, la voit mais ne peut lui donner d’informations tant la situation est confuse. Avant l’abdication, elle cherche à le rejoindre à Troyes. Son frère lui montre la folie d’un acte. Comment traverser les lignes de bataille ? Elle accepte l’argument. De plus, Napoléon n’est plus à Troyes, il est à Fontainebleau. Après l’abdication, elle cherche à l’y rejoindre. Il refuse de la voir de suite car il ne veut voir personne. Constant dans ses mémoire raconte : « Son affliction était si vive de voir que l’Empereur ne la faisait pas demander que j’en pris pitié. Je rentrai dans la chambre de l’Empereur pour le prévenir de nouveau. Il ne dormait pas mais il était si profondément absorbé dans ses pensées qu’il ne me fit aucune réponse. Enfin le jour commençant à paraître, la comtesse craignant d’être vue par les gens de la maison, se retira la mort dans le coeur. Elle était partie depuis plus d’une heure quand l’Empereur se rappelant qu’elle attendait, la fit demander. Je dis à Sa Majesté ce qu’il en était; je ne lui cachais point le désespoir de la comtesse au moment de son départ. L’Empereur en fut vivement affecté. »
Elle essaiera de venir le voir à plusieurs reprises mais la présence des troupes ennemies l’en empêchèrent.
Tous, ou presque, ont abandonné l’Empereur, à commencer par son épouse et ceux dont il a fait la fortune et la gloire. Si les maréchaux et les grands serviteurs de l’empire ont dû leur position à leurs valeurs, qui se souviendrait de Marie-Louise, si elle n’avait pas été impératrice des Français. Marie reste fidèle. Elle sait qu’elle doit sa fortune à Napoléon mais plus encore une belle histoire d’amour et un enfant.

Les Adieux de Fontainebleau par Horace Vernet
Le 20 avril, Napoléon quitte Fontainebleau pour l’île d’Elbe. Elle tente de le voir à nouveau. Ce même jour, elle a à débrouiller ses affaires personnelles, et surtout celle de son fils, que l’abdication de Napoléon a compliquées. Comment assurer l’avenir du majorat constitué à son profit, comment éviter la confiscation des biens situés dans le Royaume de Naples, qui semble être dans l’esprit de Murat. Elle décide de partir en Italie pour demander l’intervention de la reine de Naples, Caroline, avec laquelle elle a toujours eu de bons rapports. Bien entendu, elle voyage en grand équipage avec sa soeur et son frère Théodore. Elle va à Bologne pour rencontrer Elisa Bonaparte, ex-princesse de Lucques et Piombino, ex-grande-duchesse de Toscane. Elle passe si près de l’île d’Elbe qu’elle ne peut pas ne pas aller voir Napoléon. Le maître de l’Europe est désormais le maître d’une petite île méditerranéenne. Tout y est modeste voire mesquin, mais il y reste Majesté Impériale, avec le cérémonial qui va avec, ou presque.
Arrivée de Napoléon à l’île d’Elbe
De sa Grande Armée, il ne lui reste que six cent sept grenadiers, sous les ordres de Cambronne. La rente annuelle de deux millions de francs que Louis XVIII doit le verser, bien entendu n’arriva jamais. Mais malgré tout, il fait trembler encore ses ennemis.
De tout son entourage familial et amical, seules sa mère, sa soeur la princesse Borghèse et Marie Walewska vinrent le voir. Malgré ses déclarations de son intention de venir le voir, Marie-Louise ne vint pas. Ce n’étaient que mensonges, l’impératrice des Français était alors sous le charme du général comte Neipperg.
Le 4 août 1814, Theodore débarque à l’île d’Elbe porteur d’une lettre de sa soeur. Elle est à Florence et attend l’autorisation de venir le voir. Napoléon en est ému et le 9 août, il lui répond : « Marie, j’ai reçu votre lettre. J’ai parlé à votre frère. Allez à Naples arranger vos affaires ; en allant ou en revenant, je vous verrai avec l’intérêt que vous m’avez toujours inspiré et le petit dont on me dit tant de bien que j’en ai une véritable joie et me fait fort de l’embrasser – Adieu Marie, cent choses tendres. » Il l’attend donc, mais elle ne peut venir qu’incognito car Napoléon ménage la susceptibilité de son épouse. Si Marie arrivait de façon officielle, celai serait immédiatement rapporté des toutes les Cours et Marie-Louise l’apprendrait. Il est peu probable qu’elle en serait affectée.
Laetitia Ramolino-Bonaparte, Madame Mère
Madame Mère est aussi présente à l’île d’Elbe. Il est hors de question qu’elle soit mise au courant. La jolie et coquette Madame Bonaparte de l’Ancien Régime à cédé la place à la digne et Auguste Mère d’un empereur, de trois rois, d’une reine et de deux princesses. De plus elle est corse et très attachée au respect que l’on doit à sa famille, femme en premier. Napoléon est un homme marié, il ne peut recevoir sa maîtresse.
Marie débarqua à l’île d’Elbe le 1er septembre 1814. Napoléon est venue l’attendre sur le quai.

Demeure de Napoléon à l’île d’Elbe
On peut imaginer l’émotion de leurs retrouvailles. Ils se sont quittés six mois à peine, mais leur monde s’est écroulé autour d’eux. Mais cet écroulement est sans conséquence pour l’amour que Marie lui porte. Ils s’installent, avec la soeur et le frère de Marie, dans une sorte d’ermitage au dessus de la mer. Ils ne partagent pas la même chambre. Ont-ils eu seulement un rapport physique ? Selon Ali le Mameluk qui avait suivi Napoléon, oui.
Marie serait bien restée auprès de lui pour l’aider de son amour à supporter l’amertume de sa situation. Napoléon est heureux avec elle et leur fils, durant la durée de leur séjour.

Dans l’île d’Elbe s’est répandue la nouvelle que l’impératrice et le roi de Rome sont arrivés. Napoléon ne veut pas leur révéler qu’il s’agit de sa maitresse et de son fils adultérin. Il a peur du scandale que cela pourrait provoquer dans cette population catholique. Il faut donc que Marie parte. Son rêve de rester avec lui s’effondre.

Le 3 septembre 1814, Marie rembarque. Le dernier jour, comme pour oublier la détresse du moment, fut joyeux, du moins dans sa forme. Napoléon donna un dîner auquel il convia les officiers polonais de sa garde que Marie connaissait. On dansa. Le lendemain après une ultime promenade, il fallut se séparer. Marie a accepté cela comme elle a accepté le reste. Mais elle reste une femme humiliée. L’homme qu’elle aime l’a sacrifiée à un femme indifférente, au nom de conventions dont plus personne n’avait à faire dans la tourmente présente. Ils se reverront encore deux fois.

Les affaires du jeune Walewski se sont arrangées à Naples, grâce à l’intervention de Caroline, qui est séduite par son neveu. Durant ce séjour, Marie apprit la mort du comte Walewski, qui, s’il n’est plus son mari à l’état-civil, l’est encore devant Dieu. Cela n’empêche en rien de mener une existence mondaine. Elle séduit toujours. Il semble qu’elle ait pris son parti de sa séparation avec Napoléon. Peut-être a-t-elle commencé de cesser de l’aimer ?

Philippe d’Ornano lui écrit et elle lui répond. Sa fidélité ne peut que la réconforter. Elle doit bien avoir conscience qu’il y a plus que de l’amitié dans celle-ci. Marie est encore à Naples quand elle apprend que Napoléon a quitté l’île d’Elbe. Le rêve va-t-il renaître ? Elle part immédiatement pour Paris où elle arrivera début avril 1815.
Napoléon a fait à travers la France un retour triomphal. Louis XVIII a quitté la capitale, y oubliant ses pantoufles, ce qui l’ennuie beaucoup. Marie espère être appelée aux Tuileries. Elle n’ose y aller de son chef. La reine Hortense est alors l’intermédiaire entre les deux. Le 11 juin 1815, c’est au Palais de l’Elysée qu’elle voit l’Empereur pour la dernière fois. Napoléon se reproche devant elle de l’avoir si mal traitée, mais pouvait-il faire autrement, ajoute-t-il. Marie pleure et c’est en pleurant qu’elle le quitte. Cette fois, leur histoire d’amour est bien finie. Elle sait que même si Napoléon n’a pas accompli tous ses espoirs d’une Pologne libre, ses espoirs secrets de rester toujours près de lui, elle l’a aimé passionnément et il le lui a bien rendu, du moins au début.
Le 18 juin, c’est la bataille de Waterloo. Le 21 juin, Napoléon la reçoit encore une fois avec leur fils. Le 28 juin, c’est à La Malmaison qu’ils se voient pour la dernière fois. Joséphine est morte, Marie est vivante. Marie est prête à le suivre mais l’empereur ne change rien à son destin. Il avait épousé Joséphine par amour, il avait aimé Marie sans l’épouser, il avait épousé Marie-Louise par devoir mais tout était fini. Il se remettait en confiance dans les mains de ses ennemis et ne voulait entraîner Marie vers un avenir dont ils ignoraient tout. De ses deux fils, Alexandre Walewski fut le dernier sur lequel il posa les yeux.
La bataille de Waterloo par William Sadler
Marie fut malade pendant des semaines après cette entrevue. Une fois rétablie, elle alla en Hollande placer une partie des fonds de son fils, suivant la recommandation que lui avait fait Napoléon. Elle intervint aussi en faveur de Madame Mère et de Caroline Murat, ex-reine de Naples. Elle n’hésite pas à se compromettre aux yeux de la police du nouveau monarque pour celles qui auraient pu être sa belle-mère et sa belle-soeur. La grandeur d’âme de Marie transparait derrière ces gestes auxquels rien ne l’obligeait.
Recluse, elle refuse sa porte à Philippe d’Ornano, toujours constant voire encore plus amoureux. Quand il la voit enfin, il lui demande sa main. Elle refuse. Car si elle n’a plus aucun espoir de vivre avec Napoléon, envoyé à Sainte-Hélène, elle n’est pas prête à le remplacer dans son coeur. Mais Philippe d’Ornano n’était pas homme à s’avouer vaincu.
Philippe Antoine d’Ornano est né à Ajaccio le 17 janvier 1784. Sa mère était une Bonaparte et son père le descendant d’une des familles les plus illustres de Corse. Aide de camp de Berthier, il s’illustre à Ulm et à Iéna où il est officier d’ordonnance de l’empereur.
Il est fait comte de l’Empire en 1808 et prend part aux campagnes de la guerre d’Espagne. Il est un des plus jeunes généraux de brigade de l’Empire, à 27 ans. Commandant la 16e brigade de cavalerie légère au début de la campagne de Russie, il est fait général de division le 8 septembre 1812, après la bataille de la Moskowa et prend la tête de la division légère du 4e corps. Blessé et laissé pour mort à la bataille de Krasnoï, le 18 novembre 1812, il est retrouvé vivant par son aide de camp le lendemain et rentre en France. Après une convalescence rapide, il combat en Allemagne et prend le commandement de la cavalerie de la Vieille Garde après la mort du maréchal Bessières.
Lors de la campagne de France, il participe notamment à la bataille de Paris où il commande les unités de la Garde impériale stationnée dans la capitale. Après l’abdication de Fontainebleau, il accompagne Napoléon jusqu’à son embarquement pour l’île d’Elbe. Cousin de Napoléon, qui a fait de ce cavalier brillant l’un des généraux les plus dotés de l’Empire, il accepte le commandement des dragons de France sous la Première Restauration mais s’empresse de proposer ses services à l’Empereur lors de son retour aux Tuileries. Grièvement blessé à la poitrine au cours d’un duel avec le général Bonet, il n’exerce pas de commandement effectif lors de la campagne de Belgique. Il ne participera pas à la bataille de Waterloo. Arrêté le 20 novembre 1815 pour avoir pris en public la défense de Ney – « si j’avais cent hommes sûrs avec moi, j’irais délivrer le maréchal Ney dans sa prison » avait-il dit – il est libéré un mois plus tard et part en exil en Angleterre puis en Belgique. ( Sources : Wikipédia)
Marie est bouleversée par la nouvelle de son arrestation. Elle intervient auprès de Fouché et de Talleyrand, qui pour faire oublier leur passé, préfèrent rester neutres. Elle va trouver le duc Decazes, nouveau ministre de la Police et favori de Louis XVIII, qui lui accorde la libération d’Ornano.
Cette fois, les sentiments de Marie ont changé. Elle accepte la demande en mariage mais ils doivent se séparer car il est exilé. Elle devra le rejoindre en Belgique, où il a acheté une propriété à Liège.
Le contrat de mariage donne une idée de la disparité de fortune entre les époux, mais il permet surtout de savoir ce que possédait Marie et comment elle vivait. Outre ses effets personnels, le futur époux apporte 200 000 francs en argent comptant. La future épouse, outre ses effets personnels, bijoux, argenterie, meubles meublants, voitures estimés à 121 102 francs, elle apporte 750 000 Francs en argent comptant et rentes. La différence de fortune est considérable. Mis à part 100 000 florins polonais, recueillis dans la succession de son mari et 200 000 francs de dettes du comte Walewski qu’elle a acquittées. L’actif total est donc près de 700 000 Francs, auxquels il faut ajouter des rentes et des actions plus la jouissance de l’hôtel particulier 48 rue de la Victoire acheté par Napoléon pour son fils. Cet hôtel comprend un boudoir, une chambre à coucher, un petit salon bleu, au rez-de-chaussée, un salon vert, une salle à manger, diverses chambres et pièces de service, plus une écurie. Le contrat de mariage donne la description exacte de tous les meubles meublants, de toute l’argenterie, de tous ses bijoux, de tout le linge. Il est extraordinaire à lire car il donne une idée de l’ameublement aristocratique sous l’Empire.
Les premières pages du contrat de mariage
Philippe d’Ornano ne fait donc pas une mauvaise affaire mais ce n’est pas pour cela qu’il l’épouse. C’est par amour. Il est un homme bien comme toute sa vie l’a prouvé jusque là et le prouvera par la suite.
Dernière page du contrat de mariage avec la signature de Marie
Ils se marièrent donc à Bruxelles le 7 septembre 1816. Elle a trente ans, il en a trente-deux. Quand il apprit la nouvelle du mariage, Napoléon, déjà à Sainte-Hélène, semble y avoir été indifférent. De toutes façons, que pouvait-il faire ? Pleurer, se lamenter ? Ce n’était pas dans son caractère ni dans la conscience qu’il avait de sa dignité. On peut même penser qu’il en a été heureux pour elle.
Dans le contrat de mariage, il était prévu qu’ils vivent dans son hôtel à elle et qu’elles supporte la quasi totalité des frais du ménage. Mais le mari était exilé à la suite de sa défense de Ney, ils choisissent de s’installer à Liège, après leur voyage de noces passé à Spa car la santé de Marie était chancelante. C’est après son mariage avec Philippe d’Ornano qu’elle commença à rédiger ses mémoires, dont de nombreux passages sont relatés dans cet article. C’est un témoignage précieux sur sa personnalité.
Bien qu’enceinte, elle entreprend de se rendre sans son mari à Walewice. Il y va peut-être pour finir de régler la succession du comte Walewski. Toujours est-il que Philippe lui manque. Elle le lui écrit, à peine arrivée, le 24 janvier 1817: « Notre séparation me pèse d’un poids très lourd mais ce fardeau disparaît quand je réalise à quel point nous sommes unis…Mon mari à moi, si loin que tu sois, tu es toujours près de moi…Je ne peux pas te cacher que je me sens un peu faible. J’ai par moment des pressentiments qu’il m’arrivera quelque chose que je redoute… »
Le destin de Marie Łączyńska, comtesse Walewska, comtesse d’Ornano va bientôt être brisé. Elle reste encore quelques temps à Varsovie mais elle souffre dans sa grossesse. A son retour en Belgique, Philippe est effrayé de voir le changement survenu en elle. Elle a maigri, elle est pâle. La vie semble se retirer au moment même où elle connait le bonheur d’un amour accompli et partagé. Les médecins appelés par Philippe lui conseille le repos. Elle continue la rédaction de son journal dans lequel elle tente d’expliquer qu’elle a été victime des évènements qui l’ont conduite à être la maîtresse de Napoléon puis de finir par l’aimer. Elle a été patriote, nul ne peut en douter, elle a aimé Napoléon, nul ne peut en douter également. Elle aime Philippe d’Ornano qui lui a non seulement rendu l’honneur d’être une épouse respectée mais aussi l’entoure d’un amour immense.
Le 9 juin 1817, elle met au monde un garçon prénommé Rodolphe-Auguste, qu’elle décide d’allaiter. Cela l’épuise et la mène doucement vers sa fin. La sentant proche, elle demande à son mari de la ramener à Paris où ils arrivent début novembre 1817.
Le 11 décembre, elle meurt, probablement victime d’une néphrite que l’on ne savait pas soigner à l’époque. Elle avait trente et un ans. Selon sa demande, elle fut enterrée dans la caveau familial de Kiernozia.
Acte de décès reconstitué après l’incendie de l’Hôtel de Ville de Paris en 1871
Le fils de Marie raconte dans ses Mémoires : « Toute la maison fut plongée dans le désespoir mais la douleur du général d’Ornano dépassait tout ce qu’on peut imaginer. Ma mère était une des meilleures personnes ayant existé au monde. »  On le croit aisément à la lecture des événements de sa vie.

Ici repose Marie Laczinska, comtesse Walewska puis comtesse d’Ornano
L’amour de Napoléon et de Marie fut certainement un des épisodes les plus attachants de la vie de l’Empereur. Elle lui valut, à elle la gloire, une gloire qu’elle a chèrement payé car malgré son amour pour lui, elle portait sans cesse le remords d’avoir rompu les voeux de son premier mariage, elle se reprochait peut-être aussi ne pas avoir été capable de porter le destin de la Pologne comme cela lui avait été fait miroiter.
De ses deux amours, Marie eut deux enfants mais elle n’oublia pas son aîné, issu de sa première union.
Le général comte d’Ornano ne se remaria pas. Il reprend du service en 1828 comme commandant des 2e et 3e divisions militaires puis au jury du concours de Saint-Cyr Sous la monarchie de Juillet, il prend part à la répression en Vendée en 1832 et est fait pair de France. À la retraite pour raison de santé, il est élu député d’Indre-et-Loire le 7 janvier 1849 (il fut propriétaire du château de la Branchoire à Chambray-lès-Tours). Partisan de la politique du président de la République Louis-Napoléon Bonaparte et soutien du gouvernement dans l’affaire de l’expédition de Rome, il est réélu lors des élections de 1849. Grand-croix de la Légion d’honneur en 1850, il approuve le coup d’État du 2 décembre 1851. Membre de la commission consultative, il est couvert d’honneur, fait sénateur dès 1852, grand chancelier de la Légion d’honneur puis gouverneur des Invalides. Napoléon III le fait maréchal de France le 2 avril 1861, dernier des généraux de la Révolution et de l’Empire à accéder à cette distinction. Il meurt à Paris le 13 octobre 1863 et est enterré aux Invalides. Son nom figure sur l’arc de triomphe de l’Étoile, à Paris. ( Sources Wikipédia)

Comte Alexandre Colonna-Walewski en 1832
Alexandre Colonna-Walewski, comte de l’Empire, indéniablement reconnu comme fils de l’Empereur par un test ADN, eût une brillante carrière. A la mort de sa mère, la tutelle fut confiée à son oncle Teodor Michał Łączyński, dont elle avait toujours été proche. Il était un honnête homme et Alexandre n’eut qu’à se féliciter de son tuteur qui sut bien gérer sa fortune. Il entretint aussi toujours d’excellents rapports avec Philippe d’Ornano, son beau-père. Militaire, diplomate, homme politique, sa carrière se fit sous la Monarchie de Juillet et sous l’Empire à la tête duquel était son cousin germain, Napoléon III. Il fut marié deux fois. Sa première épouse était Lady Catherine Montagu, fille du comte Sandwich. Veuf, il se remaria avec Marie-Anne de Ricci, dont la mère était une princesse Poniatowska.

Comte Colonna-Walewski en 1865

La ressemblance avec Napoléon est frappante
De sa liaison avec la comédienne Rachel, il eut un fils naturel Alexandre-Antoine-Jean Colonna-Walewski, reconnu à sa naissance en 1844 et adopté par lui en 1860. Il mourut en 1868.
La comédienne Rachel
Son petit-fils André Colonna Walewski fondateur des taxis G7 à Paris fut le gendre de Léon Molinos un industriel important. La descendance masculine et féminine d’André Colonna Walewski est nombreuse de nos jours. Le Comte Alexandre Colonna Walewski est aujourd’hui le chef de famille.
Rodolphe-Louis d’Ornano, le dernier fils de Marie et unique fils de Philippe, né en 1817 est mort en 1865. Il a été Chambellan et Premier maître des cérémonies de l’Empereur Napoléon III, Préfet, député et Vice président du conseil général de l’Yonne. Il est l’ancêtre de Michel d’Ornano maire et député de Deauville.
Le fils aîné de Marie, le comte Antoine Colonna Walewski, mort à 30 ans, n’eut que des filles. Le nom des Walewski est perpétué en Pologne probablement par la descendance des fils des premiers mariages du comte. Mais s’il est aujourd’hui universellement connu, c’est par Marie Walewska.
L’auteur remercie le comte Colonna-Walewski pour son aide précieuse lors de la rédaction de ces articles. Ces articles sont dédiés à une fervente admiratrice de Walewska, ma mère.