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26/06/2022

L'Aiglon - Troisième partie : Un jeune duc à la cour d'Autriche



Armoiries du duc de Reichstadt

La position de Napoléon François Charles Joseph Bonaparte à la cour de Vienne était aussi étrange que celle de sa mère. On fit d’elle une duchesse de Parme et de lui un prince de Parme, sans aucun droit dynastique.

Pour donner à son petit-fils une réelle position au sein de l’empire d’Autriche, sa nouvelle patrie, et des Habsbourg-Lorraine, sa famille présente, l’empereur François délivra plusieurs lettres patentes le 22 juillet 1818. Le domaine de Reichstadt, une petite ville de Bohême, fut érigé en duché. Puis il attribua à Franz le titre de duc de Reichstadt et le prédicat d’Altesse Sérénissime. Enfin il lui fit donation du domaine et de toutes se terres afin de lui assurer un revenu indépendant. Un mois après, il l’érigea en majorat, en faveur de la descendance masculine de son petit-fils. C’est à Reichstadt (aujourd’hui Zákupy)qu’en 1900, l’archiduc François-Ferdinand épousa la comtesse Sophie Chotek. Franz ne vit jamais son château. 



Château de Reichstadt 

A la Cour il prit rang immédiatement après les archiducs de la Maison d’Autriche ses cousins. Il était désormais Son Altesse Sérénissime Franz, duc de Reichstadt. Oubliés le roi de Rome et le prince de Parme.

Il a été reproché à l’empereur d’Autriche d’avoir fait de son petit-fils un membre mineur de sa Maison. Ceci est totalement injuste car l’empereur ne pouvait lui conférer le titre d’archiduc auquel ont seuls droits les descendants des membres mâles de la famille. Franz était le fils d’une archiduchesse, elle ne pouvait lui transmettre son titre. François Ier avait fait le maximum de ce qu’il pouvait faire en faveur de l’aîné de ses petits-enfants. Il lui avait aussi donné une suite de vingt-six domestiques. 


Reichstadt par Krafft, un prince autrichien

Mais, malgré son nouveau statut princier, l’enfant, qui avait sept ans, se devait de continuer à apprendre et ce n’était pas facile pour ses éducateurs. L’enfant était intelligent et doué de la grande mémoire de son père, mais il était paresseux et rétif. 

Marie-Louise avait fixé elle-même le programme qui devait régir la vie de son fils jusqu’à la fin de son adolescence : “Je veux en faire tout à fait un prince allemand aussi loyal, aussi brave, qu’il devienne digne d’être comparé à Léopold le Glorieux ou au prince Eugène de Savoie, ce seront ses talents, son esprit, sa chevalerie qui devront lui faire un nom “

Le comte de Dietrichstein était en charge de ce programme ambitieux. Et c’est à lui que revenait le rôle de “père fouettard” car plus d’une fois l’enfant reçu le martinet, autorisé par sa mère et son grand-père.


Dietrichstein n’aima pas l’enfant tout de suite, loin de là.  Sa correspondance, du moins pour les premiers mois passés aux côtés de Franz, révèle un véritable dégoût que lui inspirait le fils de Napoléon. Il le dépeignait sous un jour on ne peut plus noir. En mars 1817, il écrivit à Neipperg, dont il était l’ami, et dont il ne pouvait pas ignorer le lien avec la mère de l’enfant. 

“Courage et patience, dis-tu… Je suis bien fâché de devoir recommencer ma jérémiade de ma lettre à Sa Majesté, mais je n’aurais rien à cacher à une mère et surtout à une mère aussi parfaite… On n’a pas idée de cette méchanceté opiniâtre et calculée, se trahissant à chaque instant, même par des regards et des rires moqueurs… Tout provient de ce penchant continuel à ne saisir et à ne s’approprier que ce qui est nécessaire”. La haine de Napoléon explique cette aversion.

Mais le ton va rapidement changer. Sévère certes car il commençait à s’inquiéter pour lui. Il savait en effet que personne en Autriche ne ferait de cadeaux au fils de Napoléon, et que s’il voulait réussir à la cour ou dans l’armée, il lui faudrait travailler deux fois plus et ne laisser subsister aucun défaut ou lacune dans son éducation. Il le déclara d’ailleurs à Neipperg dans sa lettre du 30 mars 1818 : “Je désire ne pas le quitter, et jamais non seulement jusqu’à ce que son cœur soit formé, mais pour diriger ses pas dans la carrière épineuse qu’il devra parcourir. Mes prières n’ont jamais été prononcées avec plus de ferveur depuis que je le connais de fond en comble.”


Il relate les distractions du jeune prince, qui danse à un bal de la cour pour la première fois le 27 janvier 1818, ses jeux avec ses oncles, tantes cousins et cousines. Le 13 février, il joue dans une petite pièce avec eux. 


Enfin, et ce n’est pas le moindre, lorsque Marie-Louise vint à Vienne pour défendre la position de son fils au cours de l’été 1818, il la soutint contre Metternich. Ce dernier voulait attribuer le titre de comte à l’enfant. Dietrichstein avertit Marie-Louise et Neipperg des rumeurs qui couraient à ce sujet. La duchesse de Parme se battit pour que son fils ait un rang princier et elle obtint le titre de duc de Reichstadt et les biens qui allaient avec. On peut imaginer la satisfaction du tuteur. Mais son élève lui donnait du fil à retordre. “Distraction, paresse et mauvaise volonté, voilà ses trois grands défauts, joints à l’extrême facilité d’imiter ce qui est mauvais et de rendre son instruction extrêmement difficile….” ( Lettre du 24 juillet 1819) Telle est son opinion du jeune enfant.


Dietrichstein se plaignit auprès de  Neipperg de son ” l’horrible paresse qui retarde ses progrès, ce qui le fait parler aussi mal français, ce qui me désespère” ( lettre du 7 novembre 1818 ). C’était un comble car il avait eu pour mission de départ d’en faire un prince parlant allemand comme langues maternelle, en lui faisant oublier le français, et là il se plaignait de cet oubli.

Neipperg ? Son nom est indissociable de celui de Marie-Louise. Elle est tombée dans ses bras. Il semble qu’il soit devenu son amant dans la nuit du 25 au 26 septembre 1814. Elle est amoureuse et refuse de rejoindre Napoléon à l’île d’Elbe. Elle écrit à son amie la duchesse de Montebello : “Figurez vous que dans les derniers jours de mon séjour à Aix, l'Empereur m'a envoyé message sur message pour m'engager à venir le rejoindre …Je n'irais pas pour le moment dans l'isle d'Elbe et je n'irais jamais”. Sa situation n’était pas simple, car elle dépendait en fait du bon vouloir des Alliés mais si elle en avait réellement exprimé le désir, qui aurait pu empêcher une femme de rejoindre son mari. Napoléon l’avait comblée, y compris physiquement, mais la page était tournée, un autre homme était dans son lit, donc dans sa vie. Il en sert à rien de la juger. L’Histoire s’en est chargée.

La question qu’elle ne s’est sans doute pas posée est de savoir ce que son fils penserait de la situation. Il faut dire que, bien que sa liaison ait été un secret de polichinelle, elle sut en tenir loin les deux hommes les plus proches de son sang, son père et son fils. 

Le 7 mars 1816, l’ensemble des problèmes diplomatiques et dynastiques relatifs au duché de Parme, étant résolus, elle part, avec son homme de confiance à ses côtés, Adalbert von Neipperg. Il sera à la fois, le maître de sa maison, le gouverneur du duché, son ministre des affaires étrangères. La comtesse de Neipperg, morte, celui-ci n’a plus d’obligations familiales. Il a quatre garçons de ce premier mariage et son aîné, Alfred, sera l’ami de  l’Aiglon. 


Italianisation du prénom Marie-Louise

Le premier acte de la nouvelle duchesse est le 29 février 1816 d’italianiser son nom. Elle n’est plus Marie-Louise, archiduchesse d’Autriche, impératrice des Français, elle est désormais “Maria Luigia, arciduchessa d’Austria, duchessa di Parma, Piacenza et Guastalla.” Après son entrée officielle dans le duché, le 18 avril, elle écrit à son père : “Les gens m'ont accueilli avec tant d'enthousiasme que j'ai eu les larmes aux yeux.” 


Palais ducal de Parme

De politique, il n’en est pas question pour elle, souhaitant “pouvoir passer ici son existence dans la plus grande tranquillité”. Un rôle de représentation lui convient parfaitement. Elle devient aussi attentive aux arts, et surtout à la misère du peuple. Elle est aussi conciliante avec les révoltés, carbonari, qui un an après son arrivée, ont tenté de soulever contre elle le peuple. L’insurrection ayant échoué, elle demandera et obtiendra la transformation de leur condamnation à mort en peine de travaux forcés. Maria-Luigia est une bonne personne et son souvenir reste tel encore de nos jours. 



Palais ducal de Colorno près de Parme

Neipperg est l’homme de Metternich à Parme. Au nord du duché, il y a le royaume lombardo-vénitien, administré par un archiduc pour le compte de l’empereur d’Autriche, aux sud, le grand-duché de Toscane, sous la souveraineté de son oncle, Ferdinand III d’Autriche-Toscane, et à l’est, à Modène, son autre oncle, François Ier d’Autriche-Modène. Le petit duché parmesan est bien entouré. L’empire d’Autriche et son chancelier peuvent dormir tranquilles, car au sud il y a les Etats pontificaux, et encore plus au sud, les cousins Bourbons de Naples et de Sicile.

Marie-Louise et Neipperg résident plus souvent au palais de Colorno, à la campagne, qu’au palais ducal en ville. 



La duchesse de Parme par  Giovan Battista Borghesi 

Le plan personnel est plus compliqué. Le 1er mai 1817, elle donne naissance à une fille, Albertine, et le 8 août 1819 à un fils, Guillaume.  


Albertine de Montenuovo

Ces naissances sont soigneusement cachées car Marie-Louise est encore mariée à Napoléon,  et es enfants sont illégitimes, des bâtards selon la terminologie de l’époque.  Ils sont élevés par un médecin de Parme, le docteur Giuseppe Rossi. Ils sont titrés plus tard, comte et comtesse de Montenuovo - aveu de la paternité d’Adalbert car Montenuovo est la forme  italienne de Neipperg. 



Guillaume de Montenuovo

Tout le monde à Parme connait la situation des enfants. Ce n’est qu’une fois mariée à Neipperg  que les enfants pourront vivre dans une annexe du palais ducal et être éduqués par une gouvernante et un instituteur, mais toujours inconnus de leur grand-père et de leur  demi-frère.



Lettre de Marie-Louise à son fils Guillaume en 1826

Le fils aîné du couple était l’ami de Franz, son demi-frère, et il le restera même quand il apprit la vérité. Il fallut attendre la mort de Napoléon, le 5 mai 1821, pour que la liaison officieuse devint un mariage officiel. Mais la totalité du pot-aux-roses ne fut révélée qu’en 1829, à la mort de  Neipperg. 


Alfred de Neipperg

Jusqu’en 1821, Franz vécut dans une demi-connaissance de son père. On ne lui en parlait pas mais s’il en parlait on lui répondait, la plupart du temps, en demi-teinte, l’ordre de l’empereur étant de ne pas en dire du mal, ni de le valoriser.

En 1819, il reçut en cadeau un costume de sous-officier de son régiment hongrois. Il en fut très fier et l’arbora lors d’un dîner de famille.  


Le duc de Reichstadt en costume hongrois

Dietrichstein fut effrayé de voir que l’enfant aimait l’armée. Le 12 juin, il s’inquiéta de voir que son élève avait appris par cœur l’organisation de l’armée autrichienne et qu’il rêvait désormais d’une carrière de soldat. Le gouverneur ne souhaitait pas l’empêcher d’entrer dans l’armée mais être le fils du génie militaire du siècle n’était pas facile et il avait peur que Franz se contentât d’être le fils, le jugeant paresseux et peu enclin à l’effort. 

Il n’y a pas grand chose de nouveau dans sa vie. Il est choyé et aimé par sa famille autrichienne. Maurice Dietrichstein, s’amusait, avec, il est vrai, beaucoup de fierté, de voir son élève, tenir une place remarquée au sein de cette société, qui si elle était familiale, n’en était pas moins recherchée et exclusive.

Franz voit aussi de temps en temps sa mère. Il entretient avec elle une longue correspondance, remplie d’affection pour elle. La duchesse de Parme et le comte de Neipperg reçoivent régulièrement les lettres du précepteur les informant à la fois de la personnalité de l’enfant et des progrès de son éducation.


Le duc de Reichstadt par Lawrence en 1820

En 1820, le peintre Lawrence vint à Vienne et fit un portait remarquable du jeune duc , qui n’a pas encore dix ans. Peut-être un des plus beaux de l’artiste. 

Début 1821, Dietrichstein s’intéressa à l’éducation religieuse du prince. Le 7 février, il choisit Wagner, chapelain de la cour impériale, pour le préparer à sa première communion, qui eut lieu le 9 juin à 7 heures du matin. L’événement donna lieu à une petite fête : “Sa Majesté [l’impératrice d’Autriche], qui avait fait décorer le cabinet chinois près de l’appartement de notre souverain, en fleurs, draperies, etc., d’une manière charmante, y déjeuna avec le prince, les archiducs, Mme Lazansky [ancienne gouvernante de Marie-Louise], ces messieurs [les professeurs de Reichstadt] et moi. Elle était adorable, comme toujours, et fit cadeau au prince d’une corbeille d’argent […] et d’une tasse avec la vue de Schönbrunn. Le prince rayonna de joie et je lui donnai ensuite au nom de sa chère maman la belle lunette d’approche de Paris, d’une nouvelle invention.” ( lettre à Neipperg du 9 juin 1821) 




L’impératrice Caroline-Auguste



Dès son arrivée à Vienne, en 1816, Charlotte de Bavière, divorcée du prince héritier de Wurtemberg, quatrième épouse de l’empereur François, avait aimé le jeune Franz, qu’elle considérait comme son petit-fils. Elle était connue sous le nom de Caroline-Auguste.



Plan du Troisième étage de Schönbrunn  

Les appartements de Franz sont en angle à gauche, avec trois fenêtres sur la cour d’honneur


Le 8 mai, on lui attribue un nouvel appartement à Schœnbrunn, que le prince décrit ainsi “ On m’a attribué u nouvel appartement qui me plait beaucoup au troisième étage. Il comprend beaucoup de chambres; ce qui me plait le mieux est la vue sur la place. De trois chambres, on aperçoit le Kahlenberg et la longue chaîne de hauteurs qui s’étend jusqu’à Dornbach. A côté de ma chambre à coucher, se trouve mon cabinet de travail, qui a une vue splendide sur le jardin de ma tante Marianne, mais ce qu’on voit de plus beau de ce côté-là, c’est la ville avec un bout d’allée qui va en ville. Il y a très peu de soleil dans cet appartement, c’est pourquoi, il est froid le matin et le soir. Après mon cabinet de travail viennent les appartements de Monsieur de Foresti et du comte Dietrichstein.” ( J. de Bourgoing - Papiers intimes du duc de Reichstadt. )



Schönbrunn - Les appartements sont au troisième étage de l’aile gauche


L’enfant est heureux. La terrible nouvelle n’est pas encore tombée. 

Début juillet, elle avait atteint Vienne et l’entourage du prince savait que Napoléon était mort. Il fallait le lui annoncer. Le comte Dietrichstein étant à Vienne, le 16 juillet l’empereur en chargea Foresti. 

Voici la relation qu’il en fit à Neipperg : “Il était seul avec lui. c’était le soir ; les ombres tombaient sur le parc. Foresti commença à parler de Sainte-Hélène, dit que c’était une île d’Afrique au beau climat, où l’empereur Napoléon, avec quelques amis choisis, avait passé ses dernières années. L’enfant, habitué de voir écarté le nom de son père, s’était dressé, stupéfait. depuis longtemps, continuait Foresti, sa santé était chancelante; il souffrait d’une maladie de l’estomac. Il s’arrêta. l’enfant gardait le silence. Alors Forestyi, baissant la tête, dit qu’il était mort, dans les sentiments les plus chrétiens. L’enfant pleura longuement…Foresti, ému, cherchait à le consoler. Il ne l’entendait pas.” ( Dans Octave Aubry - le Roi de Rome - Librairie Arthème-Fayard 1932) 



La mort de Napoléon


Prokesch-Osten, le futur et dernier ami de Franz, relate la scène, qu’il tient peut-être du prince lui-même, dans ses notes inédites : “ Le prince pleura un jour entier presque sans interruption. Soudain, il se ressaisit, sécha ses yeux, se leva et marcha de long en large. Aucun mot ne vint sur ses lèvres. Au bout de quelques semaines seulement, il fit allusion à la mort de son père…Il sentait qu’ild avait garder sa douleur pour soi.” ( Dans Octave Aubry - le Roi de Rome - Librairie Arthème-Fayard 1932)

La cour ne prit pas le deuil, Metternich l’ayant fortement déconseillé. Seul le prince fut autorisé à être vêtu de noir. L’empereur toutefois autorisa le deuil de ceux qui étaient proches de lui, gouverneurs et serviteurs, sans les autoriser à le montrer en public.


Marie-Louise écrivit à son fils le 24 juillet : ”Je suis sûre que vous ressentirez cette douleur profondément, comme je la sens moi-même, parce que vous seriez un ingrat si vous oubliez toute la bonté qu'il a eue pour vous dans votre petite enfance, je suis aussi certaine que vous chercherez à imiter ses vertus, tout en évitant les pièges qui ont fini par le perdre" 


On peut supposer à la lecture de celle envoyée par Dietrichstein à la duchesse de Parme qu’elle avait été une consolation pour le duc de Reichstadt.


“Il a reçu hier la lettre de Votre Majesté et la lut en ma présence et en celle de ces Messieurs (Collin et Foresti). Ah, que Votre Majesté est adorable et comme deux pages renferment tout ce que l’on peut désirer dans une circonstance si délicate ! Mes vœux sont accomplis à cet égard ; j’osai les prononcer dans ma lettre à Neipperg, mais Votre Majesté prévient toujours mes pensées les plus secrètes, parce que rien ne peut égaler ni son génie ni ses affections. Je le répète, cette lettre admirable ne laisse rien à désirer ; le prince doit la relire souvent, pour apprécier davantage le bonheur d’avoir une mère aussi parfaite et se rappeler sans cesse les devoirs qu’elle lui prescrit. Je prie Dieu journellement, afin que le prince ressemble un jour à sa tendre mère et qu’il imite toutes ses vertus. Ce n’est qu’ainsi qu’il pourra atteindre un jour le bonheur et gagner l’admiration générale. Le prince, qui avait déjà pris le deuil lorsque la nouvelle officielle arriva, le portera comme Votre Majesté l’ordonna à sa cour. Cette mesure, ainsi que l’article dans la Gazette de Parme, fait grand effet ici et je m’y attendais bien. Le prince fait dire des messes chaque jour, il y assiste et je suis trop heureux d’avoir deviné l’intention de Votre Majesté et de me conformer par la entièrement d’après sa volonté” Il est malgré tout difficile d’être plus courtisan car dire de Marie-Louise qu’elle est une mère parfaite est peut-être aller un peu loin dans la flagornerie.


Elle avait su toutefois réagir de façon décente à la mort de son mari. Elle déclara à une de ses confidentes, Mme de Creneville : “La Gazette de Piémont a annoncé d’une manière si  positive la mort de l’empereur Napoléon, qu’il n’est presque plus possible d’en douter. J’avoue que j’en ai été extrêmement frappée; quoique je n’ai jamais eu de sentiment vif d’aucun genre pour lui, je ne puis oublier qu’il est le père de mon fils, et que, loin de me maltraiter comme tout le monde le dit, il m’a toujours témoigné tous les égards, seule chose que l’on puisse désirer dans un mariage politique. J’en ai été très affligée, et quoiqu’on doive être heureux qu’il ait fini son existence malheureuse d’une manière chrétienne, je lui aurais cependant désiré encore bien des années de bonheur et de vie, pourvu que ce fût loin de moi.” ( Dans Octave Aubry - le Roi de Rome - Librairie Arthème-Fayard 1932)


Il y eut un beau service funèbre dans sa chapelle privée et elle prit le deuil pour trois mois. En outre, elle fit dire mille messes à Vienne et mille messes à Parme.


Il est difficile de mesurer le chagrin de l’enfant, qui avait très peu connu son père mais dont le souvenir était fort.  Il en a, certainement, été perturbé car Dietrichstein rapporte qu’il venait de reprendre l’habitude “ de pisser au lit”. 


Son grand-père se montra encore plus prévenant que d’habitude, le gardant dans son bureau ,le prenant avec lui à la chasse, ou l’emmenant en voyage. L’impératrice avait aussi beaucoup d’affection pour lui. iIs montent à cheval ensemble. Il participe avec les membres de la famille à des réjouissance paysannes offertes par l’empereur aux populations autour de Schœnbrunn avec repas suivis de bals.


Dans son testament, Napoléon avait écrit : “ Je recommande à mon fils de ne jamais oublier qu’il est prince français et de ne jamais se prêter à être un instrument entre les mains des triumvirs qui oppriment les peuples. Il ne doit jamais combattre la France ni lui nuire en aucune manière. Il doit adopter ma devise : “ Tout pour le peuple français.”

Je lègue à mon fils les boîtes, ordres et autres objets tels que l’argenterie, lits de camp, armes, selles éperons, vases de ma chapelle, livres linge qui a servi à mon usage, conformément à l’état annexé. je désire que ce faible legs lui soit cher lui retraçant le souvenir d’un père dont l’univers l’entretiendra.”

Il ajouta plus tard : “Mon fils ne doit pas songer à venger ma mort. Que le souvenir de ce que j’ai fait ne l’abandonne jamais…” Napoléon mourut en regardant le portrait de son fils. 



Orfèvrerie liturgique de Napoléon à Sainte-Hélène

Marie-Louise ne remit jamais à son fils le legs de son père. Metternich n’avait-il pas écrit “ Cet évènement met un terme à bien des espérances et des trames coupables. Il n’offre au monde nul autre intérêt.”  Pas d’espérance, pas de trame coupable, donc pas de remise de souvenirs au fils de “L’Ogre”.

Marie-Louise était veuve, Neipperg était veuf. Ils pouvaient donc se marier. Mais une archiduchesse d’Autriche, duchesse souveraine de Parme pouvait-elle épouser un simple comte, même pas du saint-Empire ? Il le fallait bien car ils s’aimaient et avaient des enfants, dont il fallait bien aussi faire quelque chose. Le 8 août 1821, ils se marient donc à Parme, avec l’autorisation de l’empereur. Le mariage fut morganatique et ni l’empereur, ni Franz ne connaissaient l’existence des enfants.

La mort de Neipperg, le 22 février 1829, révéla leur existence. La reine de Bavière avait écrit à sa fille l’archiduchesse Sophie lorsqu’elle apprit sa maladie “ Comme je plains la pauvre Marie-Louise, qu’il est affreux de perdre un homme aussi essentiel, qu’elle chérit si tendrement. Que fera-t-elle, que d’embarras à côté de la douleur du cœur ! C’est une bien triste destinée que celle de cette pauvre femme et comme elle va se trouver seule en Italie car même ses enfants qu’elle n’ose pas avouer ne peuvent lui être de secours.

L’empereur François connaissait le mariage morganatique de sa fille, puisqu’il l’avait autorisé, et il avait appris la naissance des deux enfants sans en connaître la date. L’exécution du testament de Neipperg auquel il devait donner son approbation la lui révéla. “ Je ne puis te cacher le profond chagrin que me cause cette situation contre laquelle il n’y a plus rien à faire aujourd’hui et qui, cependant, n’aurait jamais du exister devant Dieu et devant le monde. ” écrira-t-il à sa fille. Il interdira à Marie-Marie-Louise de porter le deuil de son second mari. Il semble avoir été le seul à ignorer l’adultère de sa fille et il est surprenant que personne pendant quatorze ans ne le lui ait révélé. Il lui interdit toutefois de  reconnaître ses enfants, nés de l’adultère. L’empereur, à la demande de Metternich, leur donna un nom et les titra comte et comtesse de Montenuovo. François-Joseph éleva Guillaume au titre de prince, en 1864. Et son petit-fils, grand-chambellan de la cour en 1914 fit les pire ennuis au moment des funérailles de l’archiduc François-Ferdinand et de son épouse la duchesse de Hohenberg, considérant que, n’étant pas de naissance égale, elle ne pouvait avoir droit aux obsèques de la famille impériale. 

Après la mort de Neipperg l’archiduchesse Sophie écrivit à sa mère, le 25 mars 1829“ Jeudi 6 1/4, Reichstadt est venu m’interrompre hier… il vint aujourd’hui de nouveau et hier il me montra les cheveux de ce pauvre Neipperg que son fils Alfred lui avait envoyé ”.  Le fils de Napoléon a conservé de bonnes relations avec la famille de Neipperg, dont le fils aîné était toujours un de ses meilleurs amis. Ce fut une désagréable surprise d’apprendre que sa mère avait donné naissance à des enfants avant même la mort de son père. Elle avait non seulement fauté mais elle avait trahi. Le brouillon de la lettre, en date de février 1829,  qui suit, montre bien l’attachement du fils à une mère à laquelle il pardonnera.

« Ma chère maman !... Permettez-moi de vous remercier des deux jolis cadeaux que vous m’avez envoyés. Précieux pour moi comme chaque marque de votre bonté et de votre souvenir; la douce attention de choisir Les Quatre fils Aimon a doublé le plaisir que m’ont causé et l’élégance du style, et les prouesses des 4 fils et de leur Bucéphale. Non moins agréables pour moi…ont été les nouvelles sur l’état de la santé du général  (Neipperg ) ; elles font naître l’espoir de le voir rétabli à l’entrée du printemps (biffé : « et peut-être que le nouveau traitement d’Aglietti, basé à tout coup sur des simptômes si avantageux que la relâche de la fièvre et un pouls calme, terminera rapidement nos angoisses... »). En attendant, je répète tous les objets, et je ne perds pas mon tems... Soyez persuadée que je ne négligerai aucun de vos conseils, dictés par votre amour et dont je sens tout le prix. J’ai perdu beaucoup de tems, hélas ! mais j’espère le regagner à force de peines... » 



Brouillon de la lettre de février 1829, écrite par Franz à sa mère

Catalogue vente Osena à Fontainebleau le 24 mars 2013

Les relations entre Marie-Marie-Louise et Franz n’étaient pas simples. Il avait admis son remariage n’éprouvant aucune antipathie envers son mari, qui avait été aussi son mentor de  façon indirecte.


Le duc de Reichstad par Peter Krafft en 1823

en uniforme blanc de sergent major du 1er régiment d’infanterie. 

Il est intéressant de s’arrêter sur ce tableau provenant des collections du Prince Victor Napoléon et de la Princesse Clémentine de Belgique.


“Ce portrait est l’unique portrait orignal en pied du fils de l’empereur Napoléon à l’âge de 12 ans, signé et daté.

Commandé en 1823 par l’empereur François 1er pour être remis à Ferdinand, roi des Deux-Siciles, son arrière-grand-père, le portrait du jeune duc témoigne de l’engouement qu’il éprouvait pour les uniformes dès son plus jeune âge. A la fin de l’année 1822, il avait reçu de son grand père un uniforme de l’infanterie impériale et avait obtenu de paraître et de faire l’exercice en Feldwebel en sa présence. Le duc de Reichstadt reçu de son grand père l’uniforme du 1er Régiment d’infanterie Kaiser Franz à l’hiver 1823. L’empereur d’Autriche, pour faire plaisir au Roi de Naples qui était en séjour à Vienne et qui éprouvait de l’affection pour l’enfant, décida de le faire peindre, en grand secret, en uniforme de sergent du régiment , en faction devant la Bellaria, une des ailes de la Hofburg où logeait le roi. On retrouve cette volonté dans la correspondance de Dietrichstein, précepteur du jeune duc : «Le Roi l’aime beaucoup, et pour nourrir cette affection, S.M l’Empereur m’ ordonné de faire peindre le Prince en pied par Kraft en uniforme de sergent du 1er Régiment d’infanterie en faction sur la Bellaria où le Roi loge.» Dans une lettre à sa mère du 26 février, le Duc de Reichstadt évoque avec plaisir ce tableau :«Ce grand portrait (...) qui devient très beau, ou, pour mieux m’exprimer, car je ne voudrais pas me traiter de beau, très bon.»  L’uniforme du Prince celui du 1er Régiment d’infanterie «Kaiser Franz» , blanc à collet et parements rouge foncé . Le pompon du shako porte le chiffre de l’empereur François 1er, son grand père, avec une branche de feuilles de chêne, vieille tradition de l’infanterie autrichienne (les feuilles de chêne pouvaient être remplacées par des branches de sapin) et symbole de victoire. Il porte sur le côté gauche le sabre de l’infanterie autrichienne, avec dragonne. On retrouve dans les règlements d’époque que les sergents-majors des Régiments d’infanterie n’ont pour marque distinctive de leur grade qu’une canne de jonc garnie d’une lanière de buffle attachée à un anneau en laiton fixé du côté gauche sur la poitrine. Il est à noter que le Duc porte effectivement et règlementairement cette canne.” (Catalogue de la Vente par la Maison Osena à Fontainebleau le 24 mars 2013)


En 1823, Marie-Louise été venue passer l’été à Vienne. Reichstadt fut triste de voir sa mère rentrer à Parme : « Il a été extrêmement affecté et l’est encore, j’ai eu de la peine à le consoler, il a pleuré la plus grande partie de la journée et d’une manière qui indique bien son amour envers sa mère. Il a écrit hier soir sa lettre en sanglotant…” écrit Dietrichstein. A partir de ce moment que Franz se mit à écrire régulièrement à sa mère. Cela lui avait souvent valu les remontrances de cette dernière, sur la pauvreté de son orthographe et de son style.

Au début 1824, Dietrichstein lui fit lire des ouvrages favorables ou non à son père. Il lut “Le Mémorial de Sainte-Hélène”. Il devait pour se forger une opinion. Ce n’est pas un enfant simple. Il fait des progrès en algèbre et en géométrie, il a passé une examen de latin devant son grand-père et sa belle-grand-mère, l’impératrice Charlotte, dite Caroline-Augusta, soeur de l’archiduchesse de Sophie.

Malgré ses progrès, le jeune prince fait montre d’un caractère qui ne satisfait ni  Dietrichstein, ni sa mère. “ Son caractère prend une mauvaise tournure, j’en frémis, et moi qui travaille depuis dix ans à en faire un homme distingué, tandis que je parviens à peine à en faire un être médiocre ! Une éducation, la plus soignée qu’on ait jamais donnée à un prince, et point de progrès” écrit-il en le 8 février 1825.

En 1826, il commence à s’améliorer. Il y a une lueur d’espoir d’en faire un prince accompli. Mais les rapports entre la mère et le fils ne sont toujours pas simples. En décembre 1826, l’archiduchesse Sophie avait écrit à sa mère :Si seulement tu le voyais, ma chère Maman, se comporter avec sa mère, tu croirais plutôt qu’il s’agit de son frère que de son fils.”


Miniature de Franz

Malgré ce qui a été écrit, malgré la légende, Marie-Louise ne se désintéressa jamais de son fils, de son éducation et de son avenir, bien qu’entre 1818 et 1832, elle ne l’ait vu que sept fois. Elle s’était battue pour qu’il ait une position à la cour et dans sa famille. Elle se battait pour qu’il ait une éducation digne de son rang. Elle se battait aussi pour que l’héritage financier de son père lui revienne. Il s’agissait de dix millions placés à Londres. Elle et Neipperg imaginèrent un subterfuge quand ils comprirent que la France ne respecterait pas son droit. Si elle ne voulait pas honorer la position héréditaire du fils de Napoléon, sur le plan financier, Marie-Louise emprunterait auprès de la banque Rothschild, au nom du duché et les remboursements du prêt seraient versés sur un compte secret au nom du duc de Reichstadt. Ils lui assuraient ainsi un avenir financier en plus de son majorat autrichien. C’est ce qu’affirme Egon Caesar Corti, dans son ouvrage “La Maison Rothschild”. Dietrichstein s’en réjouit. Comme il se réjouit des progrès faits, même s’il continue à se plaindre de lui. “Son éducation ne peut être terminée qu’à la fin de 1829 et son entrée dans le monde ne pourra avoir lieu qu’au printemps de 1830. Et je ne vois rien de pressant dans tout cela, mais bien au contraire de grands dangers.” 



Le duc de Reichstadt en 1830 par Charles Nicolas Lemercier

L’enfant malheureux, l’adolescent rebelle vont bientôt faire place au délicieux Reichstadt qui sera, à défaut d’être roi de Rome, le prince des salons impériaux à Vienne.  En 1829, il a 18 ans. Il est beau, intelligent, charmeur. Claude-François de Meneval, qui avait pleuré en le quittant en 1814, dans ses Souvenirs historiques, écrira : “Le jeune prince était grand et bien fait ; qu’il participait de son père et de sa mère pour la ressemblance ; qu’il n’avait ni la simplicité ni la bonhommie qui forment le fond du caractère des archiducs d’Autriche ; mais qu’il avait dans les manières beaucoup de distinction et de dignité ; qu’une teinte de mélancolie et une habitude de méditation s’étaient répandues sur ses traits ; qu’il était instruit, qu’il avait du goût pour les études sérieuses et pour l’état militaire.” 

La vie s’ouvrait devant lui. 



La famille impériale en 1826 par Leopold Fertbauer

De gauche à droite

L’impératrice, l’empereur, ke duc de Reichstadt, l’archiduchesse Sophie, la duchesse de Parme, les archiducs Ferdinand et François-Charles


15/05/2022

L'Aiglon - Deuxième partie : un prince en exil

  



1500 kilomètres à travers l’Europe


Le voyage dont le but ultime est Vienne s’effectue en France en traversant les villes de Provins, de Troyes, de Dijon. A chaque étape on lui rend les honneurs. Le cortège comprend vingt-quatre voitures. Puis c’est Bâle en Suisse, Zurich et le lac de Constance. En Autriche, ils passent par Innsbrück dont les habitants illuminent et détellent la voiture de Marie-Louise. Ce sera ensuite Moelk et son abbaye puis Saint-Pölten. 

Ont accompagné l’impératrice Mesdames de Montebello, de Montesquiou et de Brignole. Le roi de Rome a dans sa voiture Madame de Montesquiou, Madame Soufflot, sa fille, Fanny, et sa berceuse, Madame Marchand, mère du valet de chambre de Napoléon.

Madame Soufflot, dont le mari était le neveu de l’architecte du Panthéon, avait été choisie par Madame de Montesquiou pour être la sous-gouvernante de l’enfant-roi. Fanny, sa fille a 16 ans. Elle avait joué à St Cloud avec Napoléon François qui avait écrit “qu’il l’aimait de tout son cœur”.  



La Cour d’honneur de Schönbrunn


Partis le 23 avril, le convoi arriva le 21 mai à Schœnbrunn ( Il faut aujourd’hui 15 heures ). Les Viennois sont massés le long du parcours pour l’accueillir. On crie en apercevant le bel enfant “Vive le prince de Parme”. On lui baise les mains.

La famille impériale était au complet pour les recevoir. Marie-Louise retrouve ses frères et soeurs, ses oncles et tantes qui la mènent à ses appartement. Le nouveau prince de Parme est mené dans les siens par Maman Quiou. 


Quelle famille l’ancien roi de Rome trouve-t-il à son arrivée à Vienne ?


Il y a son grand-père, l’empereur, la troisième épouse, et cousine germaine, de ce dernier, Marie-Ludovica, née archiduchesse d’Autriche-Modène, ennemie acharnée des Français. Elle mourra de tuberculose deux ans après, en avril 1816. 



François Ier par Friedrich von Amerling 





 Impératrice Marie-Ludovica par Johann Baptist von Lampi


Il y a ses oncles et tantes 


Ferdinand Ier, futur empereur, est considéré comme débile. Il sera toujours présent pour son neveu, qu’il essaiera de divertir dans ses moments de tristesse en faisant le pitre. 




Archiduc Ferdinand


Marie-Léopoldine va bientôt partir pour devenir impératrice du Brésil. 




Archiduchesse Marie-Léopoldine par Joseph Kreutzinger 


Archiduchesse Marie-Clémentine par Johann Peter Krafft 


Marie-Clémentine va bientôt devenir princesse de Salerne, en épousant le fils du roi de Naples, son cousin, et jusqu’au mariage de sa fille avec le duc d’Aumale habitera Vienne. 



Archiduchesse Marie-Caroline par Natale Schiavoni 


Marie-Caroline sera bientôt reine de Saxe. François-Charles est très proche de son neveu et continuera de l’être après son mariage avec Sophie de Bavière. Marie-Anne est la petite dernière, débile comme son frère aîné.



Archiduc François-Charles


Ses oncles et tantes sont respectivement, Ferdinand, 21 ans, Marie-Léopoldine, 17 ans, Marie-Clémentine, 16 ans, Marie-Caroline 13 ans, François-Charles, 12 ans et Marie-Anne, 10 ans. Celui qui désormais sera Franz pour eux tous n’a pas encore quatre ans.


Il y avait aussi ses grands-oncles et grands-tantes habitant  Vienne de façon permanente ou momentanée.




 Ferdinand III, grand-duc de Toscane


Ferdinand III, grand-duc de Toscane, âgé de 45 ans, attendant d’être rétabli sur son trône. Il était veuf de la princesse Marie-Louise de Bourbon de Naples.


 


 Charles-Louis, duc de Teschen par Georg Decker 


Charles-Louis, âgé de 43ans, duc de Teschen, fut le vainqueur de Napoléon à la bataille d’Aspern. Il allait épouser l’année suivante la princess Henriette de Nassau-Weilburg.



 Archiduc Joseph, palatin  de Hongrie


Joseph, âgé de 38 ans, palatin de Hongrie, se partageait entre Vienne et Budapest. Veuf de la grande-duchesse Maria de Russie, il allait épouser l’année suivante la princesse Hermine  d’Anhalt-Bernburg-Schaumburg-Hoym qui mourra en 1817.




Archiduc Antoine


Antoine, ancien prince-archevêque électeur de Cologne et de Munster  était grand-maître de l’ordre teutonique. Il deviendra vice-roi du Royaume de Lombardie- Vénétie.




Archiduc Jean


Jean-Baptiste, âgé de 32 ans, est considéré comme l’intelligence de la famille, pas encore marié avec Anna Plochl, future comtesse de Méran, fille d’un maître de poste.




Archiduc Rainier 


Rainier, âgé de 31ans, n’était pas encore vice-roi d’Italie. Il épousera en 1820 la princesse Elisabeth de Savoie-Carignan, fille de Charles-Emmanuel de Savoie, prince de Carignan et de Marie-Christine de Saxe.



Archiduc Louis



Louis, âgé de 30 ans, est officier général, célibataire. A la mort de l’empereur, il dirigera le conseil chargé d’aider le nouvel empereur.



Archiduc  Rodolphe


Le dernier est Rodolphe, âgé de 26 ans. Il est déjà archevêque-coadjuteur d’Olmütz et, après avoir été l’élève de Beethoven, il a été son bienfaiteur et ami.


Tel était l’entourage familial immédiat du jeune prince qui l’adopta et l’aima dès le premier jour. Et il le leur rendit tout au long de sa vie.


Le jeune Franz connut aussi, pour peu de temps, en septembre 1814, son arrière grand-mère, Marie-Caroline, reine de Naples et sœur chérie de Marie-Antoinette. Elle n’avait jamais pardonné sa mort à la France. Elle haïssait Napoléon qui l’avait chassée de son trône de  Naples. 




Marie-Caroline, reine de Naples par Elisabeth Vigée-Lebrun


L’empereur déchu, elle modéra sa vue sur lui et se mit à l’admirer. Elle était venue à Vienne pour défendre ses droits au Congrès. 

Elle n’admettait pas que sa petite-fille, Marie-Louise, ait été séparée de son mari. Elle lui reprochait de ne pas avoir tenté de s’évader de Vienne pour le retrouver. Elle a aimé Franz, oubliant les griefs qu’elle avait contre son père. 


Mis à part son arrière grand-mère, Franz vécut toute sa vie entouré des oncles, tantes, grand-oncles et grand-tantes Habsbourg-Lorraine et leurs conjoints, et de bien entendu de son grand-père l’empereur qui l’adorait. Ils étaient sa famille, sa seule famille car il ne connaissait pas, ne pouvait pas connaître sa famille corse. Il y eut une exception. Sa tante Caroline Murat, très proche de Metternich, s’installa à Vienne en septembre 1815, puis en 1817, à Froshdorf, future résidence du comte de Chambord.  



Caroline Murat, l’autre reine de Naples, en 1814 par Ingres


Il est fort peu probable que le prince ait été autorisé à la voir et qu’elle ait demandé à le voir. Quant à sa grand-mère Letizia Bonaparte, installée à Rome sous la protection du pape, pensait-elle seulement à l’enfant, que de toutes façons elle ne pouvait pas voir ?

Napoléon avait voulu donner à sa descendance le sang d’Autriche. Il y avait réussi au-delà de toute espérance. Le jeune prince français allait devenir rapidement un prince autrichien. 


Mais il y eut avant cette transformation quelques épisodes douloureux. Sa mère l’abandonna, presque volontairement. Elle souhaitait vivre dans l’indépendance de Vienne, sur ses Etats de Parme, avec les hommes qu’elle avait choisis. Pour sa défense, il faut dire qu’elle n’avait pas d'alternative. Elle était gênante à Vienne où on ne savait comment traiter une archiduchesse d’Autriche qui avait été Majesté Impériale en France et était devenue Altesse Royale d’un minuscule état italien. Quant à son fils, selon l’expression connue, il était prisonnier de l’Europe. On ne lui permit jamais d’aller trouver sa mère qui, toutefois, venait parfois à Vienne. Dès le mois d’août, Marie-Louise partit prendre les eaux à Aix en Savoie. Sa santé l’imposait. On lui adjoint un officier qui porte un bandeau sur l’œil. 





Neipperg


Il ne lui est pas très sympathique ce comte de Neipperg que Metternich lui impose. Il a 39 ans, plutôt bel homme, élégant dans ses manières et dans son uniforme. Il plait aux femmes et a une quantité de maîtresses un peu partout en Europe. Il est encore marié à Thérèse, comtesse Thurn-Valsassina, qui eut le bon goût de mourir en 1815. Ils ont quatre enfants. 

Le but véritable de la mission est de tout faire pour empêcher Marie-Louise de rejoindre Napoléon exilé à  l’île d’Elbe. Neipperg, qui a parfaitement compris, dit en partant : « Dans six semaines, je serai son meilleur ami et dans six mois son amant ». Il ne fallut pas si longtemps : au retour, Marie-Louise tombe dans ses bras et il n'est plus question de l'île d'Elbe. 


On connait la suite. Nous le retrouverons, lui et ses enfants, dans la vie de Franz. 


Madame de Montesquiou, qui pressent l’attirance de Marie-Louise pour Neipperg, est horrifiée. Elle n’a jamais été bonapartiste, elle n’avait que peu d’estime pour Marie-Louise. Mais là, c’est trop pour la femme d’honneur et de devoir qu’elle a toujours été. Elle écrit à une amie : “J’ai vu et je vois encore tous les jours des choses bien pénibles…” Mais elle aime l’enfant qui lui a été confié à sa naissance et fait tout pour l’entourer de sa tendresse. Elle se lève tôt pour lui faire faire ses prières, dans lesquelles son père n’est pas oublié. Elle  sait tempérer son tempérament parfois capricieux. Il y a bien mille raisons pour qu’il l’appelle “Maman Quiou.”

“Le 20 mars 1815, anniversaire du jeune prince, Mme de Montesquiou lui apprit qu'il avait quatre ans et lui demanda depuis combien de temps il l'aimait. — Depuis quatre ans dit l'enfant, et il ajouta, je vous aimerai toute ma vie. » A ce moment, le grand chambellan, le comte d'Urban fut annoncé. La gouvernante crut sa visite motivée par l'anniversaire du prince. Après quelques instants, le comte déclara d'un air embarrassé qu'il désirait entretenir la comtesse de Montesquiou en particulier. 

— Madame, dit-il, mon maître m'a chargé de vous dire que les circonstances politiques le forcent à faire des changements dans l'éducation de son petit-fils. Il vous remercie des soins que vous lui avez donnés et vous prie de partir sur le champ pour Paris. 

Bouleversée par ces paroles, Mme de Montesquiou exigea que le docteur Freud, médecin de l'enfant, l'examinât et qu'il délivrât un certificat prouvant que son élève était en parfaite santé au moment où elle le quittait. Puis, elle attendit pour quitter l'enfant qu'il fût endormi ; elle l'embrassa plusieurs fois et attacha à son lit, un petit crucifix, qu'il avait souvent désiré. Les jours suivants, l'empereur d'Autriche fit ajourner le départ. On assigna à la comtesse de Montesquiou un appartement à Vienne, à la Plankengasse, où elle demeura quelques mois avec son fils Anatole.” rapporte Fanny Soufflot dans ses Mémoires.

Le départ de Madame de Montesquiou fut un véritable déchirement pour l’enfant, qui ne pouvait en comprendre les raisons. Le retour de Napoléon est la principale cause de ce renvoi. L’entourage français doit être éliminé pour faire de lui un prince uniquement autrichien. Pendant deux jours Franz crie, pleure, se désole. Il refuse de manger, de jouer, il la réclame sans cesse. Pour l’apaiser on lui dit qu’elle va revenir. Madame Soufflot, Fanny et Madame Marchand sont encore là. On leur a adjoint la comtesse Mitrovsky, dont le rôle est de rapporter ce qui se passe autour de l’enfant. Le service masculin est remplacé par un service autrichien.  



Le baron de Méneval


Méneval, qui avec le général Caffarelli et le baron de Bausset, préfet du palais impérial, avait accompagné Marie-Louise et l’enfant, est prié de partir. Au service de Napoléon depuis 1802, baron d’Empire, âgé de 37 ans, il pleura en quittant celui qui pour lui était encore le roi de Rome. En lui disant adieu, il ajouta “Je vais revoir votre père, avez-vous quelque chose à lui dire ?” L'Aiglon lui répondit avec tristesse : “Monsieur Méva, vous lui direz que je l'aime toujours bien”. Méneval refusa toujours de servir les Bourbons et les Orléans.

Napoléon était, bien entendu, tenu au courant de ce qui se passait à Vienne. Il avait compris que son fils ne lui serait jamais rendu. Il a aussi compris qui était devenue Marie-Louise. Elle avait reçu le paiement de son abandon, le 27 mai 1815, par la confirmation de l’attribution des duchés de Parme, Plaisance et Guastalla. Elle en est satisfaite, bien que tout droit à succession soit refusé à son fils, car le duché doit revenir aux Bourbons à sa mort. La défaite de son époux à Waterloo, le 18 juin 1815, ne pouvait que la combler car elle avait abandonné toute idée de retour en France. Il faut dire qu’elle sera une bonne duchesse de Parme, attentive et appréciée de ses sujets. 


Il y a encore autour du jeune prince, Madame Soufflot, qu’il appelle Toto, Fanny, et Madame Marchand, qu’il appelle Chanchan. 


Le 30 juin 1815, Metternich, sans même l’avis de Marie-Louise, nomme le comte Maurice Dietrichstein-Proskau-Leslie, gouverneur de l’enfant.





Le comte Maurice Dietrichstein


Le comte Maurice Dietrichstein (1775-1864)  appartenait à l’une des familles princières les plus riches de l’Empire d’Autriche. Marié et père de trois enfants, il n’avait accepté ce poste que parce que l’Empereur François le lui avait expressément demandé. Sa fidélité a été récompensée par la découverte d’un jeune homme intelligent et attachant, à la mémoire duquel il sut plus tard rendre hommage. Le jeune enfant, devenu duc de Reichstadt, avait pour lui admiration et attachement. Son sentiment envers son pupille évolua.


Son premier acte fut de demander le renvoi des Mesdames Soufflot et Marchand, dont les propos, selon lui, ne convenaient pas à l’éducation qu’il entendait donner. Sa mission était d’en faire un prince allemand. Il écrivit à Marie-Louise : “ Il est nécessaire d’écarter du prince tout ce qui peut lui rappeler l’existence qu’il a menée…avant tout, il ne faut pas qu’on lui inculque des idées exagérées sur les qualités d’un peuple auquel il ne doit plus appartenir…il me semble que le prince, dont on m’a fait l’honneur de me confier l’éducation, doit être considéré comme un descendant d’Autrichien et élevé à l’allemande…Tout ceci est impossible si l’on n’éloigne résolument son entourage féminin” (J. de Bourgogne - Papiers intimes et journal du duc de Reichstadt). 



Marie-Louise vers 1816


Le 19 octobre, Marie-Louise écrivit à Mme Soufflot la lettre suivante. « Madame, les, circonstances m'obligent à mettre mon fils dans les mains des hommes, je ne veux pas vous laisser partir, Madame, sans vous assurer de toute la reconnaissance que je vous ai vouée pour toutes les peines que vous vous êtes donné (sic) pour la première éducation de mon fils qui a si complètement réussi au gré de mes désirs. Je désirerais vous procurer de loin comme de près, toute ma satisfaction, et je vous prie de croire que je serais heureuse de trouver une occasion pour vous le prouver. Croyez à tous les sentiments de considération avec lesquels je serai toujours, Votre très affectionnée Marie-Louise. » Le 28, l'impératrice écrivait à son père : « Mme Soufflot est partie mercredi de bonne heure. Des deux côtés il a coûté énormément des larmes. Mais j'ai loué sur ce point mon petit, car je ne vise que cela de développer son bon coeur de plus en plus. » C'est en effet le 24 octobre 1815, que la chancellerie avait remis à Mme Soufflot et à sa fille Fanny, l'autorisation d'utiliser les chevaux du service des postes.” ( Mémoires de Fanny Soufflot)


Le prince au moment de la séparation, le 20 octobre, donne à Fanny tout ce qu’il a de plus précieux, son petit fusil, son cimeterre de Mameluk, ses décorations, ses médailles. Ils étouffent tous de sanglots car ils savent tous qu’ils ne se reverront plus. 

Marie-Louise de son côté offrit une miniature du jeune prince par Isabey, une tabatière garnie de diamants, un cachet d'or aux armes de Bonaparte et des Habsbourg-Lorraine, une montre entourée de perles avec couronne de lauriers, chiffrée d'une couronne impériale . A Fanny, elle offrit une bague représentant d'un côté le profil du roi de Rome et de l'autre le double profil de l'empereur et de l'impératrice ; le hochet en corail du petit roi, don de la reine Caroline, au jour de sa naissance, ainsi que sa crécelle en bois de tulipier et d'ébène ; le jeu de lettres en ivoire avec lequel le petit roi avait appris à lire avec Mme Soufflot, son chrémeau de baptême en dentelles au chiffre impérial. 





Hochet du roi de Rome en corail et vermeil



Madame Lefèvre-Portalis, descendante de Fanny Soufflot écrivit : “Mon arrière grand-mère pouvait encore montrer à ses petits-enfants un charmant costume en nankin avec décoration, une robe de dentelle, sa croix de la Légion d'honneur, sa cave à liqueurs en cristal décoré or, le petit fusil finement gravé et fabriqué par Bürdet, une épée sculptée et une giberne. Enfin quantité de jouets donnés à elle-même par le jeune roi : son tambour, une dînette, un jeu de patience, une toupie, des soldats de plomb, etc.. “

Ces objets sont restés longtemps en possession de la famille Soufflot. Peut-être sont-ils toujours  entre les mains de leurs descendants ? Sinon, que sont-ils devenus ?


Il reste Madame Marchand, que l’on juge inoffensive. La berceuse veillait l’enfant, lui chantait des de vielles chansons, l’habillait. Il l’appelait Chanchan. Il la tyrannisait un peu, puis l’embrassait. On considéra qu’elle aussi ravivait trop le souvenir de son père. Le 27 février 1816, elle lui fit dire sa prière, le coucha et l’embrassa pour la dernière fois et partit. Elle n’avait pas eu le courage de dire adieu à “son petit chéri”. A son réveil, quand Franz trouva Mr de Foresti, son sous-gouverneur au pied de son lit et qu’il vit le lit de Chanchan vide, il comprit tout de suite. Il  dit alors tout simplement “ Monsieur de Foresti, je voudrais me lever”. Il n’ya plus rien ni personne de français autour de lui.

Jean-Baptiste de Foresti, ancien officier, froid, distant, avec une instruction moyenne était sans finesse. Il ne comprit pas le désarroi de l’enfant qui lui était confié.


Le comte Maurice Dietrichstein exigea qu’on ne parle plus qu’en allemand. Mais le 17 juin 1816, Dietrichstein rapporta à Marie-Louise que l’enfant trépignait et criait : “Je ne veux pas être un allemand, je veux être un français”.

Mais il lui fallait être un Habsbourg, pour son bonheur pensaient ses maîtres. Et devant les réticences de l’enfant, Marie-Louise intervint : “ Tu dois écouter ces messieurs et parler allemand. Sinon ton grand-papa ne voudra plus te voir.” C’était un chantage odieux car l’empereur François commençait à représenter beaucoup pour Franz.


François d’Autriche avait fondu devant le petit garçon, aux lourdes boucles blondes, qui lui avait été laissé par sa mère, comme un dépôt, en ce jour de mai 1814. Il avait aimé tout de suite ce premier petit-fils. Il l’avait aimé non parce qu’il était abandonné, mais tout simplement parce que l’enfant était aimable et aimant. L’enfant venait passer des heures à ses côtés, à jouer dans un coin de son bureau, pendant que, lui, l’empereur veillait aux affaires de l’Europe, il venait partager ses repas, assis comme un grand en face de lui. Il le prenait sur les genoux pour lui raconter les histoires que tous les grands-pères du monde aiment à raconter à leurs petits-enfants. Il le consolait de ses chagrins d’enfant. 




Bureau de l'empereur François à la Hofburg


Il l’embarrassait parfois avec ses questions. 

“- Bon-Papa, n’est-il pas vrai que quand j’étais à Paris j’avais des pages ?

  • Oui, je crois que tu avais des pages.
  • N’est-il pas vrai aussi que l’on m’appelait le roi de Rome ?
  • Oui, on t’appelait le roi de Rome.
  • Mais Bon-Papa, qu’est-ce donc qu’être roi de Rome ?
  • Quand tu seras plus âgé, il me sera plus facile de t’expliquer ce que tu me demandes. Pour le moment, je te dirais qu’à mon titre d’empereur d’Autriche, je joins celui de roi de Jerusalem, sans avoir aucun pouvoir sur cette ville. Et bien, tu étais roi de Rome comme je suis roi de Jerusalem.” ( Dans Octave Aubry - Le Roi de Rome )


L'empereur François à sa table de travail


Le petit Franz avait toujours su qui était son père. Mais quand, enfant, il demanda s’il était un bien grand criminel pour être gardé en prison, l’empereur, en accord avec Marie-Louise et Dietrichstein avait décidé qu’on lui parlerait le moins possible de Napoléon. Et, si cela devait se faire, en aucun cas, aucune parole injurieuse ne devait être proféré contre l’ancien empereur des Français. François d’Autriche avait au fond de lui conservé une grande admiration pour son ennemi d’antan. Et cela n’avait été que contraint qu’il avait dû reprendre les armes contre lui. En Europe, le véritable ennemi de Napoléon était l’Angleterre. En Autriche, c’était le peuple lui-même qui lui en voulait beaucoup plus que la famille impériale d’avoir, par deux fois, occupé leur ville, s’y comportant en occupant mal élevé. Les rapports de police qui remontaient jusqu’à l’Empereur, étaient significatifs. Certains dans le peuple et la bourgeoisie, à Vienne, traitaient Franz de bâtard, et auraient même voulu voir annuler le mariage de Marie-Louise. Personne au sein de la Famille Impériale, à la Cour ni dans l’aristocratie n’aurait pensé ainsi de l’enfant.


Quand le petit prince avait appris la mort de son père, en 1821, il avait beaucoup pleuré. Et le grand-père, impuissant devant ce chagrin, n’avait pu le consoler. Personne n’aurait pu le faire et personne de l’avait fait. Tous, oncles et tantes, cousins et cousines ont compati au chagrin de l’enfant. Et lui, n’en voulut pas à sa famille autrichienne, ne reprocha jamais à son grand-père d’avoir été le vainqueur de son père et pardonna à sa mère les erreurs d’une vie agitée. Un seul homme était à ses yeux responsable de tout, le chancelier Prince de Metternich. 


L’éducation habsbourgeoise qui sera donné au prince réussira au-delà de toute espérance.





Le duc de Reichstadt représenté en petit jardinier en 1815 

 par Carl von Sales 

château de Schönbrunn.