29/06/2019

Les mariages entre la Maison de France et la Maison d'Autriche - Première partie - Du Moyen-Age à la Renaissance


Rodolphe de Habsbourg, fondateur de la dynastie impériale

I° – Rodolphe de Habsbourg / Isabelle Capet dite de Bourgogne
Le premier mariage entre les deux dynasties fut avec le premier des Habsbourg à ceindre une couronne royale.
Rodolphe Ier de Habsbourg, roi des Romains ou Rodolphe IV de Habsbourg (1er mai 1218 – 15 juillet 1291) est roi des Romains de 1273 à sa mort. Premier membre de la maison de Habsbourg à monter sur le trône impérial, il est considéré comme le fondateur de la puissance de la dynastie. Presque un bandit de grand chemin, n’hésitant pas à rançonner qui passer sur ses territoires, il était un seigneur sans grande importance Mais en 1273, Rodolphe de Habsbourg est devenu un prince influent du Sud de l'Allemagne, mais il est loin d'être le plus puissant dans l'empire. C'est pour cette raison que les princes-électeurs l'élisent comme "roi de Germanie" ou "roi des Romains" écartant ainsi le roi de Bohême, Ottokar II, lui aussi candidat. En effet, outre les qualités militaires de Rodolphe, les électeurs étaient soucieux de ne pas porter au pouvoir un prince trop puissant afin de préserver leurs propres prérogatives et d'éviter tout risque de transmission héréditaire de la couronne. 
Selon la procédure qui était alors en vigueur, les princes-électeurs n'élisaient pas directement l'Empereur, mais le "Roi des Romains". Celui-ci devait alors entreprendre le voyage à Rome (le Römerzug) afin de se faire officiellement couronner par le pape. Rodolphe, roi pragmatique et ambitieux, préféra renoncer à cette expédition jamais dénuée de risques. Âgé de 55 ans, il craignait que le temps lui soit compté, il ne souhaitait pas non plus apparaître comme un vassal du pape et son absence aurait pu fragiliser son pouvoir dans une Allemagne qui sortait d'une période troublée. En droit, il n'a donc pas été empereur même si, dans les faits, tout le monde le considérait comme tel. Durant son règne, il étendit les possessions des Habsbourg de leur territoire suisse à l’Autriche et à ses dépendances.

Isabelle de Bourgogne
Il épouse en secondes noces, en 1284, Isabelle Capet (1270-1323), dite de Bourgogne, descendante de Hugues Capet à la dixième génération. Fille de Hugues IV Capet (1213-1272) duc de Bourgogne, fils de Eudes III Capet (1166-1218), duc de Bourgogne, fils de Hugues III Capet (1148-1192) duc de Bourgogne, fils de Eudes II Capet (1118-1162) duc de Bourgogne, fils de Hugues II Capet (1085-1143) duc de Bourgogne, fils de Eudes Ier Capet ( 1060-1103) duc de Bourgogne, fils de Henri Capet (1035-1074), duc de Bourgogne, fils de Robert Ier Capet (1011-1076) dues de Bourgogne, fils de Robert II Capet (972-1031) Roi des Francs, fils de Hugues Capet (939-996) premier roi de Francs.

Rodolphe a 66 ans et Isabelle 14 ans. Elle est beaucoup plus jeune que la plupart des enfants que Rodolphe a eu de sa première épouse Gertrude de Hohenberg. Ce second mariage est sans descendance. À la mort de Rodolphe le 15 juillet 1291, elle retourne à la Cour de Bourgogne où lui est conféré le titre de Dame de Vieux-Château. Elle se remarie avec Pierre IX de Chambly, seigneur de Neaufle. Le couple a au moins une fille : Jeanne de Chambly.

Ce fut le premier mariage bourguignon de la Maison d’Autriche.

II° – Charles Martel Capet, dit d’Anjou, roi de Hongrie / Clémence de Habsbourg dite de Hongrie


Charles d'Anjou
Charles d’Anjou, dit Martel, né le 8 septembre 1271, mort à Naples le 12 août 1295, fut roi titulaire de Hongrie de 1290 jusqu’à sa mort. Fils aîné de Charles II d’Anjou, roi de Sicile et de Jérusalem, comte de Provence, d’Anjou et du Maine et de Marie de Hongrie, sœur et héritière de Ladislas IV, roi de Hongrie, il fait ses premières armes en 1289 avec son père et Robert II d’Artois dans une expédition en Sicile contre Frédéric II d’Aragonroi de Sicile, ce qui lui valut d’être créé Prince de Salerne le 8 septembre 1829, par son père lors de son retour à Naples. Il est ensuite nommé Vicaire Général de Naples.
A la mort de son oncle maternel Ladislas IV de Hongrie, assassiné le 10 juillet 1290, sans fils pour lui succéder, son père Charles d’Anjou ’arme chevalier et proclame ses droits au trône de Hongrie en 1290 avec l’approbation du Pape, alors que les nobles hongrois avaient élu comme successeur de Ladislas un de ses cousins, André III Arpad. Sa mère est couronnée « reine de Hongrie » en 1291. Après une révolte contre André III, Charles Martel se proclame lui-même « Roi de Hongrie » à partir du 20 mars 1292  mais il semble n’avoir jamais été couronné. Le 28 juin 1295 , il renonce à ses droits sur les comtés d’Anjou et du Maine, qui deviennent la dot de sa sœur Marguerite. Charles Martel se contente du titre royal et ne cherche pas à se rendre en Hongrie pour en faire la conquête. Il meurt à Naples âgé de 24 ans la même année. Il descend de Hugues Capet à la 11ème génération

Clémence de Habsbourg
Il épouse le 8 janvier 1281 Clémence de Habsbourg, dite de Hongrie, née à Vienne en 1262 et inhumée en 1295 à Naples, fille du Roi des Romains Rodolphe Ier de Habsbourg et de son épouse Gertrude de Hohenberg. Elle est la mère de la reine de France, Clémence de Hongrie, ci-après.
Leur fils, Charles Ier Robert, a été roi de Hongriede 1308 à 1342.

III° – Louis X roi de France / Clémence de Habsbourg dite de Hongrie



Louis X le Hutin
Louis X, dit « le Hutin »,  né le 4 octobre 1289 à Paris, mort le 5 juin 1316 à Vincennes, est roi de Navarre de 1305 à 1316 (sous le nom de Louis Ier) et roi de France de 1314 à 1316, douzième de la dynastie dite des Capétiens directs. Il est le fils aîné du roi de France Philippe IV le Bel et de la reine Jeanne Ière de Navarre.
Marqué par l’hostilité de la noblesse aux réformes fiscales et de centralisation initiées par Enguerrand de Marigny, son règne fut bref mais intéressant par des mesures telle que le rachat de leur liberté par les serfs — ce qui constitue les premiers pas de l’abolition du servage —, abolition l’esclavage et réadmission les Juifs de France dans le royaume.
En 1305, Louis a épousé Marguerite de Bourgogne, avec laquelle il a eu une fille, Jeanne II. Marguerite est plus tard convaincue d’adultère et meurt en prison.

Clémence de Habsbourg, princesse de Hongrie
En 1315, Louis épouse Clémence de Hongrie (née en 1293 – morte le 13 octobre 1328 à Paris) la fille de Charles-Martel d’Anjou, roi de Hongrie, et de Clémence de Habsbourg, ci-dessus. Surnommée "Clémence l’orpheline", car ses parents sont morts de la peste alors qu’elle avait deux ans, elle est élevée par sa grand-mère Marie de Hongrie, fille du roi Etienne V de Hongrie.
Elle est la nièce du comte Charles de Valois qui épouse, en premières noces, Marguerite d’Anjou-Sicile, sœur de son père. Si elle est une capétienne par son père, Habsbourg par sa mère, elle est considérée avant tout comme une princesse étrangère à la maison de France.
Elle donne naissance à Jean Ier le Posthume quelques mois après la mort du roi. La mort de Jean conduit par la suite à une succession disputée sur le trône de France.
A la mort de son époux et de son fils, elle semble avoir perdu la raison et se mit à dilapider sa fortune. En 1318, rappelée à l’ordre par le pape, elle se rend à Avignon, puis entre chez les Dominicaines d’Aix-en-Provence. De retour à Paris, elle y meurt en 1318.

Après une longue période durant laquelle, il n’y eut pas d’alliance entre les Capétiens et les Habsbourg, arrive la période faste des grands mariages, qui établira définitivement la politique matrimoniale de la Maison d'Autriche.

IV° – Maximilien de Habsbourg archiduc d’Autriche, Empereur Romain / Marie Capet dite de Valois duchesse de Bourgogne

Maximilien de Habsbourg, archiduc d'Autriche
Empereur romain germanique
Maximilien d’Autriche ou Maximilien Ier (Wiener Neustadt, 22 mars 1459 – château de Wels, 12 janvier 1519) fut empereur des Romains de 1508 à sa mort. Dès les premières années de son règne, il réunit sous sa couronne, outre l’Autriche, les comtés de Tyrol et de Goritz (ce dernier acquis en 1500 à la mort du dernier comte de la dynastie homonyme), une partie importante des Etats bourguignons de Charles le téméraire.
Son règne est marqué par le rétablissement militaire et politique de la situation des Habsbourg et une modernisation de l’administration du Saint-Empire romain germanique.

Marie, duchesse de Bourgogne
Maximilien épouse en 1477 Marie de Bourgogne, née à Bruxelles le 13 février 1457 et morte en Flandre au château des ducs de Bourgogne à Bruges le 27 mars 1482, fut duchesse de Bourgogne, de Brabant, de Lothier, de Gueldre, de Limbourg et de Luxembourg, comtesse de Flandre, d’Artois, de Bourgogne, de Hainaut, de Hollande, de Zélande, de Namur, de Charolais et de Zutphen, marquise du Saint-Empire, dame de Frise, de Malines et de SalinsFille unique du duc de Bourgogne Charles le Téméraire (1433-1477), et d’Isabelle de Bourbon (1437-1465), elle passe l’essentiel de ses années de règne (1477-1482) à défendre ses droits à l’héritage de son père, disputé par le roi de France, Louis XI. Son mariage, en 1477, avec l’archiduc Maximilien d’Autriche oriente pour près de deux siècles la géopolitique de l’Europe. Elle est la mère de Philippe le Beau, donc la grand-mère de Charles Quint, de l’empereur Ferdinand Ier, de la reine Marie de Hongrie et de Bohême et d’Eléonore, reine du Portugal et reine de France, ci-après.
Par son père Marie de Bourgogne est une Valois, donc une capétienne, comme étant la descendante à la cinquième génération de Jean II le Bon, roi de France.
Leur fils Philippe Ier dit le Beau, époux de Jeanne la folle, a été roi de Castillemais est mort sans accéder à l’Empire.
Le mariage de Maximilien de Habsbourg et de Marie de Bourgogne a été à l’origine de la puissance formidable de la Maison d’Autriche, de par l’extension de ses territoires notamment en Flandres et la succession aux couronnes d’Espagne et de son empire colonial, le plus grand monde à l’époque, celui sur lequel le soleil ne se couchait jamais. "Alii bella gerant, tu felix Austria nubes", "Les autres font la guerre, toi, Heureuse Autriche, tu te marie" (A suivre)